France

Béziers : un élu de l'opposition accuse Robert Ménard d'avoir fait exploser les frais de justice

Un élu de l’opposition à Béziers a transmis à la presse le montant supposé des frais de justice de la ville, depuis l'élection de Robert Ménard. Les nombreux procès atteignent un total de 570 082 euros, des chiffres contestés par la mairie.

Les nombreuses décisions et opérations de communication polémiques de Robert Ménard, le maire de Béziers (Hérault), l'amènent souvent devant les tribunaux. Mathématiquement, cela se traduit par une augmentation substantielle des frais de justice de la ville. Entre avril 2014, date de son arrivée à la mairie, et novembre 2017, ils s’élèveraient à 570 082 euros, selon les calculs de Pascal Resplandy, élu local d'opposition Les Républicains (LR) et expert comptable. Ils crèveraient les plafonds habituels pour les villes françaises de cette taille.

On est à mi-mandat, je veux alerter le maire de Béziers pour lui dire je pense qu’il faut arrêter ses extravagances

Sur les ondes de France Bleu, le 13 décembre, il a mis en garde Robert Ménard, élu avec le soutien du Front national (FN) : «Pour donner une idée, [ces sommes] c’est deux kilomètres de voirie, c’est cinq kilomètres de trottoir, c’est trois ou quatre écoles rénovées. Je pense que Béziers ne peut pas se permettre ces dépenses. On est à mi-mandat, je veux alerter le maire de Béziers pour lui dire je pense qu’il faut arrêter ses extravagances.» 

Sur les 570 082 euros évoqués par Pascal Resplandy, 120 000 correspondraient à des frais imputables à la municipalité précédente. Le reste concernerait les procédures judiciaires à répétition dues aux décisions controversées ou aux campagnes d'affichage choc de Robert Ménard.

Parmi ces décisions, on retiendra notamment le projet de création d’un groupement de volontaires censés patrouiller dans les rues de Béziers, annoncée par le maire en décembre 2015. Le tribunal administratif de Montpellier a annulé la délibération municipale qui en était à l’origine, et les frais de justice se sont élevés à 3 602 euros, selon l'expert comptable LR. Les procès avec le quotidien Midi Libre auraient coûté 40 000 euros à la ville. La note, en frais d’avocat, de l'affaire du fichage ADN des chiens (la mairie bitteroise s'est vu refuser la traque génétique des déjections canines) serait montée à 16 090 euros.

Les frais de conseil sont aussi pris en considération. Pour un procès qui n’a finalement pas eu lieu, l'intervention de l’avocat parisien dispendieux Gilles-William Goldnadel aurait coûté 18 000 euros – la facture eût été moindre avec un homme de loi local.

Mais les procès dus aux «extravagances» de Robert Ménard, comme les qualifie Pascal Resplandy, ne sont pas les seuls à faire grimper l’addition. L'élu révèle également une augmentation des contentieux au sein même de la mairie, passant de 5 340 euros en 2014 à plus de 51 000 euros sur l'exercice 2017.

La mairie réplique

Pour la municipalité, néanmoins, les procès en série sous l'autorité de Robert Ménard coûteraient moins que les affaires de la mandature précédente. Elle affirme avoir dépensé 143 718 euros par an (soit 538 941 euros) depuis l'élection de Robert Ménard en mars 2014, une somme légèrement inférieure aux 570 082 évoqués par Pascal Resplandy. Et la mairie de préciser encore que sous la mandature précédente, ces dépenses s'élevaient à 152 139 par an. «La municipalité actuelle dépense moins que la précédente en frais de justice, et ce malgré le fait qu’elle soit durement et fréquemment attaquée», répond la ville sur son site.

Une affirmation qui a fait bondir Pascal Resplandy, qui estime que ce sont «des chiffres bidons». L'ancien maire Raymond Couderc (UMP), a également formellement démenti ces données, et assuré qu’il n’y a jamais eu autant de procès que durant le mandat de Robert Ménard.

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