France

«Pas de volonté politique d'écarter la presse» ? Macron déménage la salle de presse hors de l'Elysée

La présidence a fait savoir que la décision de déménager la salle de presse de l'Elysée hors du palais était purement fonctionnelle. Le Syndicat national des journalistes, néanmoins, n'a pas hésité à voir dans cette décision un «bannissement»...

C'est toute une page de l'histoire des relations entre l'Etat et la presse qui se tourne : installée depuis 40 ans dans l'enceinte du palais présidentiel, la salle de presse de l'Elysée va être fermée en raison d'une décision unilatérale de la présidence. Un nouveau local va être mis à disposition des médias dans une annexe, hors du Palais.

La salle de presse de l'Elysée avait été installée à l'intérieur des murs du Palais, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, avant d'être transférée en 1984 sous François Mitterrand dans une salle donnant sur la cour d'honneur, dans un souci de transparence.

Selon Sibeth Ndiaye, la conseillère communication d'Emmanuel Macron qui en a fait l'annonce le 14 février, ce déménagement a pour but de faciliter le travail des journalistes. «La présidence a décidé d'un déménagement de la salle de presse afin d'augmenter sa taille», a-t-elle assuré, précisant que la décision, validée par Emmanuel Macron, avait été prise «pour une raison fonctionnelle». Et d'ajouter, pour couper court aux protestations de la profession, qu'il ne fallait surtout pas y voir une «volonté politique d'écarter la presse».

Cela n'a pas empêché le Syndicat national des journalistes de s'indigner, dans un communiqué, d'un «bannissement» de la presse «qui risque de faire tache dans [le] quinquennat», évoquant même un «déni du droit des citoyens à être informés.» «Quelle est cette conception de la démocratie qui consiste à "privatiser" l’Elysée en se débarrassant de tout témoin des activités qui y sont exercées ?», déplore le syndicat.

Macron et la presse : une relation compliquée

Ainsi, le désamour maintes fois affiché par Emmanuel Macron envers la presse pourrait-il avoir joué un rôle dans cette décision ? Le 5 septembre 2017, lors d'un déplacement dans une école à Forbach (Moselle), le président de la République avait lancé : «Les journalistes ne m'intéressent pas, ce sont les Français qui m'intéressent, c'est ça qu'il faut comprendre», rétorquant ainsi à un journaliste qui lui demandait pourquoi il «parlait peu».

En outre, Emmanuel Macron a reproché à plusieurs reprises aux journalistes de générer des polémiques en sortant des phrases de leur contexte. Ainsi en septembre toujours, il s'attaquait à la profession qui se serait attardée sur son propos sur les «fainéants», laissant échapper à cette occasion le fil de sa pensée. Une pensée qu'il estime toutefois trop «complexe» pour les journalistes, comme l'avaient déjà expliqué ses proches en juin dernier pour justifier qu'il ne se prête pas à la traditionnelle interview télévisée du 14 Juillet.

Néanmoins, une certaine presse people trouve grâce aux yeux d'Emmanuel Macron, qui n'hésite pas à l'abreuver de «paparazzades» sous contrôle (comme lors d'une balade dans les dunes du Touquet cet été). Par ailleurs, le journaliste de France 2 Laurent Delahousse a réalisé une interview du président de la République, suffisamment peu incisive pour que les opposants à Emmanuel Macron en dénoncent le ton «déferrent». Cela n'aurait-il donc pas suffi à réconcilier le président avec la presse ?

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