France

L'heure du bilan : François Hollande veut être retenu comme «un honnête homme, un honnête président»

Il avait parlé une dernière fois aux journalistes avant la prise de pouvoir de son successeur Emmanuel Macron, le 12 mai 2017. François Hollande a évoqué, dans cet entretien diffusé le 5 octobre, les frondeurs, ses regrets et son impopularité.

François Hollande n’a jamais été avare d'entretiens avec la presse... jusqu'à la fin de son mandat, depuis laquelle sa voix se fait plus rare. La dernière interview du quinquennat de l'ex-président de la République a eu lieu le 12 mai 2017, dans le cadre d’un documentaire intitulé «François Hollande, dernier jour à l'Elysée».

Dans cet entretien diffusé le 5 octobre sur France 3, à 23h20, il s’est confié aux journalistes Franz-Olivier Giesbert et Sylvain Bergère dans les jardins de l’Elysée, 48 heures avant de quitter le palais de l’Elysée. Pour faire le bilan, François Hollande avait retrouvé ses atours de «président normal», avec un discours sans saillies, en demi-teintes.

Emmanuel Macron a eu des «chances», les frondeurs désavoués

Sur sa succession, François Hollande évoque le mandat qu’il a confié à Emmanuel Macron, et rappelle qu’il l’a fait naître sur la scène politique.

Emmanuel Macron a découvert la politique à mes côtés

«Il fut un conseiller utile, un ministre que j’ai appelé. Il a pensé avoir un destin politique», raconte-t-il. Il rappelle ce que l’actuel locataire de l'Elysée lui doit : «Il a découvert la politique à mes côtés, joué sa partie, construit sa candidature. Les circonstances ont été exceptionnelles. Emmanuel Macron a eu une volonté, une ambition, des circonstances, des chances et beaucoup de malheurs qui ont frappé ses concurrents.»

Il a sûrement perçu qu'il y avait des divisions dans la famille socialiste qui lui permettaient de jouer sa partie

Au sujet de la marche vers le pouvoir de son ancien ministre de l'Economie, François Hollande remarque : «Il a sûrement perçu qu'il y avait des divisions dans la famille socialiste qui lui permettaient de jouer sa partie. C'est ainsi, qu'étape par étape, il a pu construire une candidature. Les circonstances ont été exceptionnelles.»

Ses mots faisant de toute évidence référence aux «frondeurs» opposés à la politique gouvernementale du quinquennat Hollande, aussi mesurés qu’ils soient, masquent mal l'amertume de l'ex-chef d'Etat : «La majorité n’a pas été suffisamment solide, robuste et cohérente. Quand un président est élu sur un programme, la majorité doit soutenir ce programme.»

Déchéance de nationalité, Cahuzac, impopularité... les douleurs d'Hollande

J’aimerais qu’on dise que j’ai été juste dans les choix que j’ai faits, et sincère, et puis que j’ai été honnête

François Hollande considère avoir exercé le pouvoir «calmement, paisiblement, sans exhibition». «J’aimerais qu’on dise que j’ai été juste dans les choix que j’ai faits, et sincère, et puis que j’ai été honnête, voilà – honnête intellectuellement, honnête dans mon intégrité, honnête dans mon rapport aux Français –, que je n’ai rien caché. Voilà, on pourrait dire : "François Hollande, un honnête homme et un honnête président"», estime-t-il.

Mais son mandat n’est pas qu’un satisfecit. Il avoue des regrets, comme celui de la nomination au gouvernement de Jérôme Cahuzac, qui s'avérera reconnu coupable par la justice de fraude fiscale et blanchiment. «Je me suis trompé en nommant des ministres comme Jérôme Cahuzac. Ce fut un moment extrêmement douloureux.»

Autre souvenir désagréable pour l’ancien président : les remous liés à l’impopularité de la loi travail et le passage en force du 49.3. «C’était nécessaire pour la loi Macron et la loi travail. Le contenu de ces textes est bon. Mais nous n’avons pas su faire suffisamment de dialogue social au début. C’est un mea culpa que je fais ici», reconnait-il. Au chapitre des regrets, il estime également avoir fait une erreur en proposant la déchéance de nationalité – un aveu qu'il avait déjà fait, début décembre 2016, lors du fameux discours durant lequel il avait annoncé ne pas être candidat pour un nouveau mandat.

A partir d’un certain niveau d’impopularité, vous n’avez plus rien à perdre

Marqué par une impopularité record (la cote de popularité du président a sombré jusqu’à seulement 15% d’opinions favorables en octobre 2016, selon un sondage BVA), François Hollande en minimise les impacts. «A partir d’un certain niveau d’impopularité, vous n’avez plus rien à perdre», évalue-t-il. «Il faut vivre avec. Cela ne m’a jamais empêché de prendre des décisions. Jusqu’au bout, j’ai décidé ce que je pensais juste pour mon pays […]. De cette impopularité, j’ai tiré la conclusion que je ne pouvais pas être candidat à ma succession», explique le prédécesseur d'Emmanuel Macron. 

Pas de déchaînement des passions sur Twitter

Suite à la diffusion télévisée de l'interview, les réactions des internautes ont afflué sur Twitter, mais à l'image de son discours, rien d'excessif n'a agité le réseau social...

François Hollande a toujours des adeptes, qui lui reconnaissent le statut de grand homme et d’honnête homme, voire le regrettent.

Un internaute assure qu’il a tenu ses promesses de campagne.

D'autres internautes, sans surprise, raillent l'autosatisfaction de l'ex-chef d'Etat.

Ses opposants ont profité de l'occasion pour critiquer l'ancien président socialiste.

 

On observe, enfin, un phénomène surprenant : certains détracteurs sembleraient presque regretter le prédécesseur du président «jupitérien»...