Le nouveau gouvernement est «évidemment bâti pour durer» au-delà des législatives, a affirmé le Premier ministre Edouard Philippe sur France Inter, en promettant de s'engager dans la campagne pour fournir à Emmanuel Macron «la majorité dont il a besoin».
«Il y a des élections législatives [...] essentielles, qui conditionnent tout ce qui va se passer par la suite. Mais le gouvernement est là pour gouverner, là pour préparer ce redressement, là pour incarner quelque chose, là pour lancer des projets», a-t-il affirmé.
Fera-t-il campagne pour les candidats du mouvement présidentiel de la République en Marche face aux candidats de son parti, Les Républicains ? «Par définition quand on accepte l'offre du Président de la République [...] on rentre dans une logique nouvelle et on essaie de donner au président la République, et au gouvernement que je dirige, une majorité pour faire avancer le pays», a répondu Edouard Philippe.
«Donc bien sûr je participerai aux élections législatives et bien sûr j'essaierai de donner au président de la République la majorité dont il a besoin», a-t-il poursuivi.
Emmanuel Macron avait affirmé durant la campagne que son Premier ministre, constitutionnellement le chef de la majorité, mènerait la campagne des législatives.
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«L'impératif de transparence absolue ne m'a jamais enchanté à titre personnel»
Le nouveau Premier ministre Edouard Philippe, interrogé sur le projet de loi de moralisation de la vie publique dont Emmanuel Macron a promis le dépôt avant les élections législatives, a expliqué préférer «les règles claires plutôt que l'inquisition».
«Dans le texte qui viendra, nous aurons à définir des règles claires: qu'est-ce qui est autorisé, qu'est-ce qui ne l'est pas. Beaucoup plus que cette transparence absolue dont j'observe d'ailleurs qu'elle suscite questions, questions et questions», a-t-il poursuivi. «Le Garde des Sceaux [François Bayrou] sera chargé de proposer toute une série d'initiatives et je pense que nous irons beaucoup plus loin dans cette voie», a-t-il ajouté. Le 17 mai, François Bayrou a confirmé que le projet de loi serait «sur la table» du Conseil des ministres avant les élections législatives (11-18 juin).
«Le sujet, c'est comment nous rétablissons le lien de confiance entre les Français et ceux qui exercent des responsabilités publiques», a relevé le chef du gouvernement pour qui il est nécessaire d'apporter «des résultats et de la confiance retrouvée».
«Je ne prétends par à l'exemplarité en la matière. Il se trouve qu'à titre personnel je n'aime pas beaucoup parler de ma vie privée et que donc l'impératif de transparence absolue ne m'a jamais enchanté à titre personnel», a déclaré Edouard Philippe, qui n'a pas voté la loi sur la transparence de 2013 et n'avait pas renseigné l'ensemble des demandes dans sa première déclaration d'intérêt et de patrimoine en tant que député en 2014.
Selon le programme du candidat Macron, le projet de loi doit interdire à tout élu ou ministre d'embaucher un membre de sa famille. Sera également interdit aux parlementaires l'exercice d'activités de conseil parallèlement à leur mandat. Emmanuel Macron souhaite aussi l'interdiction de plus de trois mandats identiques successifs, et veut imposer un casier judiciaire vierge aux candidats aux élections.
Notre-Dame-Des-Landes : «Un sujet redoutablement complexe»
Le Premier ministre Edouard Philippe a confirmé la nomination d'un médiateur dans le dossier du projet d'aéroport controversé de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, avant une décision «claire» et «assumée».
«Il y aura un médiateur qui va permettre de mettre l'ensemble des choses sur la table, d'étudier l'ensemble des options, et ensuite nous prendrons une décision qui sera assumée, qui sera claire», a-t-il déclaré sur France Inter. Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, qui sera en charge de l'Energie et des Transports, s'est dit lui opposé à la construction du nouvel aéroport.
«C'est un sujet redoutablement complexe», a affirmé Edouard Philippe, alors que le dossier est bloqué du fait d'une forte occupation sur le terrain et malgré le référendum de juin 2016, favorable au projet. Emmanuel Macron s'est prononcé pour la nomination d'un médiateur qui produira notamment une étude sur la possibilité d'agrandir l'aéroport actuel de Nantes.
Sur un autre sujet sensible pour le nouveau ministre de la Transition écologique, la question de la transition énergétique, le Premier ministre a assuré partager «totalement» le point de vue de Nicolas Hulot, selon lequel «il y a des perspectives extraordinaires en matière de développement des énergies renouvelables».
Mais «nous allons aborder cette question avec pragmatisme», a-t-il souligné.
Rappelant que la France a fait le choix dans les années 1970 «de mettre le nucléaire au centre de sa production électrique», il a indiqué qu'il ne s'agissait pas de «faire table rase du passé». Pour le Premier ministre, qui fut directeur des affaires publiques d'Areva (2007-2010), «la question, c'est de savoir comment on organise pour les 50 ans qui viennent la production d'électricité en France», avec à la fois un «impératif de sûreté et de sécurité qui est primordial», un «impératif de souveraineté» et «le nécessaire impératif du développement des énergies renouvelables».
Selon Edouard Philippe, Nicolas Hulot aura dans ses nouvelles fonctions l'occasion de «mettre en oeuvre des convictions auxquelles il croit».
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