Mercredi 5 avril
6,3 millions de téléspectateurs en moyenne ont suivi le débat entre les onze candidats à la présidentielle sur BFMTV et CNews le soir du 4 avril, soit près d'un tiers des téléspectateurs, selon les chiffres de Médiamétrie.
Ils étaient plus de 10 millions le 20 mars devant le débat à cinq sur TF1 et LCI, soit près de la moitié des téléspectateurs présents devant leur poste.
Selon un sondage Elabe réalisé pour BFMTV, c'est Jean-Luc Mélenchon qui a été jugé le plus convaincant.
Ils sont ainsi 25% des téléspectateurs interrogés par Elabe à avoir estimé que le candidat de la «France insoumise» avait dominé les échanges. Il devance ainsi Emmanuel Macron (21% des sondés) et François Fillon (15% des sondés).
L'étude Elabe publiée par BFMTV révèle que le candidat le plus convaincant pour 26% des téléspectateurs a été Jean-Luc Mélenchon.
«Les Français ont une nation, une patrie, dont ils sont propriétaires», déclare Marine Le Pen. «Vous n'avez aucune raison de désespérer», lance-t-elle aux Français, «puisque rien n'a été tenté». «N'ayez pas peur de la liberté !», conclut-elle.
Jean Lassalle achève sa dernière intervention en évoquant la «transmission des savoirs». «Que celui qui est arrivé trois-cent ans avant Jésus-Christ et celui qui est arrivé l'autre nuit puissent avoir les mêmes chances !», lance-t-il, avant de lancer un appel au «bonheur» haut en couleur.
«Il faut renouer avec les jours heureux de la Libération», estime Jacques Cheminade. Pour sa dernière intervention, il propose également un récapitulatif de ses propositions : élimination des dettes, investissement dans les secteurs d'avenir, combat contre la finance... Il termine en évoquant «des planétariums, des palais de la découvertes, des musées de l'imagination» qu'il souhaite édifier en France.
«Ce que je propose, c'est l'alternance avec les cinq et même avec les vingt dernières années», martèle Emmanuel Macron, qui se pose en défenseur d'un «projet d'émancipation». «C'est avec cet optimisme volontaire que je veux renouer», conclut-il.
François Asselineau choisit de conclure sur une dénonciation des programmes des 10 autres candidats, dont il estime qu'ils «ne veulent pas sortir de l'Union européenne», il invite les Français à ne «pas avoir peur» et à suivre le modèle du «peuple britannique».
«Ce ne sont pas ceux qui ont créé le problème qui pourront le résoudre», affirme Nicolas Dupont-Aignan, qui se présente comme «gaulliste et républicain de bon sens». Se présentant comme «un entraîneur» d'une équipe de sport, il conclut par un «Vive la France, vive la République !».
Benoît Hamon s'essaye à une envolée lyrique, évoquant les Français de «toutes origines».
«Nous on s'adresse pas aux Français, on s'adresse aussi aux étranger, à l'ensemble de la population», affirme Philippe Poutou. Evoquant les mouvements de protestation en Guyane, Philippe Poutou rappelle que l'«on peut se faire entendre par la grève générale, par les blocages».
Plus pessimiste, François Fillon choisit de conclure en annonçant que l'«heure est grave». «Il faut une alternance», martèle-t-il, tout en «demandant aux Français de [lui] faire confiance».
A la question finale «Comment comptez-vous rassembler les Français ?», Nathalie Arthaud ne louvoie pas : «Je ne veux pas rassembler les Français», rétorque-t-elle. Assumant son combat contre «une classe capitaliste incarnée par des hommes et des femmes en chair et en os», elle a rappelé une dernière fois son appel à «un vote de conscience ouvrière».
C'est l'heure de la conclusion du débat. Jean-Luc Mélenchon choisit de terminer par un récapitulatif de ses propositions majeures, réservant le point d'orgue à une déclaration aux Français : «La République, c'est plus qu'une devise, c'est une feuille de route», a-t-il lancé, avant d'évoquer des «jours heureux pour retrouver le goût du bonheur».
«Oh ! Oh, oh... Oh!» Telle est la réponse de François Fillon à l'accusation de Philippe Poutou, qui lui reprochait d'«être moins préoccupé par la dette quand il s'agit de se servir dans les caisses de l'Etat».
Nicolas Dupont-Aignan interroge Emmanuel Macron sur ses intentions quant aux services publics. «Où comptez-vous supprimer des postes ?», lui demande-t-il. Ruth Elkrief intervient alors pour demander au candidat de Debout la France de «ne pas [l']interrompre».
«On a quand même le droit d'interroger monsieur Macron sans que vous n'interveniez non? Ca commence à devenir voyant !», s'agace alors Marine Le Pen. «Ce sont deux grands garçons, laissez-les débattre !», ajoute-t-elle.
Jean-Luc Mélenchon, défendant les services publics et les investissements de l'Etat, a également appelé à un rachat «massif» de la dette des Etats européens par la Banque centrale européenne.
Citant son expérience de maire de Yerres, Nicolas Dupont-Aignan estime que l'«on peut tout à fait désendetter sans pour autant supprimer des services publics».
François Asselineau trouve «scandaleuse» la proposition de François Fillon de «commencer à privatiser la Sécurité sociale». Quelques minutes plus tard, Benoît Hamon attaque de nouveau l'ancien Premier ministre en l'accusant d'avoir «ruiné le pays».
Quelques minutes plus tard, Jacques Cheminade s'en est à nouveau pris à François Fillon en l'accusant de légitimer des dettes «iniques et injustes».
Benoît Hamon s'énerve de voir Marine Le Pen en avance de cinq minutes sur lui. «Faites votre travail !», lance-t-il à Ruth Elkrief et Laurence Ferrari.
La troisième partie du débat sur les services publics s'ouvre. Marine Le Pen dénonce le fait que certains «tapent sur les services publics» pour mettre en place «la réduction de l'Etat au profit des intérêts privés». Se posant en soutien du «service public à la française», elle affirme vouloir soustraire celui-ci à la logique de «la rentabilité financière».
«La plupart d'entre vous avez déjà ét prendre vos instructions chez madame Merkel», lance Nicolas Dupont-Aignan à destination d'Emmanuel Macron, Benoît Hamon et François Fillon. Ce dernier qualifie cette accusation de «minable» à deux reprises, secouant la tête pour manifester son désaccord.
Le général de Gaulle est cité pour la huitième fois, cette fois par Nicolas Dupont-Aignan.
Marine Le Pen confirme sa volonté d'inscrire dans la Constitution «le droit de défendre le patrimoine historique et culturel de la France». Alors que Jean-Luc Mélenchon lui demande ce que cela veut dire sur un ton particulièrement véhément, elle cite l'exemple des crèches. «Elles ne participent pas de la religion, mais de nos traditions et de nos racines».
Emmanuel Macron indique ne pas vouloir se limiter à l'interdiction du cumul des mandats, mais également créer une «interdiction du cumul dans le temps». «La moitié des investitures qui seront accordées par En Marche ! le sera à des hommes et des femmes venus de la société civile», promet-il, pour garantir le renouvellement de la vie politique. L'autre moitié devrait être répartie entre plusieurs autres partis politiques.
Philippe Poutou déclare que seule «une démocratie directe» peut permettre au peuple de s'exprimer sur les grands sujets. Alors qu'il cite le projet de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes en exemple, François Fillon lui rétorque qu'«il y a eu un référendum à Notre-Dame des Landes». «Il a été trafiqué, ça arrive !», lance Philippe Poutou.
Benoît Hamon, sans évoquer directement la sixième République, estime que les institutions de la cinquième République ne garantit pas «l'exemplarité des institutions ou des représentants».
Jean-Luc Mélenchon rappelle qu'il souhaite être «le dernier président de la cinquième République», puisqu'il entend convoquer une assemblée constituante pour instaurer une sixième République. Il précise également que le mandat révocable des élus serait instauré, «comme cela se fait dans deux Etats des Etats-Unis ou en Amérique latine».
François Asselineau se lance dans une dénonciation de ce qu'il estime être une influence des milieux bancaires sur les partis politiques. «Les Républicains doivent 28 millions d'euros à différentes banques, le Front national a 9 millions d'euros de dettes auprès des banques, monsieur Dupont-Aignan 1,1 million d'euros de dettes, le PS a 13 millions d'euros de dettes auprès des banques, et monsieur Mélenchon a effectué un prêt de 8 millions d'euros auprès des banques».
Mardi 4 avril
Jacques Cheminade note que la déduction d'impôt accordée après un don à un parti politique avantage les individus payant l'impôt sur le revenu - et pénalise de fait ceux qui ne le paient pas.
Emmanuel Macron annonce une «loi de moralisation de la vie publique», qu'il entend faire voter dès les «tous premiers jours» après son élection. A noter : il existe déjà une loi portant ce nom. Votée en 2013, elle a pour but de «lutter contre les conflits d'intérêts et à la transparence démocratique».
Alors que Nicolas Dupont-Aignan lui rappelle qu'il a travaillé pour la banque Rotschild avant d'arriver à l'Elysée comme conseiller de François Hollande, qui a plus tard organisé les transferts de grands groupes économiques français, Emmanuel Macron rétorque qu'il est «pour la transparence mais pas pour le soupçon généralisé».
Agacée de se voir rappeler les affaires d'emplois présumés fictifs au Front national, Marine Le Pen reproche aux journalistes de se livrer «à un réquisitoire».
«Nous, quand on est convoqués par la police, on a pas d'immunité ouvrière», lance Philippe Poutou à Marine Le Pen, provoquant des applaudissements d'une partie du public. Il reproche à la candidate du Front national, «qui se dit antisystème», de s'abriter derrière son immunité au Parlement européen.
Alors que ses soutiens applaudissent à nouveau pour soutenir l'intervention du candidat du NPA au sujet de la réduction des indemnités des élus, Ruth Elkrief les réprimande : «Nous sommes dans un débat», tranche-t-elle.
Jean Lassalle, interrogé sur la personnalité qu'il tient pour avoir été un président exemplaire, estime qu'il «n'y en a jamais eu», préférant metre en avant le modèle de l'élu local. Alors que Ruth Elkrief lui fait remarquer que certains maires sont corrompus, Jean Lassalle estime que «peut-être même certains journalistes le sont».
«Il n'y a pas seulement de la corruption en politique, mais également au sommet de l'Etat», alerte Nicolas Dupont-Aignan. Luttant pour conserver la parole malgré les tentatives d'interruption de Ruth Elkrief et Laurence Ferrari, le candidat de Debout la France estime qu'il s'agit d'«un sujet trop important».
Jean-Luc Mélenchon, premier à s'exprimer sur le sujet de l'exemplarité en politique, indique vouloir instituer un «haut commissaire à la lutte anti-corruption».
«Je commencerai par dire ce que je ne ferai pas : me saisir de chaque attentat pour faire des amalgames», annonce Nathalie Arthaud. «Est-ce qu'un seul ouvrier ou un seul chômeur a intérêt à aller faire la guerre au Proche-Orient ou au Mali ?», s'interroge-t-elle, pointant du doigt «les grands groupes qui poussent à la guerre».
Jacques Cheminade, quant à lui, estime qu'une «coopération avec Poutine en se bouchant le nez» est inévitable pour combattre le terrorisme.
François Fillon affirme vouloir combattre le djihadisme et le terrorisme.
«Pourquoi avoir permis au Qatar d'entrer dans notre pays, d'y investir et d'y implanter son idéologie ?», lance Marine Le Pen à François Fillon, évoquant une «convention fiscale passée avec l'émir du Qatar». Elle estime qu'il y a là une «incohérence».
Marine Le Pen estime que la sécurité de la France passe par «la maîtrise des frontières». S'opposant à la politique d'austérité proposée par François Fillon, la candidate du Front national lui reproche d'avoir supprimé des postes de policiers et de militaires lorsqu'il était Premier ministre.
La candidate du Front national attaque à nouveau François Fillon, qu'elle accuse d'avoir «porté les islamistes au pouvoir en Libye». Déplorant que la France soit, selon elle, «devenue une université de l'islamisme», elle se voit prise à partie par Benoît Hamon qui estime que cela «l'arrange et [la] fait prospérer».
«C'est aux Syriens de décider de l'avenir de leur pays», assure Jean-Luc Mélenchon, qui se félicite de la tenue d'élections prochaines en Syrie, mais pas de l'éviction de la France de la table des négociations internationales, qu'il impute à «une politique étrangère inconséquente».
Le candidat de la France insoumise exige «des mesures exemplaires» contre le cimentier Lafarge, qui «a avoué verser de l'argent à Daesh».
«J'ai été en Russie soviétique, j'ai été en Espagne du temps de Franco, je veux voir ce qu'il se passe là où cela se passe», répond Jean Lassalle à Ruth Elkrief pour justifier sa visite au président syrien Bachar el-Assad.
Nicolas Dupont-Aignan veut créer «une charte de l'islam de France». Si les imams refusent de la signer, il dit vouloir «les expulser s'ils ne sont pas Français».
«En Russie, pays où les libertés publiques sont bien moins garanties qu'en France, ça n'empêche pas le terrorisme», assure Benoît Hamon, qui exprime sa solidarité avec «le peuple russe et le peuple syrien victime d'une attaque au gaz, semble-t-il par le régime de Bachar el-Assad».
A l'inverse de Philippe Poutou, Emmanuel Macron estime que les interventions militaires sont nécessaires, notamment «celle que nous faisons au Sahel».
François Asselineau, quant à lui, estime que le budget de la Défense nationale, réduit à environ 1,5% du PIB, est trop faible : il dit vouloir le ramener à un niveau de 3% du PIB. «Pour quoi faire ?», lui lance ironiquement Jean-Luc Mélenchon.
Au sujet du Qatar et de l'Arabie saoudite, Emmanuel se dit d'accord avec la condamnation exprimée par François Asselineau. «Mais vous êtes toujours d'accord avec tout le monde !», s'agace François Asselineau, provoquant l'hilarité de l'assistance.
Reprise du débat sur le thème de la sécurité et du terrorisme. Philippe Poutou, qui est le premier à s'exprimer sur ce sujet, estime que «l'armement de la police ne sert qu'à réprimer» et non à prévenir des attentats.
«Le Qatar et l'Arabie saoudite soutiennent le terrorisme international : il faut arrêter de leur vendre des armes», ajoute le candidat du NPA. Il estime par ailleurs que ce sont les interventions armées occidentales qui provoquent les attentats.
«Il y aura eu des frustrations», lance Laurence Ferrari avant d'annoncer la coupure publicitaire.
Emmanuel Macron accuse Marine Le Pen de défendre le «nationalisme des cimetières».
«Vous osez vous présenter comme le candidat du renouveau alors que vous nous ressortez les mêmes vieilles banalités depuis 50 ans», lui rétorque la candidate du Front national.
Jacques Cheminade dit vouloir s'inspirer du «plan Fouchet», François Asselineau lui rappelle que celui-ci n'avait finalement pas été adopté – il s'agit d'une sixième référence au général de Gaulle.
Le plan Fouchet était le projet soutenu par Charles de Gaulle pour établir une Europe des nations souveraines indépendantes des Etats-Unis en 1961. Les cinq partenaires de la France avaient fini par le rejeter.
«Quand on est mal payé, que ce soit en euros ou en francs, on est mal payé», s'indigne Nathalie Arthaud, qui estime qu'on «nous enfume avec les débats sur l'Union européenne».
Attendue par leurs supporters respectifs, l'échange entre François Asselineau Et Marine Le Pen a finalement lieu.
«Je suis le seul candidat du Frexit !», lance François Asselineau. «Vous ne pouvez pas dire que ma démarche vis-à-vis de l'Union européenne n'est pas sincère», rétorque Marine Le Pen à François Asselineau. «La différence entre vous et moi, c'est que je veux que ce soient les Français qui en décident», souligne-t-elle, faisant allusion à son projet de référendum.
Le candidat de l'UPR répète qu'une renégociation des traités européens est, selon lui, «impossible».
«La première fois que j'ai vu Nicolas Dupont-Aignan, il était directeur de cabinet de François Bayrou», lance François Fillon, avant d'ajouter, alors que le candidat de Debout la France rappelle qu'il n'a voté aucun traité européen : «parce que vous n'aviez pas le pouvoir pour le faire !»
François Fillon rappelle à Benoît Hamon qu'il avait, lorsqu'il était Premier ministre, fait entrer l'Etat au capital de l'entreprise STX (chantiers navals de l'Atlantique), faisant écho à la déclaration du candidat socialiste à ce sujet. STX devrait être racheté prochainement par le groupe italien Ficantieri.
Répondant à Ruth Elkrief qui constatait qu'il y avait «une majorité d'eurosceptiques sur le plateau», le candidat des Républicains veut défendre l'Europe, «qui se concentre sur quelques objectifs stratégiques». Il affiche son ambition de bâtir, à partir de l'euro, «une monnaie internationale capable de briser le monopole du dollar».
Philippe Poutou, tout en attaquant le capitalisme, défend l'idée de l'Union européenne, qu'il refuse de tenir pour responsable des «maux des populations».
Benoît Hamon choisit d'évoquer les chantiers navals français, évoquant une «nationalisation temporaire», le temps pour ceux-ci de «retrouver des partenaires». Défendant ce qu'il appelle une «vision stratégique ponctuelle», il dit vouloir l'intégrer dans «la politique européenne», tout en se défendant de vouloir s'aligner sur «l'austérité allemande».
Engagé dans une longue phrase qui semble le perdre lui-même, Benoît Hamon fait sourire Marine Le Pen et Emmanuel Macron.
Défendant les droits de douane en citant les exemples de la Corée ou de la Suisse, Marine Le Pen estime qu'ils sont le seul moyen de protéger les producteurs français face à la concurrence. «Il faut parler aux agriculteurs monsieur Macron !», lance-t-elle à son adversaire, tout en attaquant François Fillon dont elle assure qu'il défend le TAFTA et le CETA, contre lesquels les agriculteurs sont «vent debout», selon elle.
Le général de Gaulle est à nouveau cité, par Jean Lassalle cette fois.
Les candidats sont profondément divisés sur la question européenne.
«Dire, comme madame Le Pen, monsieur Asselineau ou monsieur Dupont-Aignan, que le problème c'est l'Europe, c'est tromper les Français», s'agace Nathalie Arthaud. L'augmentation des profits des actionnaires «est dans l'ADN des patrons», estime-t-elle, «et non dans celui de l'Europe».
«Vous sous-estimez le rôle des superstructures, comme dirait Karl Marx», lui oppose Jean-Luc Mélenchon, qui refuse de fustiger l'Europe en elle-même cependant. «Ce n'est pas l'idée européenne que je remets en cause, mais les traités», nuance-t-il, soulignant que les traités européens «interdisent l'harmonisation». Face à l'agacement de François Asselineau, le candidat de la France insoumise assume son «différend politique».
Attaquant Marine Le Pen sur son idée de protectionnisme qu'il ne juge pas «sérieuse», car «les agriculteurs français exportent à l'étranger», Emmanuel Macron se voit rétorquer par celle-ci que les agriculteurs «importent surtout». Il prône un compromis sur la directive des travailleurs détachés, car il a «l'Europe au cœur», et ne souhaite ni l'abolir ni la garder en l'état.
«Pourquoi ce qui est valable pour le cinéma français ne l'est pas pour nos agriculteurs ?», s'étonne Nicolas Dupont-Aignan, évoquant la préférence culturelle qu'il apparente à un protectionnisme. «Nous pouvons le faire», martèle-t-il, citant le général de Gaulle pour la seconde fois ce soir.
François Asselineau tente de prendre de la hauteur en assurant que le but d'une élection présidentielle «n'a pas pour but de présenter un programme économique et social». Il estime que les programmes de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan sont inapplicables dans le cadre européen.
Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen s'écharpent sur la question des travailleurs détachés, le candidat de la France insoumise accusant la candidate du Front national de n'avoir pas voté contre cette directive au Parlement européen.
Intervenant à ce sujet pour pointer du doigt le «travail détaché illégal», Emmanuel Macron rappelle, peut-être pour l'une des premières fois en public, son expérience de ministre.
Cet échange donne lieu à une forte cacophonie, Nicolas Dupont-Aignan souhaitait également intervenir, alors que Benoît Hamon tente de prendre la parole. Ruth Elkrief tente, en élevant la voix, de rendre la parole à François Asselineau.
Marine Le Pen rappelle son ambition de créer une taxe sur les entreprises embauchant des étrangers dans une perspective de «patriotisme économique et de protectionnisme intelligent» «Les entreprises ne veulent pas d'un Etat qui les écrase de fiscalité», déclare-t-elle, en attaquant le RSI, le niveau trop élevé des charges, et le CICE qui «n'a pas permis de créer des emplois».
Pour Nathalie Arthaud, qui cite en exemple les licenciements de BNP-Paribas en dépit de ses 7 milliards d'euros de bénéfice l'an passé, l'essentiel est d'«imposer le maintien des emplois» qui «coûterait une bagatelle à ces entreprises». Elle rejoint en ce point Philippe Poutou sur l'interdiction des licenciements.
Nicolas Dupont-Aignan rappelle qu'Emmanuel Macron et François Fillon ont tous deux exercé des responsabilités gouvernementales. «Il faut baisser les charges uniquement pour les entreprises qui produisent en France», assure Nicolas Dupont-Aignan, qui dit vouloir supprimer la directive sur les travailleurs détachés.
Jean Lassalle estime que «des gisements d'emploi invisibles» existent, notamment «en banlieue». Pour les activer, il veut «relancer la recherche fondamentale et la recherche appliquée» mais également «les lycées professionnels».
Un million d'emplois en cinq ans : telle est l'ambition de Benoît Hamon, qui attaque François Fillon sur son projet de suppression de postes dans la fonction publique. Le revenu universel qu'il propose devrait, selon lui, «injecter 35 milliards d'euros dans l'économie» et ainsi relancer la consommation – et donc l'emploi.
Emmanuel Macron estime que «ce sont les entreprises et les entrepreneurs qui créent de l'emploi» et explique vouloir «simplifier les procédures de recrutement» tout en «baissant les charges» – il rappelle à cette occasion à Jean-Luc Mélenchon que c'est la baisse des charges qui avait contribué au rebond de l'emploi sous Lionel Jospin.
Opposant les profits des actionnaires d'environ «55 milliards d'euros par an» à la «précarité des salariés», Philippe Poutou répète vouloir interdire les licenciements. Assumant des «mesures autoritaires» face au sourire amusé de la journaliste Ruth Elkrief, le candidat du NPA rappelle la lutte des salariés de Ford.
Jacques Cheminade avance un projet d'investissement de 100 milliards euros par an pour «les industries du futur», comme une politique de la mer, de l'espace, et une coopération avec les pays émergeants.
Concernant l'emploi, Jean-Luc Mélenchon souligne que «l'ordre public social» doit être rétabli. Dénonçant «l'absurdité» d'une logique établissant un code du travail par entreprise, qu'il compare à celle d'«un code de la route par rue», il affirme vouloir investir dans les énergies renouvelables et un nouveau modèle agricole.
Prenant à partie François Fillon sur son ambiguïté quant aux heures supplémentaires, il rappelle vouloir établir la retraite à 60 ans et les 35 heures strictes.
Philippe Poutou rappelle qu'il est le seul à «avoir un vrai métier ici avec Nathalie Arthaud». Face «à la politique réactionnaire, au racisme et à la xénophobie», il dit vouloir exprimer la dénonciation du «système capitaliste».
Le thème de l'emploi est désormais abordé.
Comparant une fois de plus l'Allemagne et la France, comme il l'avait souvent fait lors du premier débat, François Fillon note que le taux de chômage est d'à peine plus de 3% outre-Rhin contre environ 10% en France.
«Le peuple français a besoin de s'unir avec un président honnête pour n'avoir plus jamais honte» déclare Benoît Hamon. Désirant une «France combattante face à Poutine et Trump», il dit être le candidat du changement.
François Asselineau, rappelant ses «origines modestes», insiste sur son passé de haut fonctionnaire aux côtés de Jacques Chirac et François Mitterrand. Dénonçant le fait que «toutes les grandes décisions politiques sont désormais prises par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et l'OTAN», il assure vouloir «rendre à la France sa souveraineté».
Le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, affirme ne pas avoir de «plan de carrière», rappelant vouloir mettre fin à la «monarchie présidentielle». Soulignant que 2 000 personnes meurent dans la rue chaque année, il dit vouloir que «la finance paie les augmentations de salaire», tout en se présentant comme «écologiste».
«Je veux représenter les ouvriers, les femmes de ménage, les salariés, les chômeurs, les artisans», lance Nathalie Arthaud, qui déplore que «les progrès de la technologie» permis par les travailleurs soient captés par «la minorité capitaliste».
François Fillon insiste sur la dimension militaire du président qu'il compte être. «Nous sommes en guerre», affirme-t-il. Soulignant l'endettement du pays, il s'engage à «sauver l'Europe qui est à la dérive en reprenant les rênes de l'Union européenne».
«Je suis fils de berger, berger, je l'ai été moi-même» lance Jean Lassalle, qui insiste sur son parcours personnel et professionnel. «Je me bats contre la suppression des services publics en France», souligne-t-il, tout en disant ne «plus supporter l'hystérie qui s'est emparée de nos vies».
Jacques Cheminade démarre en affirmant : «Je suis un homme en colère». Dénonçant les autres candidats qui n'ont pas «pris le taureau de la finance par les cornes», il évoque la Libération pour un nouveau «pari sur l'avenir».
Marine Le Pen se présente comme «une Française et une mère de famille». Affirmant qu'«après cinq ans de droite et cinq ans de gauche, la France est livrée à l'insécurité et à la mondialisation sauvage», elle déclare vouloir «rendre la parole au peuple» et «remettre la France en ordre avec un projet clair et précis».
«Je ne crois pas à la fatalité de l'inaction, ni à celle du tic-tac entre la droite et la gauche», déclare Emmanuel Macron pour se présenter. Il affirme vouloir être le candidat du «renouvellement» avec «de nouveaux visages» tout en retrouvant «l'optimisme du peuple Français».
Nicolas Dupont-Aignan est le premier à s'exprime. Il répond à la question : «Qui êtes-vous ?»
«En politique, comme dans la vie, il y a ceux qui parlent et ceux qui agissent», note le candidat de Debout la France (DLF), rappelant son engagement auprès de Philippe Séguin et ses trois réélections à la mairie de Yerres.
L'émission vient de commencer. Ruth Elkrief annonce que le débat a pour prétention de conduire à «une discussion qui permettra aux Français de faire leur choix».
Philippe Poutou a refusé de participer à la photographie de groupe prise par BFMTV et CNews, rassemblant les différents candidats.
D'autres soutiens des candidats, comme Gilbert Collard, arrivé très tôt sur le plateau et placé derrière Marine Le Pen, se sont amusés à publier des photographies d'eux-mêmes dans le décor où se tiendront les participants au débat.
«Il n'y a pas de petit candidat, je me réjouis que l'on puisse débattre», a déclaré la candidate du Front national pour saluer la présence des six candidats qui n'avaient pas été invités lors du débat précédent sur TF1 le 20 mars.
Personnalité atypique s'il en est, Jean Lassalle est arrivé le dernier sur le plateau de CNews et BFMTV. Il a expliqué avoir toujours été en retard «depuis [sa] naissance».
Les différents soutiens des candidats, autorisés à assister à l'émission dans le public, sont déjà arrivés et ont pris place.
BFMTV et CNews ont semble-t-il tout prévu.
Les candidats se préparent à l'approche de l'heure du début du débat. Jean-Luc Mélenchon aurait effectué une préparation de trois heures afin de s'entraîner à «rester spontané» et à «réagir [...] au feeling».
Les chaînes CNews et BFMTV organisent le 4 avril au soir un grand débat entre tous les candidats à la présidentielle. A partir de 20h40, Nathalie Arthaud, François Asselineau, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, François Fillon, Benoît Hamon, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou se retrouvent donc sur le même plateau – un événement sans précédent en France, où la tradition se limite usuellement au seul débat entre les finalistes de l'entre-deux-tours.
Les journalistes Ruth Elkrief et Laurence Ferrari ont choisi de réduire à trois le nombre de sujets soumis aux candidats d'aborder : l'emploi, la sécurité et le modèle social. Chacun des invités disposera ainsi du même temps de parole d'environ 15 à 17 minutes pour exposer son programme sur ces thèmes. Les téléphones portables seront par ailleurs interdits. Si aucun détail n'a été laissé au hasard, l'écart entre les pupitres ayant même été fixé à 87 centimètres précisément, c'est par tirage au sort que l'ordre dans lequel les concurrents prendront la parole a été arrêté. François Fillon sera le premier à s'exprimer ; la dernière intervention sera celle de Marine Le Pen.
Contrairement au débat organisé par la chaîne TF1 le 20 mars dernier, les «petits candidats» auront cette fois voix au chapitre... ce qui pourrait compliquer l'exercice pour les cinq autres. «Les petits candidats, et notamment Nicolas Dupont-Aignan, ont tout intérêt à attaquer François Fillon», estime Brice Hortefeux, cité par Le Figaro. La gauche radicale, représentée par Philippe Poutou du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière (LO), n'a pas pour habitude de ménager ses attaques contre le Parti socialiste (PS), représenté par Benoît Hamon, voire contre Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise. Quant à François Asselineau, le candidat de l'Union populaire républicaine (UPR), il regarde depuis plusieurs années Marine Le Pen et le Front national (FN) comme ses principaux adversaires, les accusant de «ne pas vraiment vouloir sortir de l'Union européenne».
A moins de vingt jours du premier tour, ce grand débat peut-il changer la donne ? Quoi qu'il en soit, les enjeux sont de taille et la situation pour le moins inédite. Les deux candidats des grands partis traditionnels, François Fillon et Benoît Hamon, font paradoxalement figure de challengers face à Emmanuel Macron et Marine Le Pen, que les intentions de vote exprimées à ce jour devraient permettre de porter au second tour. Ces deux derniers ont donc plus à y gagner qu'à y perdre – Emmanuel Macron avait même envisagé, dans un premier temps, de ne pas honorer l'invitation de CNews et BFMTV. Jean-Luc Mélenchon entend sans doute amplifier l'élan qui semble le porter depuis quelques semaines, notamment en soignant son image de présidentiable. Quant aux «petits candidats», ils espèrent tirer profit d'une médiatisation qui leur était jusque ici refusée et mettre les favoris face à leurs contradictions.