France

10 jours avant de Villiers, Florence Parly mettait en garde contre la «déliquescence» de l'armée

Lors de son audition à la commission Défense du Sénat le 3 juillet, le ministre des Armées mettait déjà en garde, avant l'annonce des coupes budgétaires, contre le projet gouvernemental. Elle s'était engagée à «ne rien lâcher» avec Bercy.

«Comment négocier avec Bercy ? Je connais une seule méthode : ne rien lâcher ! Ce n'est pas facile, mais le budget de la défense n'est pas comme les autres, il ne saurait passer sous la toise et subir des rabots dans la situation particulière où nous sommes». 

Ces propos ont été tenus par Florence Parly le 3 juillet devant la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, soit 10 jours avant la polémique causée par le constat similaire fait par l'ex-chef d'état-major des armées  Pierre de Villiers devant la commission défense de l'Assemblée nationale.

Lors de cette audition, repérée par le Canard Enchaîné qui y consacre un article dans son édition du 26 juillet, le ministre des Armées dresse un sombre tableau de l'état des trois armes et insiste sur la nécessité de réinvestir dans ce secteur stratégique. 

«La plupart des véhicules de combat datent des années 1970, et ont été mis à rude épreuve au cours des dernières décennies. La marine nationale et l'armée de l'air connaissent les mêmes tensions, caractérisées par un besoin fort de recrutement et de renouvellement du matériel. Aussi aurai-je à cœur, comme mes prédécesseurs, de poursuivre une politique ambitieuse soutenant nos personnels et améliorant nos équipements», a déclaré Florence Parly devant les sénateurs.

Pour le ministre, de ces «fortes contraintes budgétaires» résulte «une forme d'usure des hommes et des femmes, et de dégradation du matériel, qui dégrade [les] conditions d'intervention».

Le sur-engagement actuel des personnels et le vieillissement du matériel justifient pleinement une augmentation des moyens de nos armées

«Le sur-engagement actuel des personnels et le vieillissement du matériel justifient pleinement une augmentation des moyens de nos armées, d'autant que ceux-ci ont diminué au cours des dix dernières années, dans un contexte qui ne le permettait nullement», a assuré Florence Parly, avant de s'engager à «dégager les moyens financiers nécessaires» pour le redressement de l'institution. 

En effet, sans rattrapage budgétaire, «la déliquescence [pourrait] être rapide, même pour une grande armée», a-t-elle souligné. 

«J'aurai besoin de votre soutien, sans doute dès les semaines qui viennent, car on parle déjà d'annuler certains crédits, alors que nous aurions plutôt besoin de dégels», concluait le ministre.

Sept jours plus tard, le gouvernement rendait public son programme de coupes budgétaires, entérinant la baisse de 850 millions d'euros du budget du ministère de la Défense. Et contrairement à ce qu'elle avait laissé entendre en commission, Florence Parly n'a pas tenu tête à Bercy.

Face à la crise causée par la démission de son chef d'état-major des armées refusant de se plier à cette diète budgétaire, Emmanuel Macron a néanmoins assuré que le budget des Armées connaîtrait une hausse dès 2018, afin de pouvoir atteindre l'objectif de 2% du produit intérieur brut (PIB) qu'il a fixé pour 2025.

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