«Et alors ?» : Fillon face à la polémique suscitée par ses costumes «offerts par un ami»
- Avec AFP
Une nouvelle épine dans le pied pour François Fillon dans une «campagne de caniveau» ? Le Journal du dimanche a révélé que des costumes avaient été offerts au candidat de la droite, qui dénonce en retour une «intention évidente de nuire».
«Un ami m'a offert des costumes en février. Et alors ?», explique François Fillon, dans un entretien aux Echos à paraître le 13 mars.
Le Journal du dimanche (JDD) a affirmé qu'un mécène avait signé le 20 février un chèque de 13 000 euros pour le règlement de deux costumes achetés chez Arnys, tailleur parisien des quartiers chics. «J'ai payé à la demande de François Fillon», a affirmé ce «généreux ami» au JDD.
A cela s'ajouteraient, selon l'hebdomadaire, près de 35 500 euros «réglés en liquide» pour de précédents achats effectués chez ce tailleur et destinés à François Fillon.
«J'observe que ma vie privée fait l'objet d'enquêtes en tous sens et que ce traitement m'est réservé. Mes faits et gestes sont scrutés tous les jours dans l'intention évidente de me nuire pour m'écarter de la course à la présidentielle», affirme le candidat Les Républicains.
Dans son entourage, on considère que ces cadeaux n'ont «rien de répréhensible» mais qu'il est «totalement extravagant» de soutenir «que certains costumes auraient été payés en espèces», car «aucune maison sérieuse n'accepte de paiements en espèces pour de tels montants».
Favori de la présidentielle à l'issue de la primaire à droite, François Fillon a vu sa candidature être remise en question jusque dans son propre camp en raison de l'affaire de l'emploi présumé fictif de sa femme Penelope, révélée fin janvier. Les appels au «plan B» se sont multipliés jusqu'à ce qu'il obtienne, il y a une semaine, au lendemain d'un rassemblement de dizaines de milliers de partisans au Trocadéro, le soutien clair des Républicains.
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Déclaration obligatoire des dons
A quelques jours de sa convocation le 15 mars par les juges d'instruction en vue d'une possible mise en examen, cette révélation sur ces cadeaux vestimentaires n'arrange pas les affaires du candidat alors que les sondages d'intentions de vote n'envisagent plus sa présence au second tour, le plaçant derrière le duo Macron-Le Pen.
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«Ça devient insupportable», a pour sa part réagi le porte-parole du candidat, Luc Chatel, qui a dénoncé sur Europe 1 «une campagne de caniveau». «On va continuer jusqu'où? On va vérifier si sa grand-mère n'avait pas un emprunt russe et s'il l'a bien déclaré dans sa déclaration de patrimoine?», a ajouté Luc Chatel, qui s'est indigné de voir que François Fillon, «depuis presque deux mois, est passé au scanner tous les jours».
Des députés socialistes se demandent si François Fillon, député de Paris, a bien déclaré ces dons. Une décision du bureau de l'Assemblée remontant à 2011 rend en effet «obligatoire la déclaration de tout don ou avantage d’une valeur supérieure à 150 euros». Les dons de proches «dans un cadre strictement privé» sont exemptés de cette obligation, avait fait valoir l'ancienne déontologue de l'Assemblée Noëlle Lenoir dans une lettre de juillet 2013.
«Que pense le déontologue d'un député qui se fait offrir 50 000 euros de costumes quand la règle est de refuser les cadeaux de plus de 150 euros?», a demandé le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Olivier Faure, sur Twitter.
Que pense Le déontologue d'un député qui se fait offrir 50 000€ de costumes quand la règle est de refuser les cadeaux de plus de 150€?
— Olivier Faure (@faureolivier) 12 mars 2017
«Fillon a-t-il déclaré ces dons au déontologue de l'Assemblée? C'est obligatoire. Sinon Claude Bartolone doit agir», a tweeté de son côté le député PS Christophe Castaner, soutien d'Emmanuel Macron.
#Fillon a t'il déclaré ces dons au déontologue de l'Assemblée? C'est obligatoire. Sinon @claudebartolone doit agir. https://t.co/exCGjPqZHzhttps://t.co/IlSN7XPYLy
— Christophe Castaner (@CCastaner) 12 mars 2017
Le règlement de l'Assemblée prévoit qu'en cas de manquement à cette obligation de déclaration, le bureau de l'Assemblée peut prendre des sanctions disciplinaires à l'encontre du député.
Cependant, selon les rapports d'activité de l'ancienne déontologue, les députés n'ont pas de délai fixe pour déclarer les dons reçus. Et peu de dons sont généralement déclarés par les 577 députés : seulement 19 entre juin 2015 et novembre 2016, dont 12 invitations à des événements sportifs.