Le sénateur Les Républicains (LR) Jean-Pierre Vogel vient de remettre son rapport sur l’application Système d’alerte et d’information des populations (SAIP) pour téléphones mobiles, lancée par le ministère de l’Intérieur après les attentats de novembre 2015. Le dispositif, selon ses conclusions présente «des défaillances nuisant à la fiabilité et à l'ergonomie de l'application».
Conçue «dans l’urgence» après les attaques du 13 novembre 2015, l’application a été mise en place dans la perspective de l’Euro de football en juin 2016. Son but est de permettre de faire parvenir rapidement aux citoyens les informations que les autorités veulent leur donner. Cependant, sa première utilisation lors de l’attentat de Nice le 14 juillet 2016, qui avait fait 86 morts, ne s’était pas révélée fructueuse, le ministère de l’Intérieur avouant lui-même que le premier message d’alerte avait été diffusé tardivement.
Jean-Pierre Vogel s’étonne que les autorités aient privilégié l’utilisation d’un système d’alerte «par un réseau de sirènes devenu totalement obsolète». En effet, le gouvernement y a consacré 80% des crédits prévus afin de couvrir un financement à hauteur de 44,7 millions d’euros de 2012 à 2019. «Ce choix est contestable, les sirènes, initialement installées pour répondre au risque de bombardement aérien pendant la guerre froide, n'étant aujourd'hui quasiment jamais utilisées dans d'autres contextes que ceux des essais hebdomadaires», constate-t-il.
En outre, Jean-Pierre Vogel reproche au système d’alerte de ne pas fonctionner sur tous les téléphones. «Le système devait initialement reposer sur une solution technique permettant la diffusion, en toute circonstance, de SMS d'alerte et d'informations, en liaison avec les opérateurs de téléphonie mobile», estime-t-il. L’application SAIP, téléchargée par seulement 500 000 utilisateurs, ne connaît pas encore le succès escompté par les autorités.
Le 20 avril, pendant l'attaque sur les Champs-Elysées qui a coûté la vie à un policier, l'application SAIP était restée muette. Sur Twitter, la préfecture de police avait assuré qu’il s’agissait d’un choix volontaire. Le même scénario s’était produit lors de l’attaque du Louvre en février, le ministère de l'Intérieur estimant qu'il n'était pas nécessaire de lancer SAIP «en raison de la cinétique de l'événement, de la neutralisation instantanée de l'assaillant, du confinement immédiat des visiteurs».
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