France

Bagarre devant la «salle de shoot» à Paris : les riverains excédés, la mairie confiante

Des riverains du local d'injection de la capitale dénoncent la situation qu'ils vivent au quotidien dans le quartier, alors que le débat autour de cette «salle de shoot» n'est toujours pas clos. La mairie invoque l’insuffisance du dispositif actuel.

Un collectif de riverains de la salle de consommation à moindre risque (SCMR) de stupéfiants, installée dans le Xe arrondissement de Paris, a publié, le 6 mars dernier, une lettre ouverte adressée à Anne Hidalgo, maire de la capitale. Il y dénonce les nuisances dont ils s'estiment victimes depuis l'installation de cette «salle de shoot», à l'automne 2016 dans ce quartier du Nord de Paris.

C'est après une «bataille rangée d'une extrême violence entre deux bandes rivales de toxicomanes et de dealers» devant le centre, le 26 février dernier, que cette association informelle, qui communique principalement sur Twitter et Facebook, a décidé d'alerter les pouvoirs publics. 

Afin d'étayer les raisons de ces plaintes, le collectif diffuse régulièrement sur les réseaux sociaux des photos et des vidéos qui témoignent du quotidien dans le quartier. Parmi les publications récentes, on trouve notamment une vidéo de la bagarre en question. 

«L'une des personnes engagées dans cette bagarre a laissé échapper de son sac à dos une arme à feu», est-il notamment affirmé dans la lettre ouverte. 

Les messages du collectif prennent souvent à partie Rémi Féraud, maire socialiste du Xe arrondissement.

A grands renforts de photos montrant des halls d'immeuble jonchés de seringues et de détritus où s'endorment parfois des usagers de la SCMR voisine, les membres du collectif dénoncent la dégradation de leur quartier.

La mairie se veut rassurante face aux inquiétudes croissantes

Outre les dégradations et les violences observées, les riverains dénoncent également le développement de la prostitution dans la rue, ainsi que celui d'une insécurité dont ils jugent qu'elle est le fait de l'implantation de la structure il y a plusieurs mois

La mairie d'arrondissement tient à relativiser les faits. Interrogé par Le Figaro, Stéphane Bribard, conseiller d'arrondissement délégué à la sécurité, assure que «depuis l'ouverture de la salle, en octobre, il s'agit du premier moment de violence» et qu'il «a été très rapidement l'objet d'action» de la part des autorités. «C'est un affrontement entre deux drogués qui a commencé dans la salle d'attente et s'est terminé dehors en vraie bagarre, comme malheureusement on peut en retrouver à la sortie de lycées», tient-il à ajouter, précisant que l'incident avait été traité comme il le fallait.

Ce n'est pas l'avis du collectif de riverains, qui met particulièrement en cause la gestion du centre, assurée par l'association Gaïa. Selon lui, l'absence de coopération des responsables du centre aurait pour effet de «transformer la rue en "salle de shoot" à ciel ouvert, d'autant plus que le personnel [distribuerait] aux toxicomanes survoltés les kits d'injection à travers la grille».

Un débat toujours vif

Au-delà de l'épisode violent lui-même, c'est la controverse sur le principe même de l'ouverture d'une «salle de shoot» qui se poursuit. Son ouverture avait déjà été précédée par de vifs débats et oppositions. Selon Deborah Pawlik, conseillère de Paris du Parti Les Républicains (LR), interrogée par Le Figaro, «les membres du collectif apolitique, et même des gens qui au départ étaient favorables à la salle de shoot, sont unanimes sur le fait qu'il y a des difficultés».

Pour la majorité municipale de gauche, le problème ne vient pas du centre en lui-même mais de la présence de toxicomanes «qui continuent, comme avant, à fréquenter les toilettes, la gare ou les parkings», résume Stéphane Bribard. Autrement dit, la situation ne serait pas due à l'ouverture du SCMR mais, tout au contraire, à sa capacité d'accueil insuffisante. «La salle compte plus de 500 inscrits et environ 180 passages par jour : la réflexion à avoir, c'est peut-être sur l'extension des horaires», suggère le conseiller d'arrondissement.

53% des Français se déclarent opposés aux «salles de shoot» comme celle ouverte le 17 octobre dans le Xe arrondissement. Ce type de structures est réservé aux toxicomanes majeurs qui s'injectent, avec du matériel stérile, des produits qu'ils apportent eux-mêmes, sous la supervision de personnes qualifiées. 

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