Tariq Ramadan, accusé de viols par trois femmes en France et incarcéré depuis trois mois, a vu sa première demande de mise en liberté rejetée le 9 mai par la justice, selon des informations communiquées par son avocat à l'AFP. «Nous avons été notifié aujourd'hui et j'ai immédiatement interjeté appel», a ainsi annoncé maître Emmanuel Marsigny, dénonçant une décision «invraisemblable» du juge des libertés et de la détention (JLD).
L'avocat de Tariq Ramadan dénonce le «manque d'objectivité» de la chaîne pénale
L'islamologue suisse de 55 ans, atteint d'une sclérose en plaques mais dont le traitement a été jugé compatible avec la détention, est incarcéré depuis sa mise en examen le 2 février à Paris pour viol et viol sur personne vulnérable. L'enquête a été initiée en octobre 2017 par les plaintes de deux femmes, rejointes en mars de cette année par une troisième. Une quatrième femme a déposé plainte pour viol à Genève.
«Le parquet, le magistrat instructeur et le JLD refusent de prendre en compte les éléments à décharge», a réagi l'avocat de Tariq Ramadan, qui pointe «les mensonges des accusatrices» et des incohérences dans leurs récits. «Cette décision traduit le manque d'objectivité et d'impartialité de l'ensemble de la chaîne pénale – policiers et magistrats – impliquée dans cette affaire», a-t-il affirmé. «Je m'apprête d'ailleurs à demander le dessaisissement du service enquêteur», a-t-il averti.
«On nous dit avec force gesticulations que nos clientes se contredisent et mentent, alors pourquoi les juges jugent-ils ainsi ? Sont-ils aussi manipulés ? Cette défense façon théorie du complot n'est pas digne face à la vérité du dossier», a répondu maître Eric Morain, avocat de la deuxième plaignante.
Tariq Ramadan n'aurait pas accès à suffisamment de soins
Transféré en mars de la prison de Fleury-Mérogis à l'hôpital de celle de Fresnes, Tariq Ramadan avait déposé cette première demande de mise en liberté le 24 avril, au lendemain de l'expertise judiciaire qui a estimé sa détention possible à condition de «continuer à bénéficier de l'accès aux soins».
Selon Emmanuel Marsigny, l'établissement de «Fresnes est incapable de lui assurer ses quatre séances de kinésithérapie hebdomadaires, monsieur Ramadan n'[ayant] eu qu'une seule séance depuis le 26 avril».
Confronté à la femme qui l'accuse de l'avoir violée en 2009 à Lyon, Tariq Ramadan a nié tout rapport sexuel avec elle ainsi qu'avec la première plaignante, Henda Ayari. Cette dernière, qui dénonce un viol présumé à Paris en 2012, doit être prochainement entendue pour la première fois par les magistrats, tout comme la troisième plaignante, qui affirme avoir été violée à neuf reprises entre 2013 et 2014 en France, à Bruxelles et à Londres.
Lire aussi : Tariq Ramadan visé par une cinquième plainte pour viol