L’annonce par Manuel Valls de sa décision de voter Emmanuel Macron dès le premier tour de la présidentielle – confirmant des rumeurs relayées par la presse depuis plusieurs semaines – est loin d’avoir laissé la classe politique française indifférente.
En premier lieu, le leader d’En Marche a félicité l’ex-Premier ministre pour son soutien. Néanmoins, le candidat à la présidentielle a semblé tenir à se distancier de cet allié potentiellement embarrassant, en soulignant son attachement au «renouvellement des visages [et des] méthodes». Une manière de rappeler que son projet ne correspond pas à la simple poursuite du quinquennat Hollande.
Chez les socialistes non-vallsistes : colère et écœurement
Les réactions d’indignation et de dégoût ont fusé, à gauche, après la déclaration du 29 mars de Manuel Valls. L’ex-ministre de l’Economie et candidat malheureux à la primaire de la gauche, Arnaud Montebourg, s’est ainsi fendu d’un tweet particulièrement tranchant : «Chacun sait désormais ce que vaut un engagement signé sur l'honneur d'un homme comme Manuel Valls : rien.»
De même, dans une série de tweets passionnés, le membre du bureau national du Parti socialiste (PS) Gérad Filoche a qualifié Manuel Valls de «traître» et de «reître borné & parjure», et a appelé à son exclusion du parti.
Dans la même veine, le député socialiste des Bouches-du-Rhône Patrick Mennucci a dit de l’ex-chef du gouvernement qu’il faisait honte à sa famille politique, tandis que la députée des Hautes-Alpes (PS) Karine Berger a qualifié de «minable» le comportement de Manuel Valls.
«Manuel Valls, en trahissant sa famille politique, montre qu’il n’a peut-être jamais cru en sa famille politique», a de son côté estimé le député des Hauts-de-Seine Alexis Bachelay, soutien de Benoît Hamon, sur BFMTV.
Plus sobre, le chef du PS Jean-Christophe Cambadélis s’est dit attristé par cette nouvelle, et a appelé ses camarades au calme. «Notre candidat, après la primaire et la convention unanime des socialistes, est Benoît Hamon. Il doit représenter tous les socialistes, les radicaux et tous les écologistes», a-t-il également rappelé dans son communiqué, sans évoquer d’éventuelles sanctions contre Manuel Valls.
Quant à la principale victime des déclarations de Manuel Valls, le candidat du PS Benoît Hamon, il avait dénoncé dès le soir du 28 mars un «ralliement» en forme de tentative de «mise à mort», anticipant l’annonce de son ancien collègue au gouvernement.
A l'issue de cette dernière, le directeur de campagne de Benoît Hamon, Mathieu Hanotin, s’est félicité sur BFMTV que ce «feuilleton insupportable» prenne fin, décrivant le «dernier acte d'une tentative un peu minable de sabotage» de la campagne du vainqueur de la primaire.
Valls «fidèle à ses idées plutôt qu’à son parti» pour le porte-parole d’En Marche !
Du côté des partisans d’Emmanuel Macron, l’interprétation de la décision de Manuel Valls est évidemment tout autre. Le député socialiste et macroniste de l'Eure, François Loncle, a par exemple estimé sur BFMTV que l’ex-Premier ministre avait «plac[é] l’intérêt de la République au-dessus de toute considération». Pour le député, en effet, le candidat d’En Marche ! a plus de chance de contrecarrer un second tour Fillon-Le Pen que Benoît Hamon.
Le porte-parole d’En Marche !, Benjamin Griveaux, s'est quant à lui réjoui (sur BFMTV toujours) que Manuel Valls se soit montré «fidèle à ses idées plutôt qu’à son parti».
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Pour la droite, une nouvelle preuve du «hollandisme» de Macron
Les Républicains ont réagi d’une seule voix aux déclarations de Manuel Valls : pour les responsables de droite, celles-ci confirment qu’Emmanuel Macron n’est autre que le perpétuateur du quinquennat Hollande. «Avec le ralliement de Manuel Valls, il est clair désormais que le gouvernement Hollande joue les prolongations. Besoin d'alternance !», a ainsi lancé le candidat de la droite à la présidentielle, François Fillon.
De même, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a considéré que le vote annoncé de Manuel Valls pour le leader d’En Marche ! prouvait qu’Emmanuel Macron était bien «l’héritier du hollandisme».
Une analyse similaire à celle du président du conseil départemental des Alpes-Maritimes Eric Ciotti…
… et à celle du député des Français de l’étranger, Thierry Mariani.
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Mépris des électeurs et pépertuation du système, pour le FN
Les cadres du Front national (FN) ont interprété plus ou moins de la même manière l’annonce de Manuel Valls. «Macron c’est le Système, le bilan, la continuité», a ainsi martelé sur Twitter Florian Philippot, tout en relevant le reniement par Manuel Valls de ses propres engagements.
«Macron n'est qu'une réincarnation [de François Hollande] !», a estimé Marion Maréchal-Le Pen…
… tandis que pour David Rachline, le candidat d’En Marche ! incarne le «système» et «tous ceux dont les Français ne veulent plus».
Enfin, Nicolas Bay, secrétaire général du FN, a souligné le «mépris du verdict des urnes» dont avait fait preuve Manuel Valls, en refusant de soutenir le vainqueur de la primaire, comme il l'avait pourtant promis.
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