France

Assurance chômage : l'exécutif joue la carte sociale pour ménager ses opposants

Concertation, refus de légiférer par ordonnance... Pour réformer l'assurance chômage, l'exécutif agit avec plus de prudence, allant jusqu'à surenchérir sur les accords passés entre les partenaires sociaux. Une stratégie de pure communication ?

A l'heure de s'attaquer à la réforme de l'assurance de chômage, son second chantier social après la réforme du code du travail, le gouvernement a opté pour une stratégie d’apaisement face aux partenaires sociaux. L'exécutif s'est-il subitement découvert une fibre sociale, ou s'agit-il d'une stratégie de communication ? 

Dans les colonnes du Parisien le 1er mars, le ministre du Travail Muriel Pénicaud donne la part belle au partenaires sociaux, placés cette fois-ci au centre des négociations, alors que le gouvernement a annoncé ne pas vouloir légiférer par ordonnance, contrairement à ce qu'il avait fait pour la réforme du droit du travail. Alors que la popularité d'Emmanuel Macron est en forte baisse, l'heure semble plus que jamais à l'accalmie et au ménagement des potentiels mouvements d'opposition.

«Nous allons respecter ce que les partenaires sociaux ont prévu dans leur accord», assure ainsi Muriel Pénicaud, précisant être «en phase» avec celui-ci. Et pour cause : finalisé le 22 février, cet accord prévoit certes une indemnisation pour les salariés qui démissionnent en vue d'une reconversion professionnelle, mais en restreignant de façon considérable les ayants droit.

De quoi offrir à la ministre le luxe d'annoncer que le gouvernement irait «plus loin» que les partenaires sociaux, avec un droit mobilisable tous les cinq ans au lieu des sept prévus dans le texte. Ou encore de valider la proposition des partenaires sociaux d'indemniser les démissionnaires dans «les mêmes conditions que n'importe quel chômeur», alors que le gouvernement tablait initialement sur un droit minoré.

Une réforme marginale, loin des promesses de campagne

Autant d'annonces a priori positives pour les salariés, qui ne masquent cependant pas le fait que cette réforme reste marginale. Avec les critères retenus par le gouvernement, la mesure concernerait «entre 20 000 et 30 000 personnes par an» et coûterait «quelques dizaines de millions d'euros supplémentaires» par rapport aux 180 millions budgétisés par les partenaires sociaux, selon le ministre.

Ces petits gestes du gouvernement n'élargissent finalement que très peu la série de restrictions imposées par les partenaires sociaux, notamment par le patronat, qui a exclu la quasi-totalité des potentiels souscripteurs. Et reste donc très loin de la réforme ambitieuse annoncée par le mouvement En Marche!, qui avait fait campagne sur l'extension de l'assurance-chômage aux indépendants et à tous les salariés démissionnaires, chiffrant le financement de l'allocation à... 1,4 milliard d’euros annuel.

En revanche, le contrôle des chômeurs, ardemment souhaité par le Medef, est toujours à l'ordre du jour. Le gouvernement va ainsi «tripler les équipes de contrôle de Pôle emploi», qui «vont passer de 200 à 600 agents d’ici à la fin de l’année», selon Muriel Pénicaud. Pour être sûr de débusquer les profiteurs qui «partent aux Bahamas grâce à l'assurance chômage», comme le suggérait un député LREM ?

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