«Je sais que madame Ernotte, la patronne de France Télévisions, est une amie de monsieur Macron : vous avez passé trois reportages à charge contre le Front national […] : deux "Complément d’enquête" et un "Envoyé spécial"», a pointé du doigt Marine Le Pen lors de son passage à l'Entretien politique de France 2, le 28 mars.
La présidente du Front national (FN) s'indignait, alors, que le journaliste David Pujadas lui demandait de s'expliquer sur la mise en examen de Frédéric Chatillon (un proche du FN) dans l'affaire de la surfacturation des frais de campagne de 2014 et 2015 (à partir de 9'50 dans la vidéo ci-dessous). Selon la candidate à la présidentielle, avancer un tel sujet participe à l'acharnement des chaînes du service public contre le FN – acharnement qu'elle attribue à une proximité entre la présidente de France Télévisions et le leader d'En Marche !.
«J’aimerais bien savoir quand est-ce que France 2 va faire un reportage sur Emmanuel Macron ?», s'est interrogée Marine Le Pen, avant que son interlocuteur ne rétorque que l'ex-ministre de l'Economie ne devait pas faire face aux mêmes mises en examen que le Front national.
Les Français ne sont pas dupes de la manière dont vous réservez vos piques à l’égard de certains candidats
Par la suite, David Pujadas a proposé à Marine Le Pen de commenter une photographie d'Axel Loustau (conseiller régional FN), sur laquelle il apparaît le bras droit tendu, ainsi que des messages hauts en couleur sur les réseaux sociaux de membres du parti. L'intéressée s'est alors indignée des «méthodes de voyou» de France 2, attribuant une nouvelle fois celles-ci au parti pris macroniste de la président de France Télévisions.
«[Delphine Ernotte et Emmanuel Macron] se tutoient, s’embrassent [...] Je pense que les Français ne sont pas dupes de la manière dont vous réservez vos piques, vos manipulations, vos émissions à l’égard de certains candidats ; mais il y en au moins un qui est préservé de tout cela, c’est évidemment le chouchou que tout le monde connaît bien», a-t-elle martelé. Des accusations immédiatement rejetées par David Pujadas.
Charges régulières du FN contre le parti pris supposé du service public
Deux semaines plus tôt, la candidate frontiste avait déjà accusé la dirigeante de France Télévisions de s'acharner contre elle en raison de son amitié avec Emmanuel Macron. «Le service public de l'information de madame Ernotte roule pour monsieur Macron. Ils sont très copains. Ils se tapent dans le dos. Ils se tutoient. Ils s'embrassent», avait-elle assuré sur la chaîne C8, le 12 mars.
L'objectivité de France 2 avait été remise en cause également par le vice-président du FN, Florian Philippot, le 18 mars. Invité sur le plateau d'On n'est pas couché, il avait déclaré se trouver «dans une maison qui ne se caractérise pas par une extraordinaire neutralité».
Pour étayer ses propos, l'eurodéputé du Grand-Est avait notamment évoqué un sketch anti-Marine Le Pen durant l'émission de Laurent Ruquier, ainsi que l'émission Envoyé spécial du 16 mars, qui mettait en évidence des discours sulfureux de proches du FN, filmés en caméra cachée.
Quelques jours plus tôt, le même Florian Philippot avait interpellé sur Twitter Mathieu Gallet, PDG de Radio France, après que France Info s'était félicité des déclarations de François Hollande et Bernard Cazeneuve défavorables à Marine Le Pen.