France

Merah : Squarcini admet un «échec» des renseignements et revient sur la théorie du «loup solitaire»

Au procès du frère de Mohamed Merah, l'ex-chef des renseignements Bernard Squarcini a admis des erreurs dans la surveillance du terroriste, rejetant toute responsabilité personnelle et estimant avoir été mal compris en parlant de «loup solitaire».

Mohamed Merah était fiché S depuis 2006 et avait fait l'objet de différentes enquêtes sans que sa dangerosité ne soit jamais détectée. Le 19 octobre, l'ex-patron du renseignement français, Bernard Squarcini, a reconnu l'«échec» des services secrets, lors du procès du frère de Mohamed Merah, Abdelkader Merah. Il a néanmoins nié toute responsabilité personnelle.

C'est l'une des questions qui tiennent le plus à cœur les familles des victimes des tueries de Mohamed Merah depuis cinq ans : pourquoi le terroriste n'a-t-il pas fait l'objet d'investigations plus poussées avant son passage à l'acte ? Bernard Squarcini était appelé à la barre pour répondre à cette question. «Je pense qu'il y a eu des retards dans le déroulement de l'enquête. Des ratés? Je ne sais pas.» Celui qui est aujourd'hui préfet hors-cadre l'admet toutefois : «Il y a eu des retards, je suis un des premiers à l’évoquer, bien sûr que c’est un échec et à tous les niveaux», ajoutant que les renseignements en avaient «tiré les conséquences».

«Après la tuerie de Montauban [où trois militaires avaient été exécutés], où je reprends le manche, [...] j'ai été l'un des premiers à tourner la piste de l'extrême droite», a-t-il affirmé. «Pour moi, quand on tire sur les militaires d'un régiment qui revient d'Afghanistan, c'est automatiquement la piste islamiste», a-t-il fait valoir, mettant en cause implicitement l'enquête conduite alors par la police judiciaire, la sous-direction antiterroriste et les parquets de Toulouse et Montauban.

La thèse du «loup solitaire» : une incompréhension ?

Quant à l'interrogatoire de Mohamed Merah à son retour du Pakistan par ses services, qui l'avaient finalement jugé inoffensif et avaient envisagé son recrutement comme informateur, Bernard Squarcini affirme ne pas avoir été au courant de la réunion. Il assure également que les demandes de judiciarisation du dossier Merah et la note le ciblant avant la tuerie de l'école juive, adressées par le directeur de l'antenne régionale du renseignement de Toulouse, ne lui sont pas parvenues personnellement. «Il n'y avait pas assez d'éléments dans le dossier pour le transmettre à la justice», rajoute-t-il. 

Bernard Squarcini est également revenu sur la thèse du «loup solitaire» qu'il avait jadis professée, affirmant avoir été alors mal compris : «Je suis désolé si mes propos ont été dénaturés.» L'ancien chef du renseignement, rappelant que le tueur avait d'autres cibles prévues a expliqué que «Mohamed Merah a[vait] agi seul pour préserver sa faculté d'exécution, s'inscrire dans la durée.»

Le procès de Abdelkader Merah, frère de Mohamed Merah qui a tué en mars 2012 au nom du djihad trois militaires, un enseignant et trois enfants d'une école juive avant d'être abattu par la police, s'est ouvert ce 2 octobre 2017 devant les assises spéciales de Paris. Abdelkader Merah, ainsi qu'un délinquant toulousain, Fettah Malki y seront jugés en cour d'assise spéciale pour complicité d'assassinats terroristes.  

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