Invité le 5 mars, invité de l'émission de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV et RMC, le député La France insoumise (LFI) Alexis Corbière a fustigé de supposées ingérences du président de la République dans le paysage médiatique français.
«Aujourd’hui dans la presse Matthieu Croissandeau, directeur de L'Obs se fait virer parce qu’il a fait une Une qui n’a pas plus à Monsieur Macron, c’est une réalité où pas ?», a-t-il argumenté, en référence vraisemblablement à la couverture du magazine, en janvier, portraiturant Emmanuel Macron barricadé derrière une herse de barbelés, en écho à la politique migratoire française.
L'insoumis a poursuivi : «Deuxièmement, moi je suis administrateur de LCP, La Chaîne parlementaire [une chaîne publique], j’affirme à ce micro qu’actuellement il y a une volonté de reprise en main de la part de Monsieur Macron pour placer un de ses amis, qui s’appelle Bertrand Delais, dont le seul travail est d’avoir fait un documentaire qui est une hagiographie du président, et je ne souhaite pas qu’il soit président de LCP».
Enfin, le député a énuméré, pour illustrer le manque d'indépendance dont, à son avis, souffrent les médias en France : «Troisièmement, le président veut virer Madame [Delphine] Ernotte de France Télévisions pour placer un ami à lui ; quatrièmement la société des journalistes du Parisien [...] s’inquiète du fait que Bernard Arnault, principal actionnaire aujourd’hui, impose des Unes favorables notamment à son ami [Alexandre] Bompard, le PDG de Carrefour, etc.»
«Votre métier est en danger, Bourdin», en a conclu Alexis Corbière, au cours d'un échange animé sur les relations entre le parti de Jean-Luc Mélenchon et les médias.
Si la motivation personnelle des gens qui acceptent une aussi basse besogne m’échappe, le sens de la manœuvre est lui bien clair
L'élu insoumis a enfin plaidé son droit à critiquer la presse, à «être en colère» et à dire que «parfois, de la part de la presse, il y a des comportements qui sont d’une telle distance, d’un mépris des citoyens, pour à juste raison [s'en] indigner».
LFI contre les «manipulateurs médiatiques»
Quelques jours plus tôt, le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, avait dénoncé «l’ampleur de la décomposition morale et professionnelle» du milieu journalistique et «le bashing quotidien» dont son mouvement politique faisait, selon lui, l'objet «depuis six mois pleins». «Si la motivation personnelle des gens qui acceptent une aussi basse besogne m’échappe, le sens de la manœuvre est lui bien clair», avait-il écrit sur son blog.
Rebondissant sur l'emballement de la presse autour des confidences de Laurent Wauquiez enregistrées à son insu lors d'une conférence à l'EM Lyon, Jean-Luc Mélenchon avait décrit un système de contre-feux médiatiques qui aurait pour objectif de faire oublier la dégringolade d'Emmanuel Macron dans les sondages : d'un côté, LFI serait opportunément attaquée sur ses comptes de campagne, tandis que, de l'autre, ce serait l'opposition de droite qui subirait les foudres des «manipulateurs médiatiques».
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