France

Une quarantaine de condamnés pour terrorisme vont être libérés d'ici 2019, selon le procureur Molins

Environ quarante personnes condamnées pour terrorisme sortiront de prison d'ici 2019, a mis en garde ce 28 mai le procureur de Paris François Molins. La France n'a en effet décidé qu'en 2016 de criminaliser les infractions liées au terrorisme.

Le procureur de Paris François Molins a alerté ce 28 mai du «risque majeur» que représentaient les détenus radicalisés s'apprêtant à sortir de prison après avoir exécuté leur peine. Il a également appelé à une meilleure communication entre les services pour prévenir la récidive. Une vingtaine de détenus radicalisés vont en effet être libérés en 2018, et le même nombre en 2019, a poursuivi François Molins dans une interview accordée à BFMTV.

«On court un risque majeur qui est celui de voir sortir de prison à l’issue de leur peine des gens qui ne seront pas du tout repentis, qui risquent même d’être encore plus endurcis compte tenu de leur séjour en prison», a-t-il relevé. Ces individus condamnés pour terrorisme ont effectué de courtes peines car les infractions liées au terrorisme étaient avant 2016 considérées comme des délits, donc passibles de dix ans de prison maximum. Depuis, elles sont désormais traitées comme des crimes, donc passibles de vingt ou trente ans de prison.

Désormais, tout ceux qui ont rejoint Daesh ou la zone irako-syrienne «se rendent coupables d'une association de malfaiteurs terroristes criminels qui les rendent passibles de la Cour d'assises», a précisé le procureur, louant ce durcissement de la politique pénale française.

On court un risque majeur qui est celui de voir sortir de prison à l’issue de leur peine des gens qui ne seront pas du tout repentis

«Il faudra qu’on se parle beaucoup plus pour s’assurer qu’ils sont surveillés comme il faut, donc cela nécessite un travail de fond [entre] l’administration pénitentiaire, les services de renseignement, les préfectures, les acteurs judiciaires et le parquet», a ajouté François Molins. Il a également mis en garde contre la porosité, en prison, entre les adeptes du salafisme et ceux qui ont une volonté djihadiste. «Le milieu pénitencier fait un peu office d’incubateur dans la mesure où il y a une interaction» entre ces deux types de détenus, a-t-il souligné.

Aujourd'hui, plus de 1 200 personnes écrouées pour des faits de droit commun sont jugées comme radicalisées, tandis que plus de 500 individus sont en prison pour terrorisme. François Molins va quitter ses fonctions en novembre, après avoir passé sept ans à la tête du parquet antiterroriste.

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