France

Pas convaincue par les explications de Collomb, l'opposition réclame des comptes à Macron

Auditionné à l'Assemblée nationale pour se justifier sur la gestion de l'affaire Benalla, le ministre de l'Intérieur s'est dédouané de toute responsabilité. Mais l'opposition demande désormais que le chef de l'Etat sorte de son silence.

Très attendue et très suivie, l'audition du ministre de l'Intérieur par la commission des lois de l'Assemblée nationale dans le cadre de l'affaire Benalla le 23 juillet a suscité de nombreuses réactions et ne semble pas avoir contribué à apaiser la polémique qui ne cesse d'enfler, se transformant en véritable crise politique.

Alors qu'il lui était reproché de ne pas avoir réagi après avoir eu connaissance des violences commises par Alexandre Benalla, Gérard Collomb a assuré que le cabinet du président et la préfecture de police étaient prévenus des agissements d'Alexandre Benalla et qu'il leur appartenait d'agir. Il a ajouté que ce n'était pas à lui de saisir la justice dans le cas présent. L'article 40 du code de procédure pénale précise : «Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République.»

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Dans l'opposition, les critiques pleuvent. Pour la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, «c'est l'Elysée qui doit apporter une explication, plus peut-être que le ministre de l'Intérieur».

Florian Philippot, le président des Patriotes n'a pas tardé à réagir, appelant l'Elysée à sortir du silence, estimant que le ministre de l'Intérieur «se défauss[ait] sur l'Elysée».

A gauche, Jean-Luc Mélenchon, le président des Insoumis, a affirmé : «Macron doit s'expliquer.»

Pour le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan, il s'agit d'une «affaire Macron». «[L'affaire] traduit un sentiment de surpuissance à l'Elysée», a-t-il observé.

Pour le premier secrétaire du PS Olivier Faure, le chef de l'Etat, «impliqué dans cette affaire [...] doit répondre, doit s'expliquer [...] parce que ce feuilleton a assez duré». 

Les révélations du 18 juillet du journal Le Monde ont démontré, deux mois après les faits, l'implication d'Alexandre Benalla, ce proche du président, dans des violences sur des manifestants le 1er mai. Licencié le 20 juillet, il est actuellement mis en examen ainsi que quatre autres personnes impliquées dans cette affaire.

Si Emmanuel Macron est resté muet durant les quatre premiers jours de cette crise d'envergure, son entourage a fait savoir le 23 juillet que le président jugeait «inacceptables» les faits reprochés à Alexandre Benalla, promettant qu'il n'y aurait «pas d'impunité».

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