Magnanville : une fichée S était en possession des données de 2 626 policiers sur une clé USB
Presque deux ans après le double homicide djihadiste de Magnanville en juin 2016, les enquêteurs pourraient être en mesure de déterminer comment le tueur Larossi Abballa a pu choisir non seulement ses victimes, mais aussi connaître leur adresse.
L'enquête sur l'assassinat du couple de policiers à Magnanville (Yvelines) en juin 2016 remonte patiemment les ramifications des réseaux informels de la radicalisation et du djihadisme.
Le Point révèle ce 10 avril qu'une femme, Mina B., avait en sa possession des fichiers comportant des informations sur 2 626 agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le service de renseignement du ministère de l'Intérieur. Mina B. a été extraite le 9 avril de prison pour être placée en garde à vue dans le cadre de l'enquête de Magnanville. Dans une affaire distincte, elle était déjà soupçonnée d'avoir aidé une candidate au djihad en zone irako-syrienne. Elle est également suspectée d'avoir été en relation avec la cellule terroriste belge de Verviers, démantelée en janvier 2015 et qui projetait des attentats contre des commissariats.
Les données personnelles de 112 000 policiers mises en ligne... un incident? réponse: https://t.co/SxD4FRpWsOpic.twitter.com/lNB3MgQMDE
— RT France (@RTenfrancais) 28 juin 2016
Nouvelles interpellations et rebondissement de l'enquête
En lien avec la mise en examen de Mina B., dans le cadre de l'enquête de Magnanville, deux autres femmes et trois hommes ont également été placés en garde à vue sur décision de la juge d'instruction le 9 avril.
Selon l'AFP, les interpellés sont pour la plupart originaires des Mureaux et de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines. Figurent notamment parmi eux une policière de 48 ans, ex-responsable départementale du syndicat policier Alliance, ainsi que son fils de 26 ans et sa fille de 30 ans. La famille avait hébergé au printemps 2016 Mina B., qui se trouvait être une amie de la fille de la policière, elle-même décrite comme radicalisée.
Après une première audition le 27 avril 2017 de Mina B., fichée S et présentée comme «très» radicalisée, les enquêteurs décident de fouiller son ordinateur. Sur une clé USB appartenant à la jeune femme, ils trouvent alors plusieurs documents et fichiers sensibles, parmi lesquels la liste des 2 625 policiers de la DGSI, données qui avaient été effacées, mais que la police a été en mesure de récupérer.
D'après Le Point, la liste contient les noms, matricules et affectations de l'ensemble des agents du corps des gradés et gardiens nommés lors de la Commission administrative paritaire nationale (CAPN) du 19 juin 2008. Ces données ont été transmises à tous les agents des services concernés. Ce qui pourrait expliquer que Mina B. se soit retrouvée en possession de ces informations, peut-être par le biais de la fille de la policière syndicaliste.
Le 13 juin 2016, le commandant adjoint du commissariat des Mureaux Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, et sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif du commissariat voisin de Mantes-la-Jolie, avaient été assassinés à coups de couteaux, sous les yeux de leur fils de 3 ans et demi.
A.K.