France

Dealer couvert par l’immunité diplomatique : le Quai d’Orsay promet de réagir

L'attitude d'un jeune dealer camerounais de Villejuif mitraillant la police d'insultes et se vantant d'être «intouchable» grâce à son immunité diplomatique a fait réagir certains politiques ainsi que le Quai d'Orsay.

«Hey bande de fils de p…! Baissez les yeux ! Baissez les yeux p…! Vous êtes chez moi ici, vous ne pouvez rien contre moi» : le dealer camerounais qui insulte la police impuissante face à son immunité diplomatique ne restera peut-être pas intouchable très longtemps. Contacté par l'AFP, le quai d’Orsay a fait savoir qu’il était «informé» du «dossier» et qu’il allait y adapter une réponse. Selon les informations du quotidien le Parisien, le ministère des Affaires étrangères a fait savoir qu’il allait étudier «les mesures susceptibles d’être prises à l’encontre de cette personne pour les faits qui lui sont reprochés».

Valérie Pécresse, la présidente (LR) de la région Ile-de-France est très vite montée au créneau. Elle a tweeté le 20 décembre : «On ne peut défier impunément nos lois». Elle a exigé «une réaction immédiate» du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb.

Autre réaction, celle du maire (LR) de Villejuif, Franck Le Bohellec, qui a aussi fait part de son inquiétude dans une lettre adressée au garde des Sceaux le 20 décembre. «Les troubles sont importants dans le quartier», a-t-il expliqué. «Je sais la sensibilité de la question de l’immunité diplomatique, aussi je ne me permets pas d’émettre auprès de vous quelques demandes précises que ce soit comme l’interpellation diplomatique et la demande d’expulsion du territoire. Cependant, je suis certain que le gouvernement aura à cœur de trouver très rapidement les solutions adaptées pour rétablir la République dans ses prérogatives et réaffirmer l’ordre public», a-t-il poursuivi.

Suspecté de livraisons de cannabis, le dealer avait été interpellé à son domicile de Villejuif le 14 décembre par les policiers du Kremlin-Bicêtre selon le quotidien Libération. Mais il a été relâché séance tenante après que le ministère des Affaires étrangères a confirmé son immunité, et que le parquet a ordonné «sa libération immédiate». La police a même dû restituer les 480 euros trouvés durant la perquisition. Le lendemain, même scénario, le jeune homme avait accueilli les policiers de la brigade anticriminalité venus patrouiller dans la cité de Villejuif par un florilège d’insultes et les a menacés de mort face à un attroupement. Les agents avaient alors battu en retraite, conscients qu’ils ne pouvaient rien contre lui.

L'immunité diplomatique est un statut très protecteur offert par les Etats aux diplomates et à leurs familles basés à l'étranger. Elle leur permet notamment d'échapper à des poursuites judiciaires à l'étranger, ils ne peuvent donc être ni arrêtés, ni détenus. Ces principes ont été inscrits dans dans la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques du 18 avril 1961. Elle a pour but d’éviter les pression que pourraient exercer le pays d'accueil sur le personnel diplomatique étranger. Le pays d'accueil peut demander aux autorités du pays d'origine de lever l'immunité en cas d'infraction grave. Le Quai d’Orsay l’a par exemple demandé en 2014 à propos d’un adolescent congolais fils d’un diplomate accusé par plusieurs jeunes filles d’agressions sexuelles.

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