France

Affaire Benalla : nouvelle enquête ouverte par le parquet pour d'autres violences le 1er mai

Malgré la prise de parole d'Emmanuel Macron après cinq jours de silence, l'affaire Benalla continue de rebondir : contradictions dans les déclarations en commissions parlementaires, mais aussi de nouvelles vidéos accablant l'ex-chargé de mission.

Lundi 30 juillet

Le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une nouvelle enquête dans l'affaire Benalla, pour d'autres violences commises le 1er mai dans la capitale, cette fois au jardin des Plantes, quelques heures avant les heurts survenus place de la Contrescarpe.

Cette enquête a été ouverte après les plaintes contre X de deux jeunes de 23 et 24 ans affirmant avoir été victimes d'une interpellation musclée au Jardin des Plantes, où se trouvaient l'ex-collaborateur de l'Elysée Alexandre Benalla et son acolyte Vincent Crase, employé du parti présidentiel LREM. Des images de scènes confuses au jardin des Plantes, où l'on voit notamment les deux hommes, ont été diffusées vendredi par Libération

Dans une interview au JDD, Alexandre Benalla a réfuté toute «intervention» de sa part à ce moment-là. «J'étais derrière les policiers en tant qu'observateur, on peut le voir distinctement, je n'ai ni casque, ni brassard, ni radio», a-t-il affirmé.

Dimanche 29 juillet

Alexandre Benalla affirme avoir «plutôt envie» d'aller donner des «explications» aux commissions d'enquête parlementaires, dans un entretien au Journal du Dimanche, où il récuse, entre autres, toute intervention au Jardin des Plantes le 1er mai, avant la place de la Contrescarpe. «Je dois me reposer, réfléchir. Mais oui, j’ai plutôt envie d’y aller. Ils veulent des explications, j’ai de quoi leur en donner», affirme-t-il, ajoutant qu'il en parlera avec son avocat.

J’ai toujours eu tendance à l’ouvrir. On me l’a fait payer

En outre, Alexandre Benalla maintient la thèse d'un règlement de comptes contre lui. «Certains m’ont jugé illégitime à cause de mon parcours. Dans le monde du pouvoir, on aime les gens bien formatés et qui la ferment. Moi j’ai toujours eu tendance à l’ouvrir. On me l’a fait payer [...] Dans la haute hiérarchie policière, il y a des gens qui gèrent leurs intérêts, leur carrière, et que j’ai dérangés. Par ma faute, je leur ai donné une occasion, ils ont sauté dessus pour m’écarter», martèle l'ancien collaborateur de l'Elysée.

Samedi 28 juillet

Vendredi 27 juillet

«TF1 a le droit d'interviewer Benalla, pas la commission d'enquête parlementaire présidée par LREM», a cinglé dans un tweet le député républicain Marc Le Fur, parmi les premiers à réagir à l'interview.

Sur les raisons de sa présence place de la Contre-escarpe le 1er mai 2018, Alexandre Benalla, chargé de mission auprès du cabinet de la présidence de la République : «J'ai été invité par le chef de la DOPC [Alain Gibelin].»

«Je n'ai pas le sentiment de m'être pris pour un CRS», s'est-il encore défendu lors d'une interview accordée ce 27 juillet à TF1.

«Je l'ai mal vécu», affirme-t-il au sujet de la décision de sanction administrative de mise à pied.

D'après l'AFP, le juge d'instruction chargé de l'affaire Benalla va enquêter sur la diffusion sur Twitter d'extraits de la vidéosurveillance montrant la désormais célèbre scène de la place de la Contrescarpe où Alexandre Benalla malmène deux jeunes gens lors d'une manifestation le 1er mai 2018.

Cette décision intervient au lendemain d'un article de Mediapart montrant «une copie d'écran d'un compte Twitter publiant une image extraite» de la vidéoprotection de la ville de Paris, a indiqué le parquet. Sur le compte en question, @FrenchPolitic, la photo de profil reprend le logo du parti présidentiel En Marche!

Le parquet de Paris a pris un réquisitoire supplétif pour étendre l'enquête du magistrat aux faits de "recel de détournements d'images issues d'un système de vidéoprotection, et recel de violation du secret professionnel", commis entre le 18 et 20 juillet, a annoncé le parquet de Paris.

D'après Mediapart, plusieurs comptes Twitter, soutiens du mouvement d'Emmanuel Macron, ont diffusé jeudi 19 juillet les images de la vidéosurveillance filmant la scène du 1er mai place de la Contrescarpe avant de les effacer.

Il ne s'est toujours pas exprimé devant les commissions parlementaires, mais Alexandre Benalla accorde sa première interview télévisée au JT de TF1 ce 27 juillet à 20h.

Dans un extrait de l'interview qui a été enregistrée, Alexandre Benalla ne considère pas avoir commis d'actes répréhensibles. «Je considère juste avoir été confronté à des gens qui sont des casseurs – qui ne sont pas des gentils manifestants comme on a pu le dire – qui sont des gens qui ont commis des actes délictueux», a-t-il plaidé, reprenant sa ligne de défense selon laquelle il a apporté son concours à l'usage de la violence comme «citoyen».

Lire aussi : «On a essayé de me tuer» : dans l’œil du cyclone, Benalla livre au Monde sa version des faits

Deux nouvelles plaintes pour violences ont été déposées contre  Alexandre Benalla et Vincent Crase, gendarme réserviste salarié de La République en marche, d'après Franceinfo. Plusieurs heures avant la vidéo tournée place de la Contre-escarpe à Paris le 1er mai 2018 et à l'origine de l'affaire Benalla, deux manifestants disent avoir été victimes de violences.

Selon eux, ce jour-là, ils auraient demandé leur chemins à trois individus ayant l'apparence de policiers, dont, possiblement, Alexandre Benalla et Vincent Crase. Les choses auraient dégénéré quand les deux hommes se seraient aperçus que l'un des deux manifestants, une jeune femme, était en train de filmer avec son téléphone portable.

Le Point s'interroge : Alexandre Benalla a-t-il vraiment été mis à pied ? D'après les informations de l'hebdomadaire, confirmées par la cellule communication de l'Elysée, l'ancien chargé de mission de l'Elysée s'est rendu ce 27 juillet vers 13 heures à la fourrière Chevaleret pour récupérer une voiture de la flotte présidentielle. Le journal précise cependant : «Celui-ci s'y serait rendu "de sa propre initiative", sans avoir été mandaté par le palais présidentiel. Pourtant, toujours selon nos informations, un commandant de gendarmerie de l'Élysée accompagnait le jeune homme. Malgré cela, la fourrière aurait refusé de lui rendre le véhicule. Ce que l'Elysée nous confirme.»

Le journal Libération dévoile une autre vidéo qui montre Alexandre Benalla et Vincent Crase intervenir trois heures avant les événements de la Contrescarpe, vers 17 heures selon le quotidien, pour réaliser une interpellation sur un autre manifestant. D'après les récits des témoins de la scène, recueillis par Libération, Vincent Crase arbore le brassard de police. Apparait également dans cette vidéo, le major de la préfecture, Philippe Mizerski.

Les trois groupes de gauche à l'Assemblée, c'est à dire le groupe socialiste (ou Nouvelle gauche), de La France Insoumise et de la Gauche démocrate et républicaine (Le Parti communiste étant sa principale force), déposeront une motion de censure. L'information a été officialisée par le député communiste (PCF) Sébastien Jumel, interrogé par l'AFP : «Nous avons débouché sur un texte commun (...) André Chassaigne défendra le texte mardi [le 31 juillet].»

Plus tôt dans la journée, Jean-Luc Mélenchon avait tweeté : «J'ai fait la proposition d’une motion de censure contre le gouvernement. Hier, le bureau national du PS a donné son accord. Comme elle ne peut se faire sans nous, je comprends que c’en est fini du "ni Macron, ni Mélenchon".»

Selon un rapport de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui doit être rendu public ce 27 juillet et dont l'AFP a pu prendre connaissance, Laurent Simonin, le chef d'état major adjoint de la direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC), l'un des hauts gradés de la préfecture de police n'aurait «pas évoqué» avec sa hiérarchie la présence d'Alexandre Benalla, alors collaborateur de l'Elysée, comme observateur aux côtés des policiers le 1er mai à Paris.

L'ancien chargé de mission auprès du cabinet d'Emmanuel Macron avait décrit les raisons de sa présence lors de l'intervention policière du 1er mai : «Je ne demande pas à être observateur. Je suis invité à être sur place par Laurent Simonin, chef d’état-major à la Préfecture de police.»

«[Emmanuel Macron] se comporte comme un chef de clan, il est président de tous les Français, il n'est pas président d'En Marche. Il aurait dû avoir une parole officielle, il aurait dû s'adresser aux Français», a accusé Marine Le Pen ce 27 juillet sur BFMTV et RMC.

La présidente du Rassemblement national a critiqué la vidéo d'Emmanuel Macron, qu'elle considère comme «une manœuvre de communication d'En Marche», s'attardant sur les propos qu'il y a tenu, notamment le fameux : «Qu'ils viennent me chercher». «C'est extrêmement immature de la part du président. Ca me fait penser à ces gamins qui vont au zoo, qui sont protégés par une énorme vitre et qui viennent pour provoquer le tigre qui est derrière la vitre, sauf que ce sont les enfants qui font cela, pas le président de la République», a-t-elle jugé. 

Soutenant que l'affaire Benalla constituait selon elle une affaire d'Etat, Marine Le Pen a dénoncé la mise en œuvre d'une police parallèle dirigée par l'Elysée, hors de tout contrôle démocratique.

La députée du Pas-de-Calais a déclaré qu'elle «voterait» les motions de censure déposée par le groupe LR contre le gouvernement, et le cas échéant celle qui pourrait être également déposée par la gauche. Il s'agit pour la présidente du RN d'«une manière d'exprimer la défiance des Français».

«L'Assemblée nationale a été humiliée, a été abaissée, j'appelle la majorité à une réaction, à un peu de dignité, à ne pas être dans une soumission permanente à Emmanuel Macron», a déclaré le député Les Républicains (LR) des Alpes-Maritimes Eric Ciotti sur France Inter, au lendemain de l'implosion de la commission d'enquête sur l'affaire Benalla.

«Depuis le début […] le groupe LREM, avec des ordres venus de l'Élysée, une présidente [Yaël Braun-Pivet] paralysée, tétanisée par la crainte de la sanction macronienne, a refusé toute forme de transparence», a accusé Eric Ciotti. Selon lui, si l'affaire Benalla peut-être «au départ» considérée comme «un fait individuel», elle est depuis devenue un fait collectif et une affaire d'Etat, parce que «l'Elysée essaie de dissimuler». 

Le député a également expliqué qu'avec la motion de censure qu'il avait déposée, le groupe LR voulait dénoncer une dérive grave, «la dérive d’un pouvoir de plus en plus personnel, d’un pouvoir qui refuse toute forme de débat, d’un pouvoir qui s’oppose à tout ce qui pourrait contrarier une sur-puissance présidentielle».

Le rapport de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), commandé par le ministre de l'Intérieur après la révélation d'une vidéo montrant l'ex-conseiller de l'Elysée Alexandre Benalla frapper des manifestants le 1er mai à Paris, sera publié ce 27 juillet dans l'après-midi, a fait savoir à l'AFP une source du ministère de l'Intérieur.

Auditionnée le 24 juillet par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'affaire Benalla, la directrice de l'IGPN, Marie-France Monéger-Guyomarc'h, avait estimé que le rapport serait rendu «jeudi ou vendredi» (26 ou 27 juillet).

Gérard Collomb a demandé à la police des polices de se pencher sur les règles encadrant la présence d'observateurs aux côtés des forces de l'ordre et d'éclaircir comment Alexandre Benalla et Vincent Crase, employé de LREM, avaient pu frapper et malmener de jeunes gens sur la place de la Contrescarpe à Paris.

Mediapart révèle que plusieurs comptes Twitter soutiens de La République en marche auraient diffusé, dans la nuit du 18 au 19 juillet, les images de vidéosurveillance de la place de la Contrescarpe, le 1er mai, avant de les effacer. Et ce alors qu'Alexandre Benalla a déclaré les avoir transmises à l'Elysée peu après la publication des premières révélations du Monde, le 19 juillet. 

Jeudi 26 juillet

Le parquet de Paris a annoncé ce 26 juillet avoir ouvert une enquête préliminaire sur les violences commises contre des policiers le 1er mai place de la Contrescarpe à Paris. Ce jour-là, l'ex-collaborateur de l'Elysée Alexandre Benalla a été filmé molestant deux jeunes gens qu'il a décrits comme «hystériques».

Ceux-ci apparaissent également sur une vidéo, semblant s'en prendre aux forces de l'ordre lors de heurts entre policiers et manifestants. Leur avocat avait expliqué qu'ils étaient sortis «prendre un verre» et non pour participer à cette manifestation.

Après une charge de CRS, sous le coup de l'«incompréhension», ils avaient «jeté ce qu'ils avaient sous la main» vers les policiers, notamment «quelque chose comme une carafe d'eau» a rapporté le jeune homme, selon l'avocat.

La motion de censure contre le gouvernement a été déposée par le groupe Les Républicains ce 26 juillet.

Selon une information du Figaro, Christophe Castaner, délégué général de la République en marche sera auditionné le 31 juillet par la commission des lois du Sénat. Il sera notamment interrogé sur le rôle de Vincent Crase, ancien employé de l'Élysée et employé de LREM, mis en examen avec Alexandre Benalla ce 22 juillet.

Dans son interview fleuve au journal Le Monde, Alexandre Benalla met à mal les versions relatées par les différents hauts-fonctionnaires de police auditionnés par les deux chambres du Parlement depuis le 23 juillet. Il précise ainsi à propos de sa présence place de la Contrescarpe le 1er mai : «Je ne demande pas à être observateur. Je suis invité à être sur place par Laurent Simonin, chef d’état-major à la Préfecture de police. Il me dit un jour : "Je te propose de participer sur le terrain au service en tant qu’observateur…" Ce sont eux qui me le proposent. Contrairement à ce que dit le préfet de police, quand il parle de copinage malsain, je n’ai jamais pris une bière ou mangé au restaurant avec Laurent Simonin.»

Puis il livre sa vérité, sans détour : «Le 26 mars, je reçois le SMS de Simonin, puis le 27 avril, je reçois un appel de Simonin qui me demande toutes mes mensurations. Ensuite je vais voir le directeur de cabinet, Patrick Stzroda, je lui dis que j’ai été invité. Il me dit "c’est très bien, c’est une bonne expérience." En aucun cas Stzroda ne sait que je vais me retrouver avec un casque sur la tête, à deux pas des casseurs, place de la Contrescarpe.»

Interrogé le 23 juillet par la commission d'enquête de l'Assemblée, Alain Gibelin, directeur de la DOPC, a rapporté un échange par téléphone datant du 2 mai avec le préfet de police, Michel Delpuech et au cours duquel il lui avait assuré être «dans la totale ignorance de la présence d'Alexandre Benalla sur le terrain» la veille.

Mais dans son interview accordée au Monde et publiée ce 26 juillet, ce dernier revient sur cette déclaration sous serment d'Alain Gibelin : «Il ment. [...] Ce n'est pas vrai. On a déjeuné quelques jours avant avec le général Bio-Farina [commandant militaire de l'Elysée]. C'était une réunion de travail à propos des policiers qui font la sécurité autour du palais. A la fin de ce déjeuner, il m'a demandé si je venais toujours le 1er mai et si j'avais reçu l'équipement que je devais recevoir.»

Usant d'un ton tranchant singulièrement avec les déclarations faites par les personnes auditionnées au Parlement, Alexandre Benalla explique : «Alain Gibelin s'en veut de ne pas avoir prévenu le préfet de police. [...] Il y a des gens qui pensent à leur carrière et qui se défaussent.»

Alain Gibelin va être auditionné une deuxième fois par la commission d'enquête de l'Assemblée à 14h ce 26 juillet.

Selon une information de BFM TV, alors que Le Monde allait révéler l'affaire Benalla le 18 juillet, le cabinet d’Emmanuel Macron aurait eu en sa possession les images de vidéosurveillance de la place de la Contrescarpe qu’Alexandre Benalla avait obtenues illégalement de la part de policiers depuis mis en examen.

Le collaborateur de l'Elysée les aurait visionnées avant de les transmettre à Ismaël Emelien, qualifié par BFM TV de «très proche conseiller politique d'Emmanuel Macron». Plusieurs membres du cabinet auraient aussi visionné ces vidéos.

La détention de ces images pourrait constituer un «recel de détournement d’images issues d’un système de vidéoprotection», or il s'agit justement de l’une des raisons de la mise en examen des policiers, le 22 juillet.

Par ailleurs, dans son interview au Monde publiée le 26 juillet, Alexandre Benalla avance que le service de communication de l'Elysée a «essayé de diffuser [la vidéo] et de la fournir à des gens, pour montrer la réalité des faits.»

Ces propos laissent donc supposer, selon le journal qui a révélé l'affaire, que« l'Elysée a tenté d’instrumentaliser ces images» pour promouvoir une certaine version des faits. Et l'article de pointer un paradoxe : «Le gouvernement a promis à plusieurs reprises de faire toute la lumière sur les événements qui se sont déroulés place de la Contrescarpe.»

Interrogé par l'AFP à propos de l'affaire Benalla lors d'un déplacement à Campan (Hautes-Pyrénées) le 26 juillet, Emmanuel Macron a minimisé : «J'ai dit ce que j'avais à dire, c'est-à-dire que je crois que c'est une tempête dans un verre d'eau. Et pour beaucoup, c'est une tempête sous un crâne.»

Et de préciser à l'adresse des journalistes : «Moi, ça ne me touche pas beaucoup, ne vous inquiétez pas, là je suis avec mes concitoyens.»

La veille, le service de communication du président de la République avait publié sur Facebook une longue séquence vidéo filmée caméra à l'épaule et montrant Emmanuel Macron déambulant dans la ville de Bagnères-de-Bigorre pendant près d'une heure et demie.

Mercredi 25 juillet

Sous la pression des journalistes, Emmanuel Macron, présent sur une étape du tour de France a fini par accepter des questions sur l'affaire Benalla. «Ecoutez, je considère que ceux [qui ont pris des sanctions contre Alexandre Benalla] au moment où ils les ont prises [...] c'était à mes yeux proportionnel, donc, sinon, je leur aurais demandé d'en prendre une autre [sanction]», a-t-il déclaré.

Présent sur l'étape du tour de France ce 25 juillet à Bagnères-de-Bigorre, Emmanuel Macron s'est refusé à s'exprimer sur l'affaire Benalla. «Non, non, non, mais j'ai tout dit. Regardez, est-ce que les gens, ils parlent de ça ?», a-t-il avancé. «Il y a des gens, ils supportent mal la chaleur et la fatigue», a encore analysé le chef d'Etat. Et de conclure : «Je suis avec les gens, on est heureux et tout va bien.»

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D'après BFMTV, une perquisition serait en cours à l'Elysée dans le bureau d'Alexandre Benalla, en présence de celui-ci. 

Alexandre Benalla «est clairement sorti de sa fonction d'observateur», a affirmé Benjamin Griveaux, expliquant que des sanctions avaient été prises «immédiatement».

Estimant qu'il fallait faire «une réorganisation des systèmes de sécurité» de l'Elysée, le porte-parole du gouvernement a annoncé que «les conséquences de cette affaire porteront sur une réforme de l'organisation de l'Elysée une fois les dysfonctionnements établis».

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, s'est exprimé sur l'affaire Benalla à l'issue du conseil des ministres. « Nous avons assisté à des informations erronées», a-t-il lancé. La veille, Emmanuel Macron avait jugé que certaines informations de presse sur l'affaire étaient des «fadaises».

Mardi 24 juillet

Sortant enfin de son silence, le président de la République Emmanuel Macron s'est exprimé au sujet de l'affaire Benalla devant les députés de sa majorité à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, déclarant : «S’ils cherchent un responsable, le seul responsable c’est moi»

Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié le 24 juillet, 75% des personnes interrogées pensent qu'Emmanuel Macron «devrait s'exprimer devant les Français» sur l'affaire Benalla. 49% d'entre eux, soit une personne interrogée sur deux, se dit «très choquées» par cette affaire, 31% «assez choquées» et 20% «pas choquées».

Enquête réalisée en ligne les 23 et 24 juillet auprès de 983 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur de 1,4 à 3,1 points.

Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, a vivement interpellé le Premier ministre Edouard Philippe.

Comment un proche du président de la République peut-il se déguiser en policier ?

«Il aura fallu moins d'une semaine pour que la France passe de la fête à ce climat opaque, pesant», a-t-il déploré, faisant référence à la coupe du monde. «Cette affaire est-elle une affaire d'Etat ? Objectivement oui [...] Comment un proche du président de la République peut-il se déguiser en policier ?», a-t-il lancé. «Alors oui, il s'agit bien d'une affaire d'Etat mais il s'agit aussi d'une affaire qui concerne le chef de l'Etat. Tout ramène à lui.», a encore martelé Bruno Retailleau demandant à Edouard Philippe quand Emmanuel Macron allait s'exprimer. 

Ce à quoi Edouard Philippe a répondu : «Je suis presque tenté, et je ne le ferai pas, de répondre : quand il le souhaitera.»

«Je ne crois pas – c'est un désaccord que nous avons – que ce que vous évoquez soit une affaire d'Etat», a-t-il argumenté, faisant valoir qu'Alexandre Benalla n'était qu'un individu et résumant l'affaire à la nécessité d'une réorganisation des services de la présidence de la République.

Nicolas Dupont-Aignan a annoncé qu'il voterait pour la motion de censure que le groupe Les Républicains de l'Assemblée nationale compte déposer contre le gouvernement.

Jean-Luc Mélenchon, le président du groupe France insoumise à l'Assemblée nationale, a demandé à Edouard Philippe quelles mesures, quelles sanctions comptait-il «prendre pour que la vertu soit rétablie dans l'État» puisque les fautes étaient maintenant avérées. «Avez-vous compris, monsieur le Premier ministre, qu'il n'y a pas de pérennité ni de légitimité à l'État républicain quand les ministres se défaussent sur les fonctionnaires qui exécutent les ordres qu'ils donnent ?» a ajouté Jean-Luc Mélenchon. 

«Comptez sur moi, Monsieur Mélenchon, pour prendre les décisions qui s'imposent lorsque j'aurais tous les éléments de cette affaire» lui a répondu le Premier ministre.

«Nous ne couvrons rien, et la lumière sera faite», lance Edouard Philippe. La stratégie du Premier ministre est claire. Il répète les mêmes propos, estimant que ce n'est pas une affaire d'Etat mais plutôt une affaire personnelle.

Olivier Faure, tacle le Premier ministre en estimant que depuis le 18 juillet, «le pouvoir ment, le pouvoir cache». 

Le Premier ministre estime qu'une sanction a été prise et qu'elle a été effective. «La vérité vous oblige à reconnaître que rien n'a été masqué», lance-t-il. Il conçoit également que l'on puisse poser des questions sur la «proportionnalité» de la sanction. «Je fais toute confiance à la commissions des lois», conclut-il, rendant la parole à François de Rugy, président de l'Assemblée nationale.

Valérie Rabault, Présidente de la Nouvelle gauche à l'Assemblée nationale, interpelle Edouard Philippe : «Seriez-vous d'accord pour que tous les membres concernés du cabinet Macron rendent des comptes ici devant la commissions d’enquête de l'Assemblée nationale ?»

Edouard Philippe a répondu que «nul n'[était] au-dessus de la loi». «Vous savez monsieur Jacob que cette intensité de réaction est rare», a-t-il ajouté, estimant qu'une «dérive individuelle ne f[ai]sait pas une affaire d'Etat».

Christian Jacob, président des Républicains à l'Assemblée nationale, dans le cadre des questions au gouvernement a interpellé le Premier Ministre Edouard Philippe : «Votre attitude témoigne d'un manque de lucidité».

Selon les informations de L'Obs, qui s'est procuré le CV d'Alexandre Benalla, ce dernier aurait effectué son stage de troisième au Service de protection des hautes personnalités pendant une période de trois jours alors qu'il avait 14 ans en février 2006. Le SPHP, devenu depuis le SDLP est l'unité d'élite qui assure la protection rapprochée des présidents.

L'opposition parisienne UDI-MoDem et LR a demandé ce 24 juillet des comptes après la remise présumée de vidéos par des fonctionnaires de la préfecture de police à Alexandre Benalla. Cet acte contrevient selon elle à une «charte d'éthique» de la vidéoprotection à Paris.

La «Ville de Paris doit se constituer partie civile», stipule un communiqué de l'UDI-MoDem selon lequel «seuls les agents habilités par l’autorisation préfectorale, dans le cadre de leurs fonctions, sont destinataires des images et enregistrements captés sur l’espace public».

Par ailleurs, «la durée de conservation des enregistrements de vidéosurveillance, limitée à un mois, ne paraît pas avoir été respectée», ajoute le groupe.

Selon les informations de L'Opinion, la présidente de la commission des Lois, Yaël Braun-Pivet (LREM) va demander à faire réentendre Alain Gibelin devant la commission d'enquête parlementaire.

Elle a également déclaré qu'elle avait bien reçu le courrier d'Alain Gibelin dans lequel il reviendrait, selon les informations du Figaro, sur une partie de ses déclarations concernant la présence ou l'absence d'Alexandre Benalla à des réunions auxquelles assistait le directeur de la DOPC entre le 4 et le 19 mai.

Selon les informations de BFM TV, Yaël Braun-Pivet a estimé que ce courrier révélait le «désarroi» et les «erreurs» d'Alain Gibelin.

Selon les informations d'un journaliste de LCI citant le député Stéphane Peu (PCF), Alain Gibelin aurait subi des pressions de la part de l'Elysée depuis sa déclaration sous serment devant la commission des lois ce 23 juillet : «Pour le député communiste Stéphane Peu "L'Elysée a fait pression sur Alain Gibelin pour qu'il corrige ses propos. Plus la commission avance plus on s'aperçoit qu'il y a des pressions"».

Concernant le port d'arme d'Alexandre Benalla, qui a notamment été commenté par le préfet de police de Paris lors de son audition en commission des lois à l'Assemblée nationale le 23 juillet, le magazine L'Obs a rappelé avoir publié un article montrant l'homme prenant la pose pour cet hebdomadaire avec «ce qui ressemble bien à un pistolet Glock», dès le mois d'avril 2016.

Pourtant, Michel Delpuech a déclaré sous serment que cette demande lui avait été transmise par l'Elysée et qu'il y avait accédé en 2017 : «Dès lors que l'Élysée avait relayé auprès de moi cette demande, sans faire pression, en me laissant le soin d'apprécier et d'apprécier seul, j'assume cette responsabilité personnellement.» Le magazine Le Point a d'ailleurs obtenu copie de cette autorisation datée d'octobre 2017.

Lors de son audition devant l'Assemblée en commission des lois, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a affirmé que son cabinet, comme celui de ses prédécesseurs, avait été sollicité par Alexandre Benalla pour un port d'arme, mais qu'une réponse négative lui avait été adressée, la dernière en juin 2017 : « Toutes ces demandes ont été refusées, car monsieur Benalla ne remplissait pas les conditions requises, l'exposition à des risques exceptionnels d'atteinte à sa vie, pour se voir délivrer une telle autorisation ministérielle.»

Nouveau coup de théâtre dans l'affaire Benalla : le directeur de la DOPC, Alain Gibelin, reviendrait sur un point de sa déclaration dans une lettre envoyée dans la journée à la présidente de la commission des lois, Yaël Braun-Pivet (LREM).

Selon les informations du Figaro : «Plusieurs sources bien informées au sein du groupe La République en marche» font savoir que le directeur de l'ordre public dit avoir mal compris la question qui lui était posée par Marine Le Pen, «à cause du bruit dans la salle».

Dans ce courrier, Alain Gibelin évoquerait notamment une incompréhension au niveau des dates évoquées par la présidente du Rassemblement national.

Alain Gibelin avait notamment déclaré sous serment qu'il avait été témoin de la présence d'Alexandre Benalla entre le 4 et le 19 mai à des réunions avec ses services, alors que ce dernier été censé être suspendu pour ses écarts place de la Contrescarpe le 1er mai.

Selon le témoignage sous serment du directeur de la DOPC, Alain Gibelin, ce dernier aurait observé la présence d'Alexandre Benalla entre le 4 et le 19 mai à des réunions avec ses services, période au cours de laquelle le chargé de mission était censé être suspendu de ses fonctions sans solde. Alain Gibelin précise : «L’information de cette sanction ne nous a jamais été transmise.»

«Démenti formel»... mais délivré de manière informelle par l'Elysée : dès le soir du 23 juillet, «un proche conseiller» d'Emmanuel Macron a assuré au journal Le Figaro qu'Alexandre Benalla n'aurait participé à aucune réunion pendant qu'il purgeait sa sanction.

«M. Benalla ne bénéficiait d’aucune autorisation pour être présent en tant qu’observateur sur cette manifestation» : le directeur de la DOPC, Alain Gibelin, auditionné le 23 juillet par la commission d'enquête de l'Assemblée, a étrillé la défense de l'Elysée dans l'affaire Benalla.

Gabriel Attal, député des Hauts-de-Seine et porte-parole de LREM, a dénoncé ce 24 juillet sur BFMTV «un sketch». Pour le député, qui «s'interroge pour savoir si c'est du niveau de l'Assemblée nationale», l'affaire Benalla n'est «pas du tout une affaire d'Etat».

Le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre et porte-parole de l'Elysée, Benjamin Griveaux, a accusé ce 23 juillet au soir les partis d'opposition de mener un «procès politique» dans le cadre de la commission d'enquête consacrée à l'affaire Benalla. «On raconte tout et n’importe quoi, des fantasmes et des mensonges grossiers. Emmanuel Macron, lui, fait le choix du respect des institutions, pas de la communication.», a-t-il fait savoir sur LCI. 

Qualifiant Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise d'être des «professionnels du désordre», il a estimé que l'affaire Benalla n'était «en rien une affaire d'Etat».

L'Elysée a démenti le 23 juillet au soir les informations avancées par L'Express selon lesquelles un budget de 180 000 euros aurait été prévu afin de réunir deux appartements pour l'ex-adjoint au chef de cabinet d'Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, afin d'en faire un duplex d'une surface de près de 200 mètres carrés.

Alexandre Benalla «n’a jamais habité sur le site de l’Alma», selon les propos d'une porte-parole de l'Elysée rapportés par l'AFP. La présidence confirme l'existence d'une «demande de logement» qui a été «acceptée dans le courant de l'année 2018» ; logement qu'Alexandre Benalla n'a «jamais occupé».

Lundi 23 juillet

Après Gérard Collomb et le préfet de police Michel Delpuech, le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, doit être auditionné le 24 juillet à 16h30 par la Commission d'enquête de l'Assemblée.

La Commission entendra également, le même jour, le chef de l'Inspection générale de la police nationale, Marie-France Monéger-Guyomar'ch, et Stéphane Fratacci, directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur.

Lire aussi : Le préfet de police dénonce un «copinage malsain» et affirme que Benalla était «connu» des autorités

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a qualifié la commission d'enquête de l'Assemblée sur l'affaire Alexandre Benalla de «tribunal politique».

D'après L'Express daté du 23 juillet, Alexandre Benalla devait bénéficier d'une prestigieuse extension de son appartement de fonction dans la résidence de la République du quai Branly à Paris.

Selon l'hebdomadaire, un budget de 180 000 euros aurait été prévu afin de réunir deux appartements pour l'ex-adjoint au chef de cabinet d'Emmanuel Macron et en faire un duplex d'une surface de près de 200 mètres carrés. L'Express dit avoir sollicité l'Elysée sur le sujet mais sans avoir reçu de réponse.

Les deux jeunes filmés en train d'être violentés par Alexandre Benalla lors des manifestations du 1er mai à Paris se sont constitués partie civile ce 23 juillet, a appris Franceinfo auprès de leur avocat, Sahand Saber. Les deux personnes avaient fait savoir leur volonté d'être entendus ultérieurement par les enquêteurs, après l'identification par Le Monde d'Alexandre Benalla.

Selon leur avocat, les deux jeunes gens contestent avoir été des manifestants, et encore moins des black blocks. Ils reconnaissent néanmoins avoir jeté des projectiles en direction des CRS, notamment une carafe d'eau, un acte «irréfléchi», selon leur avocat. 

L'Elysée fait savoir qu'Emmanuel Macron annule son déplacement, prévu le 25 juillet, sur l'étape du Tour de France cycliste entre Bagnères-de-Luchon et Saint-Lary-Soulan.

Le 23 juillet Marine le Pen était invitée de la matinale d'Europe 1. Pour la présidente du Rassemblement national, «c'est l'Elysée qui doit apporter une explication, plus peut-être que le ministre de l'Intérieur», sur l'affaire Benalla.

Selon la députée du Pas-de-Calais, «il y a eu une dissimulation du comportement d'Alexandre Benalla mais aussi de son parcours. Pourquoi monsieur Benalla arrive-il au plus près du président de la République et obtient une liste ininterrompue de passe-droits, de pouvoirs ? Pourquoi se permet-il de commander des policiers, des gendarmes? », s'est-elle interrogée.

Invité sur France Inter, le 23 juillet, le président de l'Assemblée nationale François de Rugy, a déclaré que «le rapport de l'Inspection générale de la police nationale [sur l'affaire Benalla] devrait être remis à la fin de cette semaine». «Le Premier ministre m'a indiqué qu'il serait communiqué immédiatement au Parlement», a -t-il ajouté.

A l'antenne de RTL, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a affirmé que le président de la République était «calme et extrêmement déterminé à ce que la vérité puisse être établie».

Il s'est par ailleurs montré choqué face à un comportement «inacceptable qui doit conduire à des réorganisations», à propos de l'affaire Benalla.

Dimanche 22 juillet

Emmanuel Macron considère les faits reprochés à son ex-collaborateur «inacceptables», selon des informations rapportées par l'entourage du président de la République à l'AFP, après une réunion à l'Elysée rassemblant plusieurs membres du gouvernement, le soir du 22 juillet. «Il n'y a pas eu et il n'y aura pas d'impunité», a-t-on précisé de même source.

Le président de la République, qui prendra la parole publiquement «quand il le jugera utile», a demandé au secrétaire général de l'Elysée de «mener la réorganisation pour éviter qu'un tel dysfonctionnement se reproduise», d'après la même source.

Pascal Cherki, conseiller de Paris et membre du parti Génération.s, a livré pour RT France son sentiment sur l'affaire Benalla.

Le parquet de Paris a fait savoir que le collaborateur d'Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, et l'employé de LREM Vincent Crase, filmés en train de frapper des manifestants le 1er mai, avaient été mis en examen ce 22 juillet, notamment pour «violences en réunion».

Trois policiers, déjà suspendus pour avoir transmis des images de vidéo-surveillance à Alexandre Benalla, ont également été mis en examen, pour «détournement d'images issues d'un système de vidéo-protection» et «violation du secret professionnel».

Tous les cinq ont été placés sous contrôle judiciaire, conformément aux réquisitions du parquet, selon une source de l'AFP.

Première mise en examen dans l'affaire Benalla : ce 22 juillet, selon France Inter, le commissaire Maxence Creusat a été mis en examen pour «détournement d’images issues d’un système de vidéo protection» et «violation du secret professionnel». Selon la radio publique, il n'a plus le droit d’exercer à la Direction de l'ordre public et de la circulation, mais garde le droit d’exercer son métier ailleurs qu’à la DOPC, qui dépend de la préfecture de police de Paris. 

Maxence Creusat est l'un des trois policiers soupçonnés d'avoir transmis, à Alexandre Benalla, des images de vidéosurveillance des violences auxquelles ce dernier a pris part le 1er mai à Paris. 

Le Parisien a eu copie d'une note interne de la gendarmerie diffusée sur le réseau de communication consacré aux réservistes, dit «Minotaur». Ce message est visiblement destiné à calmer les tensions chez les militaires, échaudés par les révélations sur les possibles passe-droits dont auraient pu bénéficier Alexandre Benalla et Vincent Crase.

D'après le quotidien, l'auteur de cette note, la direction de la gendarmerie, assure qu'Alexandre Benalla était «un engagé de la réserve opérationnelle mais "radié" à sa demande en 2017 puis "réintégré" par la direction de la gendarmerie au titre d’"expert"». La note interne précise également que c'est à ce titre d'«expert» qu'Alexandre Benalla a pu bénéficier du grade provisoire de lieutenant-colonel, qui «exclut toute mission opérationnelle» et, selon Le Parisien, ne lui confère ainsi «aucune prérogative de commandement».

La direction de la gendarmerie atteste d'ailleurs que ni Alexandre Benalla, ni Vincent Crase, tous deux impliqués dans l'affaire, «n’étaient employés en mission par la gendarmerie nationale lors des faits reprochés commis le 1er mai dernier».

La note précise que ces deux réservistes, Alexandre Benalla et Vincent Crase, feront l'objet de sanctions (la note évoque des «conséquences disciplinaires et statutaires sur leur qualité de réserviste»).

Le 22 juillet, Le Parisien apprend qu'un déjeuner secret a eu lieu le 20 juillet à l'Elysée entre Emmanuel Macron, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb (auditionné le 23 juillet à 10 heures par la commission des lois de l’Assemblée Nationale) et la Garde des Sceaux Nicole Belloubet, pour évoquer l'affaire Benalla. Selon le quotidien, l’Elysée a démenti cette rencontre. Toutefois, le journal assure que plusieurs sources proches des deux ministres ont bel et bien confirmé la rencontre.

Alors que les députés LREM suivent à la lettre les consignes de leur patron à l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, quant aux éléments de langage à adopter, la parlementaire Sonia Krimi semble s'en désolidariser. La député macroniste de la Manche a expliqué, à l'Assemblée nationale le 21 juillet, ne pas comprendre «pourquoi Alexandre Benalla n'a[vait] pas été viré [dès] le 2 mai». «Je suis abasourdie, on avait été élus pour la transparence, ça ressemble au vieux monde», a-t-elle ajouté.

Au micro de BFM TV, elle s'est notamment inquiétée du fait «que l'exécutif ne se justifie pas».

Les jeunes démocrates, appartenant au Modem (allié de la majorité gouvernementale), ont diffusé sur Twitter un communiqué après la diffusion de nouvelles informations le 21 juillet. «Les révélations des derniers jours mettent à mal les engagements qui ont scellé l’alliance de la majorité présidentielle», écrivent-ils notamment.

Le parquet de Paris annonce l'ouverture d'une information judiciaire confiée à un juge d'instruction, notamment pour «violences en réunion» et «immixtion dans l'exercice d'une fonction publique», après les violences commises le 1er mai par Alexandre Benalla et Vincent Crase.

Le parquet a requis le placement sous contrôle judiciaire des cinq suspects en garde à vue jusqu'au 28 juillet. Concernant Alexandre Benalla, ex-chargé de mission à l'Elysée, et Vincent Crase, employé de LREM, le parquet a notamment demandé l'interdiction d'exercer une fonction publique ou une mission de service public. Pour les trois policiers qui avaient transmis des images de vidéo-surveillance à Alexandre Benalla, il a requis une interdiction d'entrer en contact avec d'autres protagonistes du dossier.

Le gouvernement a décidé de suspendre l'examen de la révision constitutionnelle jusqu'à nouvel ordre, alors que l'Assemblée est paralysée depuis plusieurs jours par l'affaire Benalla.

«Le gouvernement a décidé de suspendre l'examen de la révision constitutionnelle et souhaite que celui-ci puisse reprendre ultérieurement dans des conditions plus sereines», a annoncé la garde des Sceaux Nicole Belloubet le 22 juillet. Elle a ajouté «regretter» que les travaux aient été interrompus à la suite «des révélations concernant monsieur Benalla».

Le député LFI Ugo Bernalicis a diffusé sur Twitter une liste des personnes que La France insoumise propose de faire auditionner. Parmi celles-ci figure notamment Emmanuel Macron.

Samedi 21 juillet

Mediapart dévoile une autre vidéo, qui permet de voir sous un autre angle les incidents place de la Contrescarpe, qui avaient vu un homme et une femme se faire frapper par Alexandre Benalla le 1er mai. Les images semblent montrer qu'Alexandre Benalla était alors en train de superviser l'opération avec Vincent Crase. 

D'après l'AFP, la femme et l'homme frappés par le collaborateur d'Emmanuel Macron Alexandre Benalla lors des manifestations du 1er mai ont été identifiés et ont demandé à être entendus ultérieurement par les enquêteurs, a indiqué le 21 juillet une source proche de l'enquête.

Tous deux avaient fait l'objet d'une procédure de vérification d'identité après leur interpellation, a ajouté cette source, confirmant une information de franceinfo. Ce jour-là, Alexandre Benalla, placé en garde à vue le 20 juillet matin dans cette affaire, était présent sous le statut d'observateur auprès des forces de l'ordre mais il avait été filmé en train de frapper ces deux manifestants.

Selon RTL, Alexandre Benalla aurait été impliqué dans un nouvel incident. Il s'occupait en effet de la sécurité lors du match diffusé à l'Elysée du quart de finale du Mondial 2018, France-Uruguay. Un événement auquel de jeunes footballeurs de la région parisienne avaient été invités par Emmanuel Macron. Cet incident aurait ainsi eu lieu «avec un haut responsable du football parisien, qui souhaitait approcher le président de la République», selon la radio. «Refus sec d’Alexandre Benalla, provoquant le départ à la mi-temps du responsable sportif», ajoute RTL.

Le président de la République aurait eu l'occasion d'examiner lui-même les images dans lesquelles on voit Alexandre Benalla frapper des manifestants le 1er mai et aurait approuvé à l'époque que ces actes ne soient sanctionnés que par une mise à pied temporaire de deux semaines, selon des informations publiées par BFM TV

Marc Le Fur, député Les Républicains des Côtes-d'Armor, a révélé dans l'après-midi du 21 juillet que le «barbouze » Benalla avait «un badge H» à l'Assemblée depuis le 24 juillet 2017 et avait donc un accès à l'hémicycle, réservé aux collaborateurs du président de la République. Ce badge lui «a été retiré il y a trois jours», a-t-il poursuivi. Le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, a rappelé qu'il a été en fait désactivé le 20 juillet.

Selon Marc Le Fur, ce badge d'un niveau très haut est totalement hors de propos au regard de la fonction officielle de protection du président qu'avait Alexandre Benalla. A la suite de cette révélation, de vives réactions se sont fait entendre dans l'hémicycle et la séance a été suspendue.

Dans une interview accordée au journal Le Monde, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon qualifie l'affaire du «niveau du Watergate». En effet, le député ajoute : «L’un enregistrait des opposants dans son bureau, celui-ci s’organise une milice personnelle. Ce n’est pas rien ! Nous sommes en République ! Il faudrait quand même se le rappeler.»

Selon une information de de M6 Info, Alexandre Benalla devait se marier ce 21 juillet. La cérémonie, prévue initialement à la mairie d'Issy-les-Moulineaux, a été annulée, le principal protagoniste étant actuellement en garde-à-vue.

Les gardes à vue d'Alexandre Benalla et Vincent Crase sont prolongées, selon une information du parquet.

Selon une information parue dans Le Point, Alexandre Benalla devait diriger la sécurité présidentielle à Brégançon cet été.

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sera auditionné le 23 juillet à 10h dans le cadre de l'affaire Benalla par la commission des Lois de l'Assemblée nationale dotée des pouvoirs d'enquête, a annoncé ce 21 juillet sa présidente Yaël Braun-Pivet (LREM).

L'audition, publique et retransmise, de Gérard Collomb «aura lieu lundi matin» à 10h, a dit Yaël Braun-Pivet lors de la réunion de la commission chargée de mettre au point un programme d'auditions. Le groupe majoritaire LREM, par la voix de Marie Guevenoux, a en outre accepté la publicité des autres auditions à venir, avec des exceptions en particulier sur les questions de «sûreté de l’État».

Par ailleurs, les trois policiers suspendus pour avoir transmis des images de vidéo-surveillance à Alexandre Benalla, le collaborateur d'Emmanuel Macron filmé en train de frapper un manifestant le 1er mai, ont été placés en garde à vue ce 21 juillet au matin, a annoncé le parquet de Paris.

Ces trois hommes ont été placés en garde à vue pour «détournement d'images issues d'un système de vidéo-protection» et «violation du secret professionnel». 

Dans le cadre de sa garde à vue, une perquisition a lieu le 20 juillet au soir, au domicile d'Alexandre Benalla, dans les Hauts-de-Seine, en sa présence.

Suspendu pendant deux semaines après avoir frappé un manifestant le 1er mai, Alexandre Benalla avait été officiellement «démis de ses fonctions en matière d'organisation de la sécurité des déplacements du président», selon le porte-parole de la présidence la République.

L'Elysée affirmait que son rôle était depuis de faire «l’interface entre les différents services chargés de la sécurité du président et le cabinet». Et d'insister que «cette réduction de périmètre [avait] été strictement observée» à l'exception de deux événements : la panthéonisation de Simone Veil et la réception des Bleus.

Pourtant des photos publiées par Paris-Normandie et Libération viennent contredire cette version. Contrairement à ce qu'affirmait l'entourage du président, on y voit Alexandre Benalla aux côtés du couple présidentiel lors d'une visite privée à Giverny le 13 juillet et juste devant le président lors du défilé militaire organisé à l'occasion du 14 juillet. 

Le bureau de la commission des Lois, dotée de pouvoirs d'enquête pour l'affaire Benalla, a échoué à se mettre d'accord dans la soirée du 20 juillet sur un programme d'auditions, ont annoncé ses membres à la sortie d'une réunion houleuse.

En conséquence, la présidente de la commission des Lois Yaël Braun-Pivet (LREM) a décidé de convoquer la commission dans son ensemble le 21 juillet à 9h30 pour essayer de trouver un nouvel accord.

La majorité a proposé que Gérard Collomb soit entendu le 23 juillet, le matin, après un week-end consacré comme prévu au débat sur le projet de loi constitutionnel, alors que les oppositions ont exigé que le ministre de l'Intérieur soit entendu dès le 21 juillet matin. 

Elle a également souhaité que seule l'audition du ministre soit publique alors que les oppositions ont réclamé que toutes les auditions le soient (fonctionnaires de police, etc.).

Le même commission des Lois avait pourtant voté à l'unanimité la veille le fait de se doter de pouvoirs de commission d'enquête.

Mais la réunion du bureau, où étaient associés tous les groupes et qui a donné lieu à des éclats de voix entendus de l'extérieur, «n'a pas permis de se mettre d'accord sur le fonctionnement de notre commission», a déploré Yaël Braun-Pivet.

Elle a défendu, sauf pour le ministre, le principe «d'auditions à huis clos pour obtenir la manifestation de la vérité, ce qui est notre souhait». Actant le désaccord, elle a constaté «un manque de confiance» entre les membres du bureau qui «ne permet pas à la commission de travailler dans la sérénité».

Le co-rapporteur de la commission, le LR Guillaume Larrivé a jugé que «ce n'était pas possible» d'attendre jusqu'au 23 juillet pour l'audition de Gérard Collomb, parlant de «dizaines d'heures de travail devant nous». «Ces auditions doivent avoir un caractère public», a insisté Guillaume Larrivé

Vendredi 20 juillet

Retour en images sur l'affaire Benalla : 

«Pour ceux qui, au delà d'attendre les réponses, utilisent ces événements et ces questions à des fins soit d'obstruction parlementaire, soit d'exploitation politique, je leur dis : "Prenons tous ensemble le sens de nos responsabilités"», a déclaré le Premier ministre à la presse, après avoir suivi la 13e étape du Tour de France cycliste. «Des faits nouveaux apparus hier [le 19 juillet] ont conduit l’Elysée à engager la procédure de licenciement de ce chargé de mission. C'est très bien ainsi, et l'ensemble des procédures sont évidemment respectées», a également déclaré Edouard Philippe.

«J’observe que l'IGPN, c’est-à-dire le pouvoir exécutif, que la justice, par l’intermédiaire d’une enquête préliminaire engagée par le procureur de Paris, que les commissions d’enquête parlementaires au Parlement se sont également, et à juste titre, saisies de ces faits», a poursuivi le Premier ministre. «Il appartiendra donc à chacune de ces instances, aux commissions parlementaires, à la justice, à l’IGPN d’apporter les réponses aux questions que se posent les Français. Ce seront des réponses claires, transparentes, nous y veillerons», a-t-il ajouté.

«L’opposition me demande de m’exprimer : je le fais ici à votre micro, j'aurai l'occasion de le faire à l'Assemblée au moment des questions au gouvernement qui auront lieu mardi prochain», a indiqué Edouard Philippe. «Je suis certain qu'avec du sang-froid, avec le souci de la précision, l'ensemble des questions trouveront leurs réponses», a-t-il dit.

Une nouvelle vidéo relayée par le site d'information Médiapart, montre qu'Alexandre Benalla était en relation constante avec les forces de l’ordre, conduisant les CRS jusqu’à l’homme qu’il avait frappé pour provoquer son interpellation.

Des images qui mettent à mal la défense de l’Elysée selon laquelle Alexandre Benalla n’était qu'un simple observateur du dispositif policier qui aurait outrepassé ses autorisations.

Il apparaît en outre qu'il assène un violent coup de pied dans le ventre du jeune homme.

Selon L'Express, en août 2015, une plainte aurait été déposée contre Alexandre Benalla au commissariat de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) par une femme, qui pourrait faire partie de sa famille. Elle l'accuse de «violences volontaires ayant entraîné une incapacité temporaire de travail (ITT) supérieure à 8 jours».

Alexandre Benalla aurait été jugé par la 12e chambre correctionnelle du tribunal de Nanterre le 18 mars 2016. Il aurait alors été relaxé, sans raison explicitée, d'après l'hebdomadaire. 

Ce 20 juillet, dans l'après-midi, tous les présidents de groupes d'opposition ont appelé le Premier ministre à venir s'exprimer devant l'Assemblée nationale sur l'affaire Benalla, dénonçant «une fin de non-recevoir» d'Edouard Philippe et «une situation de blocage».

Depuis la reprise à 9h30 à l'Assemblée nationale le 20 juillet, il n'y a eu que des rappels au règlement et les débats sur le projet de loi constitutionnelle n'ont pu reprendre. Au total depuis le 19 juillet, 115 rappels au règlement ont été recensés.

Interrogé par BFM TV le 20 juillet, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, n'a pas exclu que le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, doive quitter ses fonctions, «en fonction des réponses» qu'il donnera sur l'affaire Benalla : «Que s'est-il passé ? Pourquoi a-t-il cherché à minimiser sa responsabilité ? Que savait-il réellement ? Qu'a-t-il dit à l'Elysée ? Quelles sont les consignes qui lui ont été passées ? Pourquoi les policiers qui entouraient M. Benalla le 1er mai ne sont pas intervenus ? Quel était le pouvoir de M. Benalla ?»

Et de préciser : «En fonction des réponses, on jugera de sa crédibilité. Est-ce qu'il a encore la capacité à être ministre de l'Intérieur, ou est-ce qu'au contraire il y nécessité pour lui de passer à autre chose, parce qu'à l'évidence la confiance que peuvent lui accorder les Français est [...] devenue impossible ?»

Selon des informations de presse rapportées par l'AFP qui précise qu'elles n'ont pas été confirmées, Gérard Collomb aurait été mis au courant des agissements violents d'Alexandre Benalla dès le 2 mai. Benoît Hamon, fondateur du mouvement Génération.s a pour sa part exigé la démission du ministre de l'Intérieur pour avoir «dissimulé» ces informations.

Allant plus loin dans ses interrogations, Olivier Faure a déclaré : «Maintenant ce qu'on veut savoir c'est pourquoi M. Benalla était protégé.» Et de prévenir : «Si nous n'arrivons pas à avoir satisfaction, si la vérité ne se fait pas jour, si les bonnes décisions ne sont pas prises par l'exécutif, nous irons, nous, déposer une motion de censure à l'Assemblée, et faire en sorte qu'elle puisse être cosignée par d'autres, et que nous puissions ensuite avoir la possibilité d'un débat,d'un échange avec le Premier ministre.»

Selon un document de l’administration dont Le Monde a pris connaissance, Alexandre Benalla a déclaré être domicilié à compter du 9 juillet dans une dépendance de l’Elysée, quai Branly, dans le 7e arrondissement de Paris. Il résidait auparavant à Issy-lès-Moulineaux dans les Hauts-de-Seine et il a déclaré ce nouveau domicile quelque deux mois après sa mise à pied.

Ces prestigieuses dépendances de la présidence sur le Quai Branly abritent 63 logements de fonction sur un complexe de 5 000 mètres carrés. Parmi les services proposés, les résidents peuvent notamment y bénéficier de voitures avec chauffeurs.

D'après les informations de l'AFP, réagissant à la transmission par des policiers des images à Alexandre Benalla, Gérard Collomb «condamne lourdement ces agissements».

Ce 19 juillet, trois policiers (un contrôleur général, un commissaire et un commandant) ont été suspendus à titre conservatoire pour avoir extrait des images de vidéosurveillance de la Ville de Paris et les avoir transmises à Alexandre Benalla.

Vincent Crase, un gendarme réserviste et agent d'accueil pour La République en marche, qui accompagnait les forces de l'ordre lors des manifestations du 1er Mai en compagnie d'Alexandre Benalla, a été placé en garde à vue le 20 juillet, a annoncé le parquet de Paris selon l'AFP.

Vincent Crase a été placé en garde à vue en fin de matinée pour «violences en réunion par personne chargée d'une mission de service public» et «usurpation de fonction». Plus tôt dans la journée, Alexandre Benalla avait lui aussi été placé en garde à vue, après la diffusion de vidéos montrant des violences contre des manifestants.

Le 20 juillet au matin à Paris, la justice à mis en garde à vue Alexandre Benalla. Le collaborateur d'Emmanuel Macron est soupçonné d’avoir violenté au moins un manifestant lors des manifestations du 1er mai à Paris en arborant des insignes de policier. De son côté, l'Elysée entame la procédure de licenciement.

«Il a été porté à la connaissance de la présidence de la République des faits nouveaux, qui sont constitutifs d'une faute commise, et qui font l'objet d'une procédure judiciaire», déclare l'Elysée, qui précise qu'Alexandre Benalla «aurait été destinataire d'un document de la préfecture de police qu'il n'était pas autorisé à détenir»,

D'après les informations d'Europe 1, trois policiers, dont deux commissaires, ont été suspendus le soir du 19 juillet. Il y aurait des soupçons concernant la suppression de certains extraits des images de caméras de surveillance de la ville de Paris, montrant les violences de la place Contrescarpe d'un autre angle, qui restaient seulement disponibles en vidéo amateur.

La décision de saisir l'Inspection générale de la police (IGPN) annoncée par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a été fortement critiquée par le conseiller de La France insoumise sur les questions de défense Djordje Kuzmanovic, qui a fait remarquer qu'Alexandre Benalla n'était pas policier.

«C'est de la poudre au yeux ou de l'incompétence. En tout cas c'est se moquer et insulter les VRAIS policiers. Une honte !», a-t-il dénoncé sur Twitter, appelant à la démission du ministre de l'intérieur Gérard Collomb.

Une nouvelle vidéo publiée sur Twitter vient compléter celle déjà largement diffusée dans la presse. On y découvre ce qui s'est passé le 1er mai dernier pendant les quelques secondes durant lesquelles Alexandre Benalla disparaissait de la vidéo. 

On le découvre, sur le trottoir opposé, en train de plaquer une jeune fille contre un mur avant de la mettre au sol, tandis que celle-ci proteste. Alors qu'une cycliste tente de s'interposer, il la repousse également.

La commission des Lois de l'Assemblée nationale va se doter des prérogatives d'une commission d'enquête après, selon la décision actée dans la soirée du 19 juillet conformément à l'annonce de la présidence de l'Assemblée.

Les pouvoirs d'enquête, conférés pour un mois, porteront sur «les événements survenus à l'occasion de la manifestation du 1er mai». 

Le programme des auditions – à huis clos sauf exceptions –, sera fixé ce 20 juillet par le bureau de la commission, avec l'objectif notamment d'entendre le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb dès le 23 ou 24 juillet, de source parlementaire.

Jeudi 19 juillet

Affaire Benalla : Jean-Luc Mélenchon propose une «motion de censure» contre le gouvernement, «puisque le gouvernement ne vient pas s'expliquer devant l'Assemblée» à ce sujet.

Pour pouvoir être déposée, une telle motion devrait réunir 58 signatures. Le groupe des députés Insoumis n'en compte que 17.

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sera auditionné au Sénat au début de la semaine prochaine sur l'affaire Benalla, selon la commission des Lois du Sénat citée par l'AFP.

La commission des Lois de l'Assemblée nationale va demander «à se doter des prérogatives d'une commission d'enquête» au sujet de l'affaire Benalla, a annoncé la présidence de l'Assemblée dans un communiqué, cité par l'AFP.

La décision a été prise «sur proposition du président de l'Assemblée nationale et en accord avec les présidents de l'ensemble des groupes politiques» lors d'une réunion convoquée en urgence, après plusieurs heures chaotiques où l'affaire Benalla a parasité les débats sur la révision constitutionnelle, avec des demandes de commission d'enquête émanant de plusieurs groupes. 

Jean-Christophe Lagarde, président de l'Union des démocrates et indépendants (UDI), s'est également exprimé concernant Alexandre Benalla. «Il paraît tellement évident que ce Monsieur n'a plus rien à faire à l'Elysée et qu'il doit être poursuivi par la justice» a-t-il déclaré à l'Assemblée nationale. 

«Il éclabousse des institutions», a ajouté le représentant de l'UDI, qui se confiait pour la première fois sur cette affaire.

Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a lui aussi réagi à l'affaire Benalla au micro de BFMTV. Pesant ses mots, le candidat à l'élection présidentielle de 2017 a qualifié de «voyou» le collaborateur d'Emmanuel Macron et a ajouté qu'«il [fallait] arrêter de prendre les Français pour des imbéciles». 

Pour le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, les deux observateurs, Vincent Crase et Alexandre Benalla, «n'avaient aucune légitimité pour intervenir». L'ancien maire de Lyon annonce également qu'il va saisir l'Inspection générale de la police (IGPN) dans cette affaire.

Réagissant à l'écho médiatique de l'affaire Benalla, le Premier ministre, Edouard Philippe, a expliqué : «L'affaire est aux mains de la justice et c'est très bien ainsi.»

Eliane Assassi, présidente du groupe communiste républicain citoyen et écologiste au Sénat, a interpellé le Premier ministre en disant : «Cette affaire d'Etat est grave». «La vérité doit être établie pour mettre un terme à l'intervention des barbouzes du nouveau monde dans les mouvements sociaux», avait-il asséné un peu auparavant.

Le député de La France insoumise Adrien Quatennens fait savoir sur son compte Twitter que son groupe politique demandait la création d'une commission d'enquête «sur les conditions d’usage et de commandement des forces de l’ordre lors des événements du 1er mai 2018».

Le député Rassemblement national du Gard, Gilbert Collard, a réagi à l'affaire Benalla sur son compte Twitter en dénonçant : «Les basses œuvres à l'œuvre ; on n'est plus en démocratie !»

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a estimé que dans le cadre de l'affaire Benalla, le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron devrait lui aussi être sanctionné pour n'avoir pas saisi la justice après avoir eu connaissance des agissements d'Alexandre Benalla.

Florian Philippot, président du parti Les Patriotes, a déclaré sur son compte Twitter : «C’est la chienlit à l’Elysée !». Il a ajouté : «Macron est en faute et doit s’expliquer.»

Réagissant à l'affaire Benalla, le député insoumis des Bouches-du-Rhône, Jean-Luc Mélenchon, s'est exprimé au micro de BFMTV et s'est interrogé : «Est-ce que dorénavant, lorsque nous voyons un escadron de CRS ou un groupe de policiers, nous devons penser que dans leurs rangs se trouvent des miliciens, à titre privé ou envoyés par je ne sais quelle autorité pour aller observer ou frapper ?» 

La République est «inaltérable», a simplement commenté ce 19 juillet Emmanuel Macron lors de son déplacement en Dordogne. Les journalistes qui accompagnaient le président de la République pour cette visite l'ont à de multiples reprises interrogé sur cette affaire qui suscite une vague d'indignation à gauche comme à droite. Mais Emmanuel Macron a à chaque fois refusé de répondre.

Selon les informations du Monde, Alexandre Benalla avait déjà fait preuve d'un comportement déplacé dans le cadre de ses fonctions à au moins deux reprises : en mars 2017, lors d'un meeting du candidat Macron, le futur chargé de mission avait soulevé un photographe au-dessus du sol parce qu'il s'était trop approché du fondateur d'En Marche!.

Autre écart en 2012, selon cette même source : proposé par le Service de protection des hautes personnalités à Arnaud Montebourg, il avait brièvement fait office de chauffeur pour le ministre socialiste. Mais selon ce dernier, Alexandre Benalla a provoqué un accident de voiture en sa présence «et voulait prendre la fuite». Inacceptable pour le héraut du made in France : «Je m'en suis séparé au bout d'une semaine» après cette «faute professionnelle d'une première gravité».

Le délégué général de La République en Marche et secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Christophe Castaner, a assuré au micro de CNews ce 19 juillet à propos d'Alexandre Benalla, que «personne n'[était] protégé dans ce pays, quel que soit son statut.» Et de préciser : «L'Elysée se tient totalement à la disposition de la justice et même si je ne suis pas l'employeur de M. Benalla, je peux prendre l'engagement qu'il n'y aura aucun obstacle à ce que la justice puisse faire son travail le mieux du monde.»

Le syndicat de policiers Alliance a dénoncé dans un communiqué daté de ce 19 juillet des «sanctions à deux vitesses» après la révélation d'une mise à pied de deux semaines d'Alexandre Benalla : «Les policiers eux ne bénéficient jamais d'une quelconque clémence et ne comprennent donc pas que dans "une République exemplaire" des sanctions à deux vitesses puissent exister.»

Les syndicalistes déplorent également qu'«un amalgame soit fait, que l'image de la police soit ternie par le comportement d'un individu extérieur aux forces de sécurité.»

Selon un courrier envoyé par le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, au président de la République et consulté par Le Monde, Alexandre Benalla était censé être «désormais affecté à un poste administratif, où il [s’occuperait] de la sécurité d’événements organisés "à l’intérieur du Palais"».

Selon les informations de BFMTV, le chargé de mission accusé de violences était cependant présent lors de l'entrée au Panthéon de Simone Veil le 1er juillet, ainsi qu'à Roissy à l'occasion du retour des Bleus le 16 juillet.

Contrairement à ce qu'annonçait plus tôt dans la journée le porte-parole de l'Elysée Bruno Roger-Petit, le garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a fait savoir lors d'une prise parole à l'Assemblée nationale ce 19 juillet que «la personne qui a commis ces faits était sur la manifestation sans autorisation».

D'après Bruno Roger-Petit, Alexandre Benalla avait «demandé l'autorisation d'observer les opérations de maintien de l'ordre pour le 1er Mai». Il a ensuite expliqué que cette autorisation lui avait été donnée car «il agissait dans le cadre d'un jour de congé et ne devait avoir qu'un rôle d'observateur».

Par ailleurs, dans les colonnes du Monde ce 18 juillet, le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, a précisé qu'il avait autorisé Alexandre Benalla à participer «en observateur» à la manifestation.

Sur le plateau de LCI, Richard Ferrand, le chef de file des députés La République en marche, a déclaré : «Je ne suis pas commentateur de faits divers [...] Je ne suis pas juge, laissez les choses être mises au clair et les autorités compétentes prendront leur décisions.» Il a par ailleurs assuré que, contrairement aux informations fournies par Le Monde le 18 juillet qui le présentait comme «chargé de mission auprès du chef de cabinet de la présidence de la République», l'homme filmé «n'[était] pas un proche collaborateur [d'Emmanuel Macron]», précisant : «C'est quelqu'un qui était chargé, notamment, de la sécurité du président de la République pendant la campagne électorale et, ensuite, il a intégré les services de l'Elysée.»

Après la révélation par le journal Le Monde le 18 juillet du comportement violent d'Alexandre Benalla, un conseiller d'Emmanuel Macron, lors des manifestations du 1er mai, une partie de la classe politique s'est indignée du silence médiatique au sommet de l'Etat et a estimé que la sanction initialement prise à l'encontre du collaborateur du président n'était pas suffisante.

Selon les informations de l'AFP, le parquet de Paris a annoncé ce 19 juillet l'ouverture d'une enquête préliminaire pour «violences par personne chargée d'une mission de service public», «usurpation de fonctions» et «usurpation de signes réservés à l'autorité publique». L'enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance. Le garde des Sceaux, Nicole Belloubet a dénoncé des «gestes absolument inadaptés».

Le porte-parole de l'Elysée, Bruno Roger-Petit, a réagi ce 19 juillet en annonçant qu'Alexandre Benalla avait déjà été mis à pied sans salaire et qu'il ne s'occupait plus de la sécurité des déplacements présidentiels : «Cette sanction vient punir un comportement inacceptable et lui a été notifiée comme un dernier avertissement avant licenciement». Le porte-parole a également souligné que c'était selon lui «la sanction la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission travaillant à l'Elysée». Un deuxième homme, Vincent Crase, a aussi «outrepassé son autorisation», a révélé le porte-parole de l'Elysée. Gendarme réserviste et employé de LREM, il a aussi écopé d'une «mise à pied de quinze jours avec suspension de salaire», et «il a été mis fin à toute collaboration entre lui et la présidence de la République».

Selon Le Monde et France Info, Alexandre Benalla, proche conseiller du président de la République, a été mis à pied pour 15 jours au mois de mai après avoir frappé un manifestant place de la Contrescarpe à Paris. Tel qu'on peut le voir sur ces images, le conseiller d'Emmanuel Macron portait un casque de policier au moment des faits. Bruno Roger-Petit explique ainsi la présence du conseiller sur les lieux de cette opération de sécurisation : Alexandre Benalla avait «demandé l'autorisation d'observer les opérations de maintien de l'ordre pour le 1er Mai [...], il agissait dans le cadre d'un jour de congé et ne devait avoir qu'un rôle d'observateur». Le porte-parole concède à ce sujet : «Il a largement outrepassé cette autorisation».

La sanction la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission travaillant à l'Elysée

Le député LREM Laurent Saint-Martin a déclaré sur le plateau de CNews qu'Alexandre Benalla ne devait «plus travailler à l'Elysée» : «Mon avis personnel c'est qu'après des faits comme cela on ne peut plus travailler pour le président de la République, on ne peut plus travailler à l'Elysée tout court.» Il a ajouté : «Ce qui s'est passé là est tout simplement inadmissible, il doit y avoir des sanctions. [Ce collaborateur] devait être là en observation, il a effectivement utilisé un casque de policier pour frapper des manifestants, il n'en avait absolument pas le droit, il a failli.»

D'autres images de Benalla le font apparaître avec un brassard de police

Sur d'autres images filmées par le journaliste Clément Lanot à un autre moment, le même jour, on peut voir Alexandre Benalla portant un brassard de la police et une radio.

La droite et la gauche interpellent le président de la République

Le député Les Républicains de l'Yonne, Guillaume Larrivé, a ainsi écrit sur Twitter : «La protection dont a bénéficié M. Benalla au sein de l'équipe rapprochée d'Emmanuel Macron est honteuse. Une suspension de quelques jours n'est pas une sanction. La saisine de l'autorité judiciaire, au titre de l'article 40 du code de procédure pénale, est évidemment nécessaire.»

Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, s'interroge lui sur une possible manœuvre pour étouffer l'affaire : «La vidéo d'Alexandre Benalla est choquante. Nous attendons une réponse du président de la République : comment son chef de cabinet adjoint se retrouve avec du matériel de police dans une manifestation et y a-t-il eu des manœuvres pour étouffer l'affaire ?» 

La députée LR des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, se fait également le porte-voix de cette attente de l'opposition et interpelle Emmanuel Macron : «Pourquoi une telle clémence malgré la gravité des faits ? Qui était au courant ? Quel était son rôle ? Sortez de votre mutisme Monsieur le Président !»

A l'autre bout du spectre politique, les Insoumis tirent à boulets rouges sur le gouvernement. Les députés Danielle Obono, Jean-Luc Mélenchon et Eric Coquerel ont notamment pris part à l'assaut sur les réseaux sociaux.

Retweetant la vidéo de l'altercation, le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, s'est contenté de partager un tweet d'Emmanuel Macron daté du 1er mai et dans lequel le président dénonçait les violences commises le jour de la Fête du travail.

Interrogé sur cette affaire au cours de sa visite de la plateforme de courrier de Marsac-sur-l'Isle (Dordogne), près de Périgueux, Emmanuel Macron a refusé ce même jour de répondre.

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