Le chef d'état-major des armées Pierre de Villiers a annoncé le 19 juillet dans un communiqué envoyé à l'AFP avoir présenté à l'issue d'un conseil restreint de Défense sa démission au président Emmanuel Macron, «qui l'a acceptée».
Le nouveau chef d'état-major des armées va être nommé ce 19 juillet en Conseil des ministres selon une source dans l'entourage du chef de l'Etat cité par l'AFP. Cette même source précise qu'un seul nom sera proposé par la ministre des Armées Florence Parly, et ajoute qu'il y a pas eu d'hésitation sur le profil du nouveau chef des Armées.
Le général de Villiers explique dans son communiqué qu'il considère «ne plus être en mesure d'assurer la pérennité du modèle d'armée auquel [il] croit pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd'hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays». Il affirme avoir «pris ses responsabilités» en présentant sa démission au président, qui l'a récemment vivement recadré après ses critiques sur le budget de l'armée.
J'ai estimé qu'il était de mon devoir de faire part de mes réserves
«J'ai toujours veillé, depuis ma nomination, à maintenir un modèle d'armée qui garantisse la cohérence entre les menaces qui pèsent sur la France et sur l'Europe, les missions de nos armées qui ne cessent d'augmenter et les moyens capacitaires et budgétaires nécessaires pour les remplir», déclare le général de Villiers, en rappelant qu'il assumait les responsabilités de chef d'état-major depuis trois ans et demi.
«Dans le plus strict respect de la loyauté, qui n'a jamais cessé d'être le fondement de ma relation avec l'autorité politique et la représentation nationale, j'ai estimé qu'il était de mon devoir de leur faire part de mes réserves, à plusieurs reprises, à huis clos, en toute transparence et vérité» ajoute-t-il.
Il ne voulait pas se faire «baiser» par Bercy
Dans le huis clos de la commission de la Défense à l'Assemblée nationale le 12 juillet, le général Pierre de Villiers avait déclaré qu'il ne se laisserait pas «baiser» par Bercy, qui réclame 850 millions d'euros d'économies aux armées cette année.
Une sortie sévèrement critiquée par Emmanuel Macron le lendemain, qui avait jugé indigne «d'étaler certains débats sur la place publique». «J'ai pris des engagements. Je suis votre chef. Les engagements que je prends devant nos concitoyens et devant les armées, je sais les tenir [...] et je n'ai à cet égard besoin de nulle pression et de nul commentaire», avait-il martelé.
La polémique n'avait alors pas cessé d'enfler les jours suivants. Le 14 juillet, le général avait publié sur son compte Facebook un message lourd de sous-entendus, dans lequel il enjoignait aux nouvelles recrues de se méfier «de la confiance aveugle», estimant que tout le monde avait «ses insuffisances», et que personne ne méritait «d’être aveuglément suivi».
Emmanuel Macron avait en réponse clairement ouvert la porte à un départ du général dans l'édition du 16 juillet du Journal du Dimanche : «La République ne marche pas comme cela. Si quelque chose oppose le chef d'état-major des armées au président de la République, le chef d'état-major des armées change.» Le président de la République avait convoqué Pierre de Villiers le 21 juillet à l'Elysée, sans pour autant préciser l'objet de cette rencontre.
Plusieurs personnalités politiques, de Jean-Luc Mélenchon à Florian Philippot en passant par les ténors de la droite ainsi qu'un député socialiste, avait dénoncé le traitement réservé au chef d'état-major des armées par le président de la République.