«Moi je pense - et chacun d'ailleurs qui est de bonne foi admet - que la colonisation a beaucoup apporté [...] à l'Algérie : des hôpitaux, des routes, des écoles... Même des Algériens qui sont de bonne foi l'admettent», a déclaré Marine Le Pen sur BFMTV le 19 avril.
Evoquant le sujet de la guerre d'Algérie, la candidate Front national (FN) à la présidentielle est revenue sur le sort subi par les harkis, ces Algériens qui ont choisi de combattre pour la France au moment de la guerre d'indépendance.
«Le FN a soutenu de toutes ses forces les rapatriés de l'Algérie. Je défends les harkis, les rapatriés, je pense qu'ils ont été maltraités, mal accueillis dans leur pays, les harkis ça a été encore pire, ils ont été mis dans des camps dans des conditions épouvantables», a affirmé Marine Le Pen, citant notamment le camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales).
Une nouvelle polémique risque donc d'éclater autour de la candidate frontiste, qui avait été fortement critiquée récemment pour avoir dit que la France n'était «pas responsable» de la rafle du Vel' d'Hiv en 1942. En répondant à une question à ce propos sur BFMTV, elle a dit qu'elle ne voulait «pas rouvrir des plaies». «A chaque fois que j'évoque un sujet, ça crée...», a-t-elle poursuivi, sans finir sa phrase.
Marine Le Pen a aussi été interrogée à propos du soutien que son père Jean-Marie Le Pen, le co-fondateur du FN qu'elle avait fait exclure du parti en août 2015, a apporté à sa candidature dans un tweet.
«Il est patriote. Ça ne m'étonne pas de lui. C'est un patriote, il s'est battu toute sa vie pour la France et les Français [...] Il a défendu l'Algérie française, comme beaucoup de gens qui ont créé le FN», a-t-elle conclu.
Sur les traces de Macron ?
Les propos de Marine Le Pen sur la colonisation contrastent fortement avec ceux qu'a tenus Emmanuel Macron, son grand rival dans les sondages. En février dernier, le candidat d'En Marche ! avait provoqué un tollé, notamment à droite, après avoir déclaré sur une chaîne de télévision algérienne que la colonisation était «un crime contre l'humanité».
De nombreuses associations de pieds-noirs s'étaient aussitôt insurgées contre les propos du candidat qui avait été chahuté à Toulon et à Carpentras où il se rendait à des meetings.
«Les propos d'Emmanuel Macron ont bouleversé, écœuré, blessé d'innombrables Français d'Algérie et de Harkis. J'ai reçu des milliers de mails. Il y a une véritable colère», avait expliqué Thierry Rolando, président du Cercle algérianiste national, qui revendique 10 000 adhérents et qui a porté plainte contre le candidat.
«Y a-t-il quelque chose de plus grave, quand on veut être président de la République, que d'aller à l'étranger pour accuser le pays qu'on veut diriger de crime contre l'humanité ?», avait de son côté argumenté Marine Le Pen pour qui les allégations d'Emmanuel Macron constituaient «un crime contre la France».
Devant une telle polémique, Emmanuel Macron avait dû justifier ses propos dans une vidéo de cinq minutes. Il y expliquait notamment que la France et l'Algérie pouvaient et devaient «construire une nouvelle relation qui n'enlève rien à la mémoire de chacun».
Pourtant, quelques mois plus tôt, dans un entretien à l'hebdomadaire Le Point intitulé «Ce que je suis», Emmanuel Macron avait été plus modéré dans ses propos, estimant qu’il y avait eu à la fois «des éléments de civilisation et des éléments de barbarie» dans la colonisation de l'Algérie.