France

En Marche! sur la liberté de la presse : l'équipe de Macron tenterait d'ostraciser RT

Un journal britannique révèle que l'équipe d'Emmanuel Macron considèrerait RT comme «un organe de propagande». A ce titre, elle aurait décidé de ne pas accréditer ses journalistes, les empêchant ainsi d'accéder à son QG le 23 avril.

L'équipe de campagne d'Emmanuel Macron, finaliste de l'élection présidentielle et «chouchou» des médias aux yeux de son adversaire, aurait-elle une vision de la liberté de la presse à géométrie variable ?

RT, ce n'est pas un secret, n'est définitivement pas dans ses petits papiers. Le soir du 23 avril, les équipes de l'ancien ministre des Finances avaient refusé aux journalistes de RT l'entrée du QG de campagne d'En Marche! (EM). Elles avaient alors justifié leur décision en expliquant que les reporters n'avaient pas été accrédités à temps, et qu'il était désormais impossible de les laisser entrer en raison d'un «quota» de journalistes qu'EM pouvait laisser entrer, qui aurait donc été atteint.

«Ce n'est pas un média comme les autres», aurait néanmoins confié au journal britannique The Daily Beast une source au sein de l'équipe d'EM, à propos de RT. «C'est un organe de propagande, c'est pour cela que nous avons décidé de ne pas les accréditer», aurait ajouté cette source, infirmant la version donnée par le service de presse d'EM le 23 avril.

RT France, cible de longue date d'En Marche !

Dès le lancement de sa campagne, l'équipe d'En Marche ! avait pris pour cible RT (ainsi que Sputnik), l'accusant de diffuser des «fake news» dans l'optique d'influencer la présidentielle française. Sur la chaîne britannique Sky News, Mounir Mahjoubi, un soutien d'Emmanuel Macron, avait d'ailleurs réitéré ces accusations, début mars. Au micro de la chaîne anglaise, il s'était dit convaincu que les deux médias russes véhiculaient de fausses informations pour saboter la campagne du candidat, passé directement de la banque d'affaires Rothschild à l'Elysée en tant que conseiller avant de prendre les rênes de Bercy.

Ce qui, à sa décharge, semble être difficile : même le think tank Atlantic Council (AC) – basé Outre-atlantique et donc peu suspect de connivence avec le Kremlin – qui a étudié la couverture médiatique de RT France, a admis quelle était... «équilibrée».

Mieux : pour ce qui concerne spécifiquement Emmanuel Macron, AC note que RT France a tendance à rapporter les critiques le concernant, mais «mentionne au moins la position du candidat, quoi que brièvement».

Difficile en effet pour RT France de rapporter plus en détails lesdites positions, dans la mesure où ce dernier ne souhaite pas parler à ses journalistes et leur bloque l'accès à son QG, dans le plus parfait mépris de la liberté de la presse...

Des méthodes qui ont fait réagir Xenia Fedorova, présidente de RT France : «Depuis le début de la campagne présidentielle, nous sommes l'objet d'un traitement particulier de la part des équipes d'En Marche!». «Nous avons été accusé d’œuvrer à la déstabilisation d'Emmanuel Macron, sans jamais qu'ait été livré à notre curiosité le moindre exemple, sans même parler de la moindre preuve de ce qui nous était reproché. Nous ne souhaitons pourtant qu'une chose : qu'on nous laisse faire notre travail de journalistes, comme n'importe quel autre média. J'ai bon espoir qu'à l'avenir, les relations prendront un meilleur tour et que nous pourrons être traités comme nos confrères», ajoute-t-elle.

Face à un tel blocage, Margarita Simonian, rédactrice en chef de RT, a quant à elle choisi le registre de l'humour. «Voilà comment finit la liberté d'expression dans un pays qui, pourtant, chérit la liberté davantage que le camembert et le brie réunis», a-t-elle ainsi ironisé.

Il n'y a pas de candidat au numéro que vous avez demandé

Pour en avoir le cœur net, RT France a tout de même tenté d'en savoir plus sur les raisons de cette ostracisation présumée. Contacté par ses soins à de nombreuses reprises, le service de communication d'En Marche! a tout de même fini par répondre. Pour ce qui est de l'accès refusé, Héloïse Thill, chargée de communication, avancera les mêmes arguments que ses collègues : «Il est vrai que nous avons eu un souci de places disponibles, vous n'êtes du reste pas les seuls que l'on n'a pas pu laisser rentrer», assure-t-elle.

Mais comment expliquer alors que les démarches d'accréditation entreprises bien en amont n'aient jamais abouties ? Cette question restera sans réponse.

Confrontée aux révélations de The Daily Beast, la jeune femme reste à nouveau sans voix. Avant de promettre que Sibeth Ndiaye, responsable presse et communication, rappellera RT France pour y répondre «dans les meilleurs délais». Difficile de déterminer avec précision ce que signifient ces «meilleurs délais», mais une chose est sûre : à l'heure où vous lisez ces lignes, RT attend encore l'appel de Sibeth Ndiaye. Visiblement, il est difficile de parler à la presse lorsque l'on est En Marche!

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