France

Critiqué par Marianne, l'humoriste Yassine Belattar voit ses sketchs annulés dans plusieurs villes

Accusé par Marianne de «déni de l'islamisme» et de penchants racialistes, l'humoriste et animateur de Radio Nova doit faire face à plusieurs annulations de spectacles. Il dénonce un article «mensonger» lui conférerant une image sulfureuse trompeuse.

Pris dans une tempête médiatique, Yassine Belattar, humoriste et animateur à Radio Nova, a fait savoir sur Facebook le 21 décembre que plusieurs de ses spectacles, Ingérable, avaient été annulées. L'artiste affirme devoir renoncer à se produire, notamment à Marseille, Bordeaux et Nancy.

«Certains tourneurs ont décidé de céder à une image sulfureuse dont je suis victime ces dernières semaines à la suite d'un article mensonger», déplore-t-il, faisant référence en particulier à un article à charge de Mariannepublié le 15 décembre 2017 et titré : «Yassine Belattar, faux clown et vrai danger».

L’hebdomadaire lui reprochait notamment d'entretenir le «déni» de l'islamisme et de tenir un discours de distinction entre les «Blancs» et des «autres». L'auteur de l'article, Martine Gozlan, rédactrice en chef de Marianne, citait d'emblée un fan de Yassine Belattar, comparant celui-ci à l'humoriste controversé Dieudonné : «Il y va fort, tant mieux ! Moi, j'étais un dieudonniste acharné !». Un peu plus loin, la journaliste se demande si Yassine Belattar n'est pas «shooté» au «néoracisme».

Islam, islamisme, musulmans, l'imbroglio raciste de l'antiracisme ?

Habitué des controverses sur les réseaux sociaux, l'humoriste, né en 1982 dans les Yvelines, avait tout particulièrement attiré l’attention médiatique sur lui lors d'un échange musclé avec à Pascal Bruckner le 30 novembre 2017 sur le plateau de l'Emission politique sur France 2. Au cœur de cet échange, une polémique mêlant tout à la fois Manuel Valls, Edwy Plenel, Mediapart et Charlie Hebdo. «Qu'on le veuille ou non, les islamistes se réclament de l'islam, on ne peut pas dissocier les deux», avait martelé l'essayiste Pascal Bruckner, défendant en même temps Manuel Valls et les Unes polémiques de Charlie Hebdo contre Edwy Plenel.

Une assertion que Yassine Belattar s'est efforcé alors de contrecarrer malgré les interruptions de l'ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, également présent sur le plateau de télévision. «Le jargon utilisé par Manuel Valls est celui d'une guerre», finit-il par lancer.

Le 15 novembre 2017, dans le cadre de l'émission Bourdin direct sur BFMTV, l'ancien Premier ministre Manuel Valls avait violemment fustigé le patron de Mediapart, Edwy Plenel, qui avait accusé la une du dernier numéro de Charlie Hebdo sur Tariq Ramadan de «mener une campagne générale contre les musulmans». «Je veux qu'il recule, je veux qu'il rende gorge, je veux qu'il soit écarté du débat public», avait-il fulminé, prenant soin d'ajouter : «Non pas par l'interdiction.». «Cette guerre, cette bataille d'idées, c'est celle-là que nous menons», avait-il encore martelé.

Deux jours plus tard, le 17 novembre, encore sur BFM TV, Yassine Belattar s'indignait : «Si à chaque fois qu'il y a un débat, ça finit entre Riss [directeur de la rédaction de Charlie Hebdo] et Plenel, ça devient grave dans ce pays». 

Un humoriste accusé de proximité avec l'idéologie islamiste

Surfant sur le buzz médiatique provoqué par son clash contre Pascal Bruckner, des internautes ont exhumé ces dernières semaines des archives, comme celle où Yassine Belattar anime un dîner du Collectif contre l'islamophobie en France, régulièrement accusé de proximité avec l'idéologie islamiste. D'autres lui ont reproché une photo, prise la même soirée, sur laquelle il est tout sourire avec, en arrière-plan, le théologien musulman Tariq Ramadan, accusé par ses détracteurs d'être partisan d'un islam politique. 

Yassine Belattar, qui se dit musulman mais aussi patriote français, s'était défendu de faire la promotion médiatique de l'islamisme ou encore des Frères musulmans : «Pour ce qui est des Frères musulmans, j’en suis aussi proche que de Batman.»

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