Le Front national (FN) dans le viseur ? A en croire son réalisateur, le Belge Lucas Belvaux, le film Chez nous a bel et bien été inspiré par une formation politique spécifique : «Je voulais parler de dédiabolisation. [...] Il y a une manipulation au FN. Il y a un discours qui ne correspond pas à ce qui est proposé profondément», a expliqué le cinéaste, le 20 février, au micro de France Info, deux jours avant sa sortie.
Dans son œuvre, il est question de Pauline, une infirmière à domicile vivant dans une commune du Nord de la France, que le «Bloc patriotique» – un parti dirigé par une quadragénaire ou quinquagénaire blonde – souhaite recruter pour les élections municipales. «[J'ai] beaucoup travaillé sur le vocabulaire du FN et la manière dont le parti lisse le message», a également expliqué Lucas Belvaux.
L'arrivée d'un tel film, en pleine campagne présidentielle, n'a pas manqué d'indigner les membres du FN qui l'ont inspiré. «J’ai à peu près vu de quoi il s’agissait. Je crois que c’est très caricatural et pas très intéressant sur le fond», a confié au micro de RMC Nicolas Bay, secrétaire général du FN, le 21 février. Selon le conseiller régional normand, il s'agit d'un film à charge contre son parti, qui se fonde sur une vision erronée de celui-ci et ne tient pas compte des «mutations qu'il a connues».
En plus de cela, Chez Nous exprimerait selon le haut responsable frontiste «une espèce de mépris social», vis-à-vis de l'électorat populaire, sensible au discours du «Bloc patriotique»/FN.
Nicolas Bay a en outre insisté sur le fait que ce film politisé était «financé par l'argent public» – faisant référence, ici, aux subventions publiques accordées au cinéma français (Chez Nous étant un film franco-belge).
Une bande bande-annonce qui avait fait des vagues... bleu marine
Sortie fin décembre, la bande-annonce du film avait déjà provoqué une levée de boucliers du côté du FN. «Emules de Goebbels, les productions du système produisent Chez nous, à nos frais, film de propagande anti-FN», avait tweeté sans prendre de gants le secrétaire général du Rassemblement Bleu Marine (RBM, lié au FN), Gilbert Collard.
Le maire d'Hénin-Beaumont et vice-président du FN, Steeve Briois, s'était quant à lui emporté contre la représentation d'un personnage semblant faire référence à la présidente du FN. «Pauvre Marine Le Pen, qui est caricaturée par ce pot à tabac de Catherine Jacob. Un sacré navet en perspective !», avait rageusement tweeté l'édile des Hauts-de-France.
Enfin, le vice-président du Front national, Florian Philippot, avait dénoncé le propos supposé du film, dès la sortie de sa bande-annonce. «Je trouve ça proprement scandaleux qu'en pleine campagne présidentielle, à deux mois du vote, on sorte dans les salles françaises un film qui est clairement anti-Front national», avait-il déploré lors du Grand Rendez-vous I-Télé/Europe1/Les Echos.
Projection de «Chez Nous»... à l'Elysée
L'Elysée, en revanche, semble voir d'un bon œil la sortie du film de Lucas Belvaux en pleine période électorale. D'après le Journal du Dimanche (JDD), en effet, François Hollande a assisté avant tout le monde à une projection de Chez Nous, le 17 février, en compagnie de l'équipe du film. Une séance ciné dans le palais présidentiel qui n'aurait rien d'anodine : selon des proches de François Hollande cités par le JDD, «le président s'engagera contre le FN durant la campagne»...