France

Motion de défiance votée à LCP: le retour de Frédéric Haziza, accusé d'agression sexuelle, passe mal

Marie-Eve Malouines et Eric Moniot, les dirigeants de La Chaîne Parlementaire, ont fait l’objet d’une motion de défiance votée à la quasi unanimité, en réaction à leur décision de rappeler le journaliste Frédéric Haziza, accusé d’agression sexuelle.

«Faites-vous encore confiance à Marie-Eve Malouines et Eric Moniot pour gérer La Chaîne Parlementaire ?» A cette question, 25 salariés sur les 26 votants appartenant à la Société des Journalistes (SDJ) de La Chaîne Parlementaire (LCP) ont répondu «non», un désaveu cinglant pour les dirigeants de la chaîne. En cause : leur décision de réintégrer Frédéric Haziza, journaliste phare pourtant accusé d’agression sexuelle en novembre par une de ses collègues. Une enquête judiciaire vise actuellement ce journaliste.

Certains salariés ont expliqué avoir dénoncé d'autres comportements totalement inappropriés

Frédéric Haziza revient le 11 janvier à l'antenne après seulement un mois et demi d’absence : une sanction bien clémente que les journalistes membres de la SDJ ont contesté dans une première lettre le 22 décembre, puis dans un communiqué publié le 8 janvier. «La décision de la direction de LCP, Marie-Eve Malouines et Eric Moniot, de réintégrer Frédéric Haziza au sein de la rédaction, malgré l'ouverture d'une enquête préliminaire après la plainte déposée par une de nos collègues pour agression sexuelle, nous choque», ont-ils protesté. Une enquête interne diligentée par la chaîne, par le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail de LCP, qui blanchit Frédéric Haziza, n’a pas convaincu les journalistes de la SDJ.  

La décision de lui permettre de revenir si rapidement leur paraît d’autant plus incompréhensible que s’il est visé par une seule plainte, Frédéric Haziza fait l’objet d’accusations d’autres consoeurs. «Elle nous choque d'autant plus que certains salariés ont expliqué avoir dénoncé d'autres comportements totalement inappropriés de la part de Frédéric Haziza après 2014 et ne pas retrouver leur témoignage dans le "rapport" d'enquête interne [...], ce qui ôte à ses conclusions toute valeur et ne permet pas de justifier du retour de l'intéressé à l'antenne compte tenu des risques d'atteinte à la santé physique ou mentale des salariés», ont-ils poursuivi.

La SDJ avait demandé un retrait de l'antenne ainsi qu'une mise à pied à titre conservatoire de Frédéric Haziza. Ses membres espèrent que le résultat du vote de la motion de censure pourra remettre en cause la décision de la direction de LCP.

S'agissant du retour de Frédéric Haziza, les journalistes n’ont pas encore statué sur l’attitude à adopter. «Certains médias ont parlé de grève, mais on ne sait pas encore. On va devoir se réunir pour en parler», a confié l’un d’eux au magazine l’Express.

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Des aveux sous formes d'excuses

Le journaliste avait été accusé d'agression sexuelle par une de ses anciennes collègues, Astrid de Villaines, qui a déposé plainte le 19 novembre 2017, selon des informations du site BuzzFeed datant du 21 novembre.

Frédéric Haziza avait reconnu des gestes ambigus sur la personne de sa collègue dans un post publié sur Twitter le 21 novembre 2017 : «L'avertissement qui m'a été signifié il y a 3 ans, le 20 novembre 2014, m'a fait prendre conscience de l'ambiguïté de certains gestes.» Il avait juré avoir amendé sa conduite depuis cette date.  

La plainte d'Astrid de Villaines portait sur un incident datant du 20 novembre 2014. Elle avait demandé à son confrère de libérer le passage pour pouvoir rejoindre son bureau, ce dernier insistant pour qu'elle passe devant lui, sans qu'il ne bouge. Après qu'elle se fut exécutée, Frédéric Haziza avait tendu son bras droit, autour de sa taille. «Sa main s'est alors retrouvée au niveau de mes fesses, côté gauche, en l'appuyant fortement. Dans le même temps, Monsieur Haziza m'a pincé la fesse gauche», avait-elle rapporté, en même temps que d'autres harcèlements. Des accusations confirmées par plusieurs témoins en poste à la chaîne à ce moment-là.

La journaliste qui s’était dévoilée au moment du mouvement #balancetonporc a remercié en novembre ses nombreux soutiens durant sa démarche.

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