De Gaulle, Pétain, torture en Algérie : Jean-Marie Le Pen publie ses mémoires
- Avec AFP
Le Parisien et Le Point ont publié plusieurs extraits du premier tome des mémoires de l'ancien dirigeant du FN, dont la sortie est attendue le 1er mars. Jean-Marie Le Pen y revient sur sa jeunesse et certains épisodes de l’histoire de France.
Alors que le congrès de refondation du Front national (FN) voulu par Marine Le Pen se profile, son père Jean-Marie Le Pen publiera quelques jours plus tôt, le 1er mars, le premier tome de ses mémoires intitulé Fils de la nation. L’ancien leader frontiste y évoque ses relations difficiles avec sa fille, mais il aborde surtout sa jeunesse et plusieurs épisodes de l'histoire de France.
Pétain «n'a pas failli à l'honneur»
Dans des extraits du livre publiés le 20 février par Le Parisien et Le Point, Jean-Marie Le Pen estime que le maréchal Pétain n'a «pas failli à l'honneur en signant l'armistice» en 1940 et que le général de Gaulle est «une horrible source de souffrance pour la France». Philippe Pétain, devenu président du Conseil en juin 1940, était «légal et légitime» selon Jean-Marie Le Pen, qui écrit qu'il avait «passé avec le Reich un acte régulier et contraignant».
«Que l’on puisse discuter ensuite de la politique de collaboration, de ses fautes, de ses excès, à condition qu’on examine les fautes et les excès de tous, je le veux bien, mais cela ne remet pas en cause ce que je viens de décrire», affirme le fondateur du FN. «Si de Gaulle a eu de la vista, Pétain n’a pas manqué à l’honneur en signant l’armistice», écrit-il encore. «L’opinion majoritaire était d’ailleurs que la France avait besoin d’une épée et d’un bouclier contre les Allemands et je l’ai partagée longtemps, jusqu’au jour où l’écoute de la radio de Londres m’en détrompa. Il m’apparut vite que pour les gaullistes de micro, l’ennemi était à Vichy plus qu’à Berlin», peut-on encore lire dans les extraits.
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De Gaulle «une horrible source de souffrance pour la France»
«Les Français parlaient aux Français pour leur enseigner plus la haine du maréchal que celle d’Hitler. J’en fus atterré. Je ne comprenais pas pourquoi. La raison était pourtant simple : il fallait que de Gaulle abaissât Pétain pour monter lui-même», juge Jean-Marie Le Pen. «[Charles de Gaulle] reste pour moi une horrible source de souffrance pour la France», écrit le toujours président d'honneur du FN qui relate la première fois où il l'aperçut, en 1945 dans le Morbihan : «Je serrai cette main indifférente. Il me parut laid et dit quelques banalités à la tribune tendue de tricolore. Il n’avait pas une tête de héros. Un héros doit être beau. Comme saint Michel ou le maréchal Pétain. J’étais à nouveau déçu.»
«En apparence il y a deux de Gaulle, le rebelle de 1940 et le chasseur de rebelles de 1961. Mais tous les deux, ensemble, forment pour moi un faux grand homme dont le destin fut d’aider la France à devenir petite», juge-t-il encore.
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Guerre d’Algérie : «La gégène et la baignoire»
Jean-Marie Le Pen revient également sur la torture pratiquée en Algérie. «L’armée française revenait d’Indochine. Là-bas, elle avait vu des violences horribles qui passent l’imagination et font paraître l’arrachage d’un ongle pour presque humain. [...] Cette horreur, notre mission était d’y mettre fin. Alors, oui, l’armée française a bien pratiqué la question pour obtenir des informations durant la bataille d’Alger, mais les moyens qu’elle y employa furent les moins violents possibles [...] Y figuraient les coups, la gégène [un générateur électrique] et la baignoire, mais nulle mutilation, rien qui touche à l’intégrité physique.»
«Il est plus que ridicule, il est pervers, il est profondément immoral, de jeter l’opprobre sur des hommes qui ont le courage d’utiliser sur ordre, pour obtenir le renseignement qui sauvera des civils, des méthodes brutales qui leur pèsent, qui leur coûtent», poursuit Jean-Marie Le Pen, qui ajoute que «ni [lui], ni [s]es camarades n’ét[aient] nullement chargés des interrogatoires spéciaux. [...] C’est du bidon, évidemment du bidon, qui ne résiste pas à la plus rapide des analyses».
Jean-Marie Le Pen explique également comment il a perdu son œil gauche : en montant un chapiteau pour un meeting de Jean-Louis Tixier-Vignancour, candidat d'extrême droite à l'élection présidentielle de 1965.
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