Pas facile pour une majorité à l'Assemblée nationale forte de plus de 300 membres de maintenir une cohérence idéologique. Certains sujets mis en avant par La République en marche (LREM) crispent jusque dans les propres rangs du parti, d’autres ne sont pas abordés au grand regret de certains parlementaires. Jean-Michel Clément, député de la troisième circonscription de la Vienne, ex-PS aujourd’hui sous l’étiquette LREM, rumine ainsi de ne pas faire peser sa sensibilité d’homme de gauche dans les débats. Le député aurait par conséquent fait entendre son désir de voir émerger un nouveau groupe parlementaire au sein de la majorité.
«J'appelle de mes vœux la constitution d'un groupe et même de plusieurs groupes»
Jean-Michel Clément s’est confié lors de ses vœux rituels à Montmorillon, le 4 janvier, comme le révèle le quotidien régional de la Vienne Centre Presse, le 9 janvier. «Il y a des positions très nuancées au sein de la majorité et nous voulons peser sur un certain nombre de projets», a expliqué le député.
«Ça finira inéluctablement par la création d'un groupe parlementaire. Regardez mes collègues du MoDem, ils ont une très belle vie de groupe... Alors oui, j'appelle de mes vœux la constitution d'un groupe et même de plusieurs groupes. On peut mieux débattre à 30 ou à 40 qu'à 300», a-t-il poursuivi.
Jean-Michel Clément a aussi pris l’habitude de réunir une trentaine de personnes, incluant Brigitte Bourguignon, la présidente de la commission des Affaires sociales, également ex-socialiste. «Il y a des positions très nuancées au sein de la majorité et nous voulons peser sur un certain nombre de projets», a-t-il confié au quotidien régional.
Des lignes de clivage se dessinent chez les Marcheurs
Jean-Michel Clément a particulièrement fui cet été les bancs de l'Assemblée, dont les débats ne l'inspiraient guère. Il a estimé la loi de moralisation politique «futile» et «intellectuellement pauvre», la réduction des APL «inacceptable», selon des propos rapportés par France Info et La Nouvelle république cet été. Il a aussi déploré l'inscription de l'état d'urgence dans le droit commun et la dérive du projet de loi sur l'immigration «vers une option sécuritaire». Il compte aussi un désaccord sur le parc éolien qu’il ne veut pas voir se développer de manière extensive dans la Vienne. De nombreux clivages, d'importance variable, semblent ainsi se dessiner entre les marcheurs de tendance social-démocrate et les députés LREM de centre-droit.
Il n'y a pas beaucoup d'intérêt à siéger dans cette majorité pléthorique
«Il n'y a pas beaucoup d'intérêt à siéger dans cette majorité pléthorique, où on nous impose un devoir de silence», avait-il critiqué cet été auprès de France Info. «Passer son temps sur un banc à ne rien dire, ce n'est pas l'idée que je me fais de la vie parlementaire», avait déclaré le député après seulement trois mois de mandat du président Emmanuel Macron. Aux reproches relatifs à son absence dans l'hémicycle, il avait argué devoir s’occuper de sa circonscription et compulser des dossiers sur les techniques de renseignement.
Cet été, il avait déclaré prévoir être plus impliqué dans la vie parlementaire à la rentrée 2017 : «Il y aura de très beaux sujets comme le droit d'asile pour lesquels mon enthousiasme reviendra.»
Brigitte Bourguignon a d'ailleurs marqué son désaccord le 9 janvier avec la circulaire sur les hébergements d'urgence émise par le ministère de l'Intérieur, semblant abonder dans le même sens.
Le groupe LREM étouffe en tout cas les velléités de fronde en son sein : son règlement intérieur oblige les députés macronistes à suivre les consignes de vote du groupe et à ne pas évoquer ce qui se dit en réunion de groupe. Son article 16 révélé par LeCanard enchaîné en juin 2017, impose ainsi aux députés-marcheurs de ne pas cosigner d’amendements ou de propositions de loi «issus d’un autre groupe parlementaire», une consigne toutefois similaire à celle du groupe socialiste entre 2012 et 2017.