C'est l'un des transfuges les plus médiatiques du Parti socialiste au sein de l'équipe gouvernementale... et pourtant, son style autant que ses absences semblent remettre en question la pertinence de sa présence dans l'exécutif : Gérard Collomb pourrait bien être sur la sellette selon l'hebdomadaire Marianne.
En haut lieu, on réfléchirait déjà à un successeur pour le ministre de l'Intérieur, dont le manque de réactivité le soir du 12 mai, après l'attaque au couteau perpétrée à Paris, a été remarqué. Il aura en effet fallu attendre 2h du matin pour le voir apparaître aux côtés des forces de l'ordre. Le 1er mai déjà, alors que les violences en marge de la manifestation parisienne faisaient la une de toute la presse, Gérard Collomb avait mis plusieurs heures à réagir.
Le ministre, ancien maire de Lyon, aurait en effet une nette préférence pour sa ville de cœur, où il a d'ailleurs effectué près d'un tiers de ses 87 déplacements officiels en France depuis son entrée en fonction. Loin de se consacrer à son rôle exclusivement, il n'hésite pas au contraire à inaugurer un tronçon d'autoroute, ou à participer à des événements à caractère économique. Justification de son cabinet : Gérard Collomb assume «être un interlocuteur privilégié du territoire du Rhône dont il dispose d'une connaissance fine».
Outre ces absences, Gérard Collomb fait parler de lui pour ses approximations. Il a ainsi annoncé que «deux frères égyptiens» (qui n'étaient en réalité pas de la même famille) avaient été arrêtés parce qu'ils étaient sur le point de commettre un attentat – l'un d'eux a finalement été hors de cause. Le 1er mai, il annonçait un nombre de gardés à vue différent de celui de la préfecture. Après les attaques à Trèbes et Carcassonne, il assurait que Redouane Lakdim n'était connu que pour «des faits de petite délinquance», quand celui-ci était en réalité fiché S et inscrit au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste...
Agé de 70 ans, Gérard Collomb ne renvoie pas l'image d'un ministre actif et maîtrisant ses dossiers. Le fiasco de la gestion de la manifestation du 1er mai à Paris a libéré la parole de plusieurs policiers et CRS, qui n'ont pas hésité à remettre en cause la hiérarchie et le ministre lui-même. L'opposition a également sauté sur l'occasion : le patron du PS, Olivier Faure, a demandé l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire. Marine Le Pen a pour sa part tweeté : «A quoi sert le ministre de l'Intérieur, qui balbutie à chaque attentat des commentaires d'une vacuité affligeante.»
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