Coiffure non-coranique : un enseignant de Sarcelles condamné pour avoir rasé puis battu un élève
- Avec AFP
Jugeant que la coiffure d'un de ses élèves était «interdite par les règles coraniques», un enseignant d'une école coranique lui a rasé le crâne avant de lui administrer une «correction». Il a été condamné à 12 mois de prison dont quatre avec sursis.
Fin avril, un garçon se rend comme chaque soir à son cours d'arabe à la mosquée des Sablons à Sarcelles, dans le Val-d'Oise. A la vue de sa crête décolorée, une coiffure que son maître estime être «interdite par les règles coraniques», ce dernier décide de lui raser le crâne et l'humilie en le laissant à la merci des huées de ses camarades.
Voulant se venger, l'adolescent jette des œufs sur la porte du domicile de l'enseignant, qui appelle alors le beau-père du jeune homme pour lui demander l'autorisation de lui donner une «correction», selon les termes du professeur.
L'élève est alors pris à partie par plusieurs jeunes sollicités par l'enseignant. Gifles, coups de poing, «écrasements de tête» : le garçon a raconté à l'audience avoir subi pendant environ deux heures les coups de ses agresseurs, qui ne se seraient interrompus que pour lui donner de l'eau ou un mouchoir, avant de le ramener chez lui, ensanglanté.
A son retour, son beau-père feint de ne pas voir son visage tuméfié, yeux boursouflés et lèvres éclatées, selon une photo montrée à l'audience. Il est finalement conduit à l'hôpital à la demande de sa mère.
12 mois de prison pour violences volontaires avec séquestration
Comparaissant devant le tribunal correctionnel de Pontoise le 8 mars, l'enseignant a été condamné à 12 mois de prison dont quatre avec sursis. Trois autres prévenus, le frère du condamné âgé de 20 ans, et deux animateurs employés par la ville âgés de 24 et 29 ans, étaient jugés pour avoir participé à l'agression de l'élève : ils ont été condamnés à des peines allant de six à huit mois dont quatre avec sursis, supérieures aux réquisitions.
Les quatre hommes comparaissaient pour des violences volontaires sur mineur avec séquestration, tandis que le beau-père de la victime, absent à l'audience, devait répondre de non-assistance à personne en danger.
Ce dernier, qui sera jugé dans une autre procédure pour des violences sur son beau-fils, régulièrement frappé à coups de câble électrique, a en effet donné son accord à la «correction», à condition qu'«on ne lui fasse pas de marques [sur le corps]».
Au lendemain de l'agression, l'un des prévenus s'est présenté chez la mère de l'adolescent et lui a donné 100 euros. «Le prix du silence ?», interroge la présidente. «Non, nous étions déjà dans une démarche de regret», assure ce médiateur de la ville, qui soutient n'avoir pas frappé l'enfant. «On parle de mosquée, on fait des raccourcis», déplore le prévenu. «La mosquée, je m'en fiche, ça pourrait se passer n'importe où ailleurs, c'est pareil», rétorque la présidente du tribunal.
Dénonçant une agression «odieuse», relevant selon lui d'un intégrisme «éducatif plus que religieux», Maître Christian Gallon, l'avocat de l'enfant, a fustigé ces «quatre adultes qui ont décidé ce jour-là non pas d'éduquer, mais de maltraiter».
Pour Frédéric Zajac, l'avocat de l'enseignant, qui entretemps s'est vu retirer sa charge, cela «a dépassé ce qu'il souhaitait au départ». Ce dernier a d'ailleurs exprimé des regrets. Assorties de l'interdiction d'exercer une activité en lien avec des mineurs, les peines sont aménageables et les condamnés sont donc ressortis libres du tribunal.
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