France

Qui est Pierre de Villiers, ce militaire fan de foot et fervent défenseur du budget de l'armée ?

Personnalité intègre et rugueuse, apprécié de ses hommes, le chef d'état-major Pierre de Villiers, démissionnaire, a constamment défendu depuis plus de trois ans un modèle d'armée équipée et financée pour «couvrir tout le spectre de menaces».

Le général Pierre de Villiers qui a présenté sa démission le 19 juillet, n'a cessé de plaider pour la sanctuarisation du budget, relevé après les attentats de 2015, à l'heure où la France est engagée tous azimuts contre le terrorisme, du Sahel (opération Barkhane) au Moyen-Orient (Chammal) en passant par le territoire national (Sentinelle).

Le discret général est sorti du bois à intervalles réguliers, dans des tribunes ou des entretiens à la presse, déclarant que l'armée était «au taquet», serrait les dents, et ne pouvait plus «faire mieux avec moins».

Sa dernière tribune au Figaro, le 14 juillet, appelait encore à «préserver l'indispensable cohérence entre les menaces, les missions et les moyens». C'est dans un langage beaucoup plus fleuri que Pierre Le Jolis de Villiers de Saintignon s'était exprimé quelques jours avant devant la commission Défense à l'Assemblée à huis clos, assurant qu'il n'allait pas se «laisser baiser» par Bercy et que la situation de l'armée n'était «pas tenable».

Ce sont ces sorties qui lui coûtent son poste aujourd'hui, le président Macron ayant jugé «indignes» ces critiques devant les parlementaires sur les 850 millions d'euros d'économies réclamées cette année aux armées.

La veille du 14 juillet, devant un parterre de militaires, le chef de l'Etat avait sèchement rappelé «Je suis votre chef» avant de recadrer, sans jamais le nommer, son chef d'état-major.

Catholique, républicain et fan de foot 

Issu d'une famille d'aristocrates vendéens à la culture militaire – ses deux grands-pères étaient militaires –, membre d'une fratrie de cinq, Pierre de Villiers est d'abord connu du public comme le frère de Philippe, fondateur du conservateur et souverainiste Mouvement pour la France.

Mais pour les milieux de la défense, c'est l'un des officiers au parcours les plus brillants de sa génération. Officier de l'armée de terre, il a alterné les fonctions opérationnelles à la tête d'unités blindées et les passages à l'état-major des armées. Saint-cyrien, il a notamment servi au Kosovo (1999) et en Afghanistan (2005). Il est aussi le plus jeune général cinq étoiles de l'armée.

Catholique pratiquant, qui se décrivait «laïc et républicain» dans un portrait paru dans Libération en 2014, s'avoue aussi «malade de foot» et supporte le FC Nantes.

«Le foot, c'est l'esprit de compétition, la gagne, mais aussi l'apprentissage que l'individu n'est rien sans le groupe. Ce poste de chef d'état-major, je veux l'utiliser pour aller au contact avec les hommes, me rendre sur le terrain aussi souvent que possible pour discuter avec les uns et les autres. C'est mon carburant», disait-il à Libération. «Un bon chef, c'est celui qui s'intéresse aux autres et comprend ses subordonnés», avait-il ajouté.

L'annonce de sa démission a soulevé une vive émotion dans la classe politique française, qui a dans sa grande majorité salué son engagement, et fustigé l'attitude du président de la République à son égard. 

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