On les appelle déjà les «returnees» (anglicisme formé des mots «return» et «refugees»). Ces Français partis combattre dans les rangs de l'Etat islamique en Irak ou en Syrie, et qui sont de retour dans l'Hexagone, occupent particulièrement les autorités. Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, le reconnaît dans l'édition du 6 août du Journal du Dimanche (JDD). Officiellement, leur nombre s'élèverait à 271, dont20% de femmes et 54 mineurs, soit une faible proportion des quelques 1 910 Français considérés comme djihadistes par l'Etat français en 2016.
Si ce nombre peut paraître relativement faible, c'est que le retour de ces djihadistes n'est pas facilité sur le terrain. En effet, la vigilance de l'Etat islamique, qui piste les déserteurs, et l'imperméabilité accrue de la frontière turco-syrienne, sont des obstacles de taille, nécessitant un solide réseau dont ces individus souvent isolés ne disposent que rarement.
De plus, ces djihadistes français font l'objet d'un traitement judiciaire systématique par le procureur de la République de Paris, assure Gérard Collomb, qui précise en outre que nombre d'entre eux seraient actuellement incarcérés.
«La menace terroriste reste très élevée», prévient toutefois le ministre, qui annonce que sept tentatives d'attentat ont été déjoués depuis le début de l'année. Selon lui, le profil des nouveaux terroristes explique la difficulté à anticiper leurs actes. «Des gens fragiles psychologiquement, qui peuvent passer subitement à l'acte…», précise le ministre. Aujourd'hui, près de 19 000 personnes sont signalées pour radicalisation à caractère terroriste.
Récemment, plusieurs cas d'Européens partis combattre avec l'Etat islamique en Irak et en Syrie ont été médiatisés, à l'instar de cette jeune Allemande originaire de Saxe ayant rejoint les djihadistes irakiens et ayant supplié son pays d'origine de lui permettre de rentrer. Pour d'autres, le combat se poursuit jusqu'au bout. La France aurait d'ailleurs passé un accord tacite avec les forces de sécurité irakiennes, les engageant à faire en sorte que les djihadistes français partis en Irak ne reviennent jamais dans l'Hexagone – c'est-à-dire les autorisant à les exécuter.