France

Pas décidé à servir de fusible ? Collomb pointe le cabinet de l'Elysée dans l'affaire Benalla

Auditionné à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur, particulièrement sous pression, s'est dédouané de toute responsabilité dans la crise Benalla, soulignant que c'était au cabinet du président et à la préfecture de police d'agir.

Lors de son audition très attendue ce 23 juillet à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a déclaré avoir été informé le lendemain des faits de l'existence de la vidéo sur laquelle on voit Alexandre Benalla frapper et malmener des manifestants le 1er mai à Paris, et a estimé que ce n'était pas à lui de saisir la justice.

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Témoignant sous serment, il a expliqué : «Je m'étais assuré le 2 mai que tant le cabinet du président de la République que la préfecture de police avaient été destinataires de l'information de la vidéo mettant en cause Alexandre Benalla. Il leur appartenait donc d'agir. C'est la règle pour tous les manquements.»

Alors qu'il lui était reproché de ne pas avoir réagi après avoir eu connaissance des violences commises par Alexandre Benalla, Gérard Collomb a répondu : «Ce n'est pas au ministre qu'il appartient de [saisir la justice] Je considère que c'est à ceux qui sont en responsabilité dans leurs administrations, au plus près du terrain, de recueillir les éléments permettant de justifier la transmission d'un signalement au titre de l'article 40 de le faire.» Cet article du code de procédure pénale impose à tout fonctionnaire de signaler un délit au procureur quand il en a connaissance.

Le ministre de l'Intérieur s'exprimait dans une position très délicate puisque le bruit voulant qu'il serve de fusible dans cette affaire avait couru dans la presse ces derniers jours. «Le risque, c’est que monsieur Collomb serve de fusible dans cette affaire», avait ainsi commenté Marine Le Pen. «Le ministre de l’Intérieur est déjà disqualifié […]. Bien sûr qu’il va démissionner», avait pour sa part estimé Jean-Luc Mélenchon (LFI) le 21 juillet.

Les vidéos montrant Alexandre Benalla, un proche collaborateur du président de la République Emmanuel Macron, en train de frapper et malmener des manifestants le 1er mai à Paris alors qu'il accompagnait les forces de l'ordre en tant qu'«observateur», tout en portant un brassard et un casque de policier, ont des répercussions politiques de grande ampleur qui durent depuis le 18 juillet, allant jusqu'à paralyser l'Assemblée.

Devant la commission des Lois de l'Assemblée nationale, dotée de prérogatives d'enquête sur l'affaire Benalla, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a aussi déclaré qu'il ignorait qu'Alexandre Benalla était conseiller à l'Elysée, et qu'il n'avait pas été prévenu de la présence, lors de la manifestation du 1er mai, de la présence des deux observateurs (Alexandre Benalla et Vincent Crase) avec les policiers.

Alexandre Benalla a été licencié le 20 juillet. Vincent Crase, l'employé de LREM qui l'accompagnait le 1er mai ainsi que trois hauts gradés de la police soupçonnés d'avoir transmis à Alexandre Benalla des images de vidéo-surveillance de l'incident ont été mis en examen le 22 juillet au soir. Les mises en examen concernaient des faits de «violences en réunion» pour Alexandre Benalla et Vincent Crase, et de «violation du secret professionnel» concernant les trois policiers.

Si Emmanuel Macron est resté muet durant les quatre premiers jours de cette crise, son entourage a assuré qu'il jugeait «inacceptables» les faits reprochés à Alexandre Benalla, promettant qu'il n'y aurait «pas d'impunité».

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