France

Ruffin appelle à attendre les résultats de l'enquête sur Adama Traoré et se fait huer (VIDEO)

Interpellé au sujet d’Adama Traoré, le journaliste et député de LFI s’est montré prudent quant à la version de la famille, qui accuse la police d’une bavure. Après la polémique, il a expliqué avoir proposé de soutenir la famille avec «maladresse».

Le 21 septembre dernier, après les manifestations nationales contre les ordonnances sur la réforme du code du travail, le député de La France insoumise François Ruffin s'était rendu à un meeting au Havre.

Lors de son intervention sur la scène du local où se tenait le meeting, le rédacteur en chef du journal «Fakir» s'est vu offrir un t-shirt «Justice pour Adama» par un militant d'emblée convaincu que François Ruffin «le porterait à l'Assemblée» pour «interpeller le ministère de l’Intérieur sur le cas d’Adama Traoré».

Moi, je crois à l’enquête d’abord [...] Ce à quoi je peux m’engager, c’est à vous recevoir pour que vous me filiez les preuves et que je mène l’enquête pour que j’en sois intimement convaincu

Et là, malaise. Visiblement très embarrassé, François Ruffin se voit contraint de se lancer dans une longue tirade au cours de laquelle il tente d'expliquer qu'il reste prudent quant à la version prônée par la famille d'Adama Traoré.

«Moi, je crois à l’enquête d’abord. Aujourd’hui, je suis sensible aux propos, car j’ai publié un papier mais je ne vais pas me positionner avant d’être intimement convaincu. Je veux faire mon travail. En toute matière, je mène l’enquête d’abord. Ce à quoi je peux m’engager, c’est vous recevoir pour que vous me filiez les preuves et que je mène l’enquête pour que j’en sois intimement convaincu», déclare-t-il avec gêne. Aussitôt, des huées se font entendre dans la salle.

Assa Traoré, la sœur d'Adama prend alors le micro et demande : «Est-ce que pour Rémi Fraisse [militant écologiste mort sur la ZAD de Sivens fin 2014], vous avez pris position ?», Le député de la France insoumise répond alors clairement : «Je n’ai pas pris position pour Rémi Fraisse.»

Cette réaction de François Ruffin a ainsi jeté un véritable froid dans l'auditoire qui était visiblement convaincu d'un soutien inconditionnel du journaliste et député à la version de la famille d'Adama Traoré.

Maladresse

Face à la polémique grandissante, le 26 septembre, le député a tenu à éclaircir sa position sur sa page Facebook, affirmant qu'il avait bel et bien proposé de soutenir la famille d'Adama Traoré, mais qu'il l'avait fait avec «maladresse».

L'Affaire Adama Traoré : un an de rebondissements et de manifestations

Le 19 juillet 2016, Adama Traoré, qui fêtait ses 24 ans ce jour-là, a été interpellé par les gendarmes à Beaumont-sur-Oise. Le jeune homme est décédé peu de temps après.

Sa mort avait provoqué l'embrasement des communes de Beaumont-sur-Oise et de Persan, dans le Val-d'Oise. Durant plusieurs nuits, des groupes de jeunes y ont affronté la police. Depuis la mort du jeune-homme, de nombreuses marches blanches ont été organisées en sa mémoire, la famille accusant les gendarmes d'être responsables de sa mort, ce qu'ils ont toujours contesté.

Le 1er août dernier, l’avocat d’un des trois gendarmes à l'origine de l'arrestation d'Adama Traoré a affirmé que l'interpellation du jeune homme s'était passée dans les règles : «Ce qui est aujourd'hui clairement acté, c’est qu’il n’y a pas de traces de violences. Rien qui puisse être à l’origine du décès. Le menottage et l’immobilisation des jambes n’ont pas entraîné la mort.»

Quelques jours plus tôt, le 23 juillet, trois gendarmes avaient été légèrement blessés par des tirs de mortier à Beaumont-sur-Oise lors d'affrontements avec une quarantaine de jeunes cagoulés après une nouvelle marche organisée à la mémoire du défunt.

Deux jours plus tard, le 25 juillet, la famille d'Adama Traoré a déposé une plainte contre un policier pour «injure publique et diffamation» à l'endroit de son frère, après la diffusion d'une vidéo sur les réseaux sociaux le 24 juillet. La vidéo montre une altercation entre un policier et un jeune homme dans un train au cours de laquelle le policier laisse entendre que Adama Traoré serait «un violeur». 

Trois frères d'Adama Traoré ont par ailleurs été condamnés par la justice notamment pour des violences à l'encontre des forces de l'ordre.

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