Les Bleus, l'accès au renseignement, le logement quai Branly : le Canard bombarde l'affaire Benalla
Dans son édition du 25 juillet, l'hebdomadaire qui sort tous les mercredis participe au déversement de révélations qui alimente la presse française depuis le début de l'affaire Benalla. Le palmipède ouvre les vannes en grand.
L'édition du Canard enchaîné de ce 25 juillet multiplie les révélations à charge dans l'affaire Benalla. Au moins trois informations livrées par le palmipède retiennent l'attention et mettent à mal les lignes de défense dressées par le ministre de l'Intérieur et le président de la République lui-même.
Premièrement, l'hebdomadaire livre une information que le ministre de l'Intérieur s'est échiné à nier catégoriquement au cours de ses deux auditions parlementaires sous serment, à l'Assemblée puis au Sénat : selon les informations du journal qui cite un enquêteur de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), Alexandre Benalla avait le bras très long au sein des forces de sécurité, à tel point qu'il avait accès, selon ce témoignage, à «tous les télégrammes, à toutes les notes de service» de la police. Par ailleurs, selon le Canard, qui cite toujours cette source : «On le [Alexandre Benalla] voyait régulièrement dans la salle de commandement, et sur des dispositifs. Son omniprésence, comme sa façon d'agir, donnaient le sentiment qu'il faisait partie de la haute hiérarchie policière.» Un sentiment que semblait cette fois partager Gérard Collomb, selon ses propres déclarations.
Alexandre Benalla logeait-il quai Branly ?
Autre révélation qui semble gêner le gouvernement, lequel s'est énergiquement ingénié à qualifier cette information de «fake news» à plusieurs reprises, notamment par la voix d'Agnès Buzyn et du président lui-même dans son allocution privée du 24 juillet à la maison de l'Amérique latine à Paris : Alexandre Benalla aurait bien déclaré dans un document de l'administration fiscale — dont l'hebdomadaire s'est procuré une copie — qu'il occupait un logement au 11, quai Branly à Paris. Pour mémoire, c'est dans cette dépendance de l'Elysée, sobrement appelée le site de l'Alma, que François Mitterrand avait logé sa famille illégitime, ainsi que cela avait été révélé par la suite dans le cadre de l'affaire Mazarine Pingeot, sa fille cachée.
A l'appui de cette révélation, Le Canard enchaîné produit dans ses colonnes la copie du document, ainsi que l'a relevé l'élu Les Républicains de Saône-et-Loire, Gilles Platret.
Le @canardenchaine révèle également ce matin, outre le mensonge de Collomb sous serment, que l’Elysée a menti en assurant que #Benalla n’a jamais habité dans le logement de fonction quai Branly : il le déclare à l’administration fiscale comme son logement à compter du 9 juillet. pic.twitter.com/7vGXUa8Xas
— Gilles PLATRET (@gillesplatret) 25 juillet 2018
Enfin, l'hebdomadaire relate la soirée du retour des Bleus en France et révèle le rôle de premier plan d'Alexandre Benalla, vu depuis les coulisses.
Le retour très mouvementé des Bleus : un ratage signé Elysée ?
Selon les informations du palmipède, lors de la journée du retour de l'équipe de France, après avoir eu maille à partir avec un commandant de gendarmerie sur le tarmac à Roissy, ainsi que RT France le rapportait le 20 juillet, l'ancien attaché de mission au cabinet de l'Elysée aurait ensuite été chargé d'imposer une «cadence d'enfer» au bus conduisant les Bleus sur les Champs-Elysées. «A la clé, l'assurance pour Macron de faire l'ouverture des 20 heures avec les Bleus en direct à l'Elysée», selon le Canard.
Le journal révèle également comment s'est déroulée l'évacuation de la Place de la Concorde qui a eu lieu plus tard dans la soirée, lorsque les 300 000 fans massés dans le secteur s'attardaient, déçus de n'avoir pas pu célébrer le sacre de leur champions du monde : «Benalla, en bon maître de cérémonie, a donné l'ordre à un commissaire — qui s'est rebiffé, avant d'obéir — de disperser le peuple de la Concorde à coups de matraque.» Ces informations se recoupent également avec celles que RT France publiait le 20 juillet.