«Ça y est ils arrivent» : la nouvelle campagne anti-migrants de la mairie de Béziers fait scandale
Dans un photomontage choc diffusé dans les rues de Béziers le 11 octobre, le maire Robert Ménard dénonce la création par l'Etat de nouvelles places d'accueil pour migrants. Une affiche qui n'a pas manqué de susciter de vives réactions sur Twitter.
Robert Ménard a encore frappé : à peine plus d'un mois après le tollé provoqué par ses propos sur l'identité «européenne, blanche et catholique» de la France, l'édile de Béziers a généré une nouvelle polémique, mardi 11 octobre, en dévoilant une campagne contre la venue de migrants dans sa ville.
Sur le photomontage en question, une horde de jeunes migrants de sexe masculin font face à la cathédrale Saint-Nazaire de Béziers, au milieu des slogans : «L'Etat nous les impose», «Ça y est ils arrivent...» et «Les migrants dans notre centre-ville». Dans une publication sur Twitter dévoilant l'affiche, le maire du sud-ouest de la France a ajouté : «Nous informons la population.»
Les #migrants arrivent chez nous à #Béziers. L’État nous les impose !
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 11 octobre 2016
Nous informons la population. pic.twitter.com/isFHPUOIF5
La révélation de cette nouvelle campagne a suscité de nombreux remous sur les réseaux sociaux. Du côté des journalistes, le rédacteur en chef du magazine Alternatives économiques a déploré que l'ancien président de Reporters sans frontières puisse être à l'origine de ces affiches...
Béziers se prépare accueillir quelques migrants... Quand on pense que Robert Ménard a été président de RSF... Comment peut-on tomber si bas? pic.twitter.com/ZydQuFPkHm
— Guillaume Duval (@gduval_altereco) 11 octobre 2016
... tandis que Samuel Laurent, du Monde, a enjoint aux adversaires de Robert Ménard de ne pas entrer dans le jeu de celui-ci en réagissait à sa «dernière petite saleté».
Ou l'on rappellera que l'edile de Beziers se nourrit de provocs et se délecte de vous voir réagir à sa dernière petite saleté
— Samuel Laurent (@samuellaurent) 11 octobre 2016
L'organisme SOS Racisme, de son côté, a souhaité souligner le décalage entre le nombre de nouveaux migrants devant être accueillis à Béziers et celui des habitants de la ville.
Ménard veut faire paniquer les 75 000 habitants de Béziers pour 40 nouveaux demandeurs d'asile accueillis... #FNpic.twitter.com/7ANAXhIwtx
— SOS Racisme (@SOS_Racisme) 11 octobre 2016
En outre, un conseiller départemental de l'Hérault «élu avec le soutien du FN» a salué la nouvelle campagne municipale, permettant selon lui aux citoyens d'être informés du projet d'installation de migrants conduit par l'Etat.
L'état nous impose les migrants dans le centre-ville de #Béziers ? @RobertMenardFR lance une campagne d'information. pic.twitter.com/zSchsir7Cp
— Franck Manogil(@franck_manogil) 11 octobre 2016
La Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra) a saisi le procureur de la République de Béziers devant «ce qui constitue de manière flagrante une provocation à la haine», a-t-elle annoncé mardi soir dans un communiqué, relayé par l'AFP.
«Dans la période que nous connaissons, les ciblages répétés de personnes ou de groupes à raison de leur origine ou de leur croyance, ne saurait être acceptée. Elle est d’autant plus grave lorsqu’elle est le fait d’un élu de la République», souligne la Dilcra.
«1940, Allemagne Nazie ? Non 2016, République Autonome de Béziers»
De nombreux utilisateurs de Twitter ont manifesté leur indignation face à ces affiches anti-accueil des migrants, les associant aux années 30 et au nazisme...
Il est sérieux @RobertMenardFR ? Ça va trop loin là, faut l'arrêter ce fou il s'est cru en 1939 ?! Il fait honte à la France ! #Bézierspic.twitter.com/rJPjghS2Ff
— Valentin Manigot (@ValentinMng) 11 octobre 2016
1940, Allemagne Nazis ? Non non 2016, République Autonome de Béziers#Menardpic.twitter.com/Gna3Is7xB8
— Flo (@fco6464) 11 octobre 2016
... ou tournant en dérision le caractère grotesque, selon eux, du photomontage.
[Freelance] Projet d’affiche rejeté pour @Agglo_Beziers https://t.co/qWC2E58uQq
— Adrien Havet (@adhavet) 11 octobre 2016
Superbe réponse d' @ApresLaPub à l'affiche fasciste de @RobertMenardFR#Beziers https://t.co/rSmBeDBmZd
— Le Cab. © (@Cabinet_Noir) 11 octobre 2016
D'autres internautes ont rappelé qu'une image similaire avait été utilisée dans le journal de la mairie de Béziers en 2015 – employant déjà, alors, la menace : «Ils arrivent !»
@Padre_Pio@MaitreMo au fait, déjà en 2015... https://t.co/YhTOvESooVpic.twitter.com/yX0Z9Xdtf3
— Justice Cordier (@Justice_Cordier) 11 octobre 2016
Des internautes, enfin, ont dénoncé le caractère excessif des réactions indignées à la nouvelle campagne de Robert Ménard.
Aux anti Ménard: oui il est pas gentil, mais qdles Français de souche subissent chaque jours agressions, vols, CAF,.. c + gentil tout ça?
— levoisindenbas(@levoisindenbas) 11 octobre 2016
@seifeddinetr Des "affichesnauséabondes" plus graves que les passeurs ou terroristes...
— LSRandom(@ls_random) 11 octobre 2016
La gauche a le sens de la mesure.#Béziers#Menard
#Béziers vous vous moquez bcpde #Ménard et vous avez raison, mais la question de fond -les migrants qui veulent rejoindre le RU- demeure.
— Stef' (@Ikiroh) 11 octobre 2016
40 nouvelles places prévues dans un site d'accueil du centre-ville
Les affiches, placardées dans les rues de Béziers, font référence au projet d'installation de nouveaux migrants dans le centre-ville. Dans un communiqué publié le vendredi 7 octobre, l'équipe municipale avait annoncé qu'«un nouveau Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile (CADA) ouvrirait très prochainement. Un de plus. Et en plein centre-ville». Une décision de l'Etat décrite comme un «coup de poignard dans le dos des Biterrois» par la mairie.
Dimanche, le journal Le Midi Libre avait précisé que le projet ne concernait pas un nouveau centre d'accueil de migrants, mais l'extension d'un centre déjà existant, «le Cada de la Cimade (rue de la Rotonde), qui va offrir 40 places de plus à des demandeurs d'asile». Cet établissement accueille déjà, pour l'instant, 50 migrants.