L'idée d'un plan B à la candidature de François Fillon avait été enterrée au lendemain de sa conférence de presse du 6 février... serait-elle en train de renaître ? Alors que le candidat de la droite attend toujours les suites de l'enquête du parquet financier concernant les emplois fictifs présumés de son épouse et de ses enfants, les sondages le donnent systématiquement absent du second tour de la présidentielle. En conséquence, plusieurs élus des Républicains s'activent en faveur d'un plan de secours.
Le mouvement le plus visible en ce sens provient du camp de François Baroin. Le sénateur-maire de Troyes (Aube) publie en effet ce mercredi 15 février un livre-programme intitulé Un chemin français, dans lequel il adopte la posture d'un éventuel présidentiable, attaquant d'égal à égal les candidats déclarés à la présidentielle. «On ne commande pas son chef de l'Etat sur internet», écrit-il au sujet d'Emmanuel Macron, ou encore, au sujet de Benoît Hamon : «C'est monsieur revenu universel à 350 milliards». S'il continue officiellement de soutenir le candidat des Républicains, François Baroin était le recours affiché des sarkozystes au cœur de la tempête médiatique déclenchée par l'affaire Fillon.
Ses proches affirment d'ailleurs, comme le rapporte le JDD, qu'au moins «200 parlementaires et des milliers de maires» étaient prêts à le soutenir il y a quelques semaines. C'est de son propre chef qu'il aurait décidé de ne pas activer ce dispositif de soutien. Celui qui confie avoir «fait le travail de préparation mentale pour exercer des responsabilité à Matignon» pourrait bien, désormais que le doute gagne la droite, viser plus haut.
Les parlementaires dissidents s'organisent
C'est dans ses propres rangs que François Fillon doit faire face à l'opposition la plus tenace. Alors qu'il a de nombreuses fois refusé de céder, avançant que son renoncement provoquerait «une crise de régime», depuis près d'un mois, plusieurs pontes de son parti font pression, de manière plus ou moins avouée, pour obtenir son retrait de la course. Ce lundi 13 février, une trentaine de parlementaires, notamment sarkozystes, se réunissent à l'occasion d'un dîner pour réfléchir à une sortie de crise par un changement de candidat, comme l'a confié l'un d'eux à une journaliste de Public Sénat. Georges Fenech et Sébastien Huygue, les deux députés à s'être prononcés les premiers en faveur d'un remplacement de François Fillon début février, sont à l'origine de cette rencontre.
«Le bilan n'est pas bon du tout», explique en effet l'un de ces frondeurs auFigaro. Evoquant les retours du terrain, où les électeurs de droite se démobilisent, un autre ajoute : «La plupart voteront quand même, mais les réactions sont très négatives et certains laissent entendre qu'ils se tournent maintenant vers Emmanuel Macron ou Marine Le Pen.» La campagne, qui s'annonçait plutôt favorable pour François Fillon, serait-elle en train de virer au scénario catastrophe ?
Des électeurs en voie de démobilisation
Certains membres de l'équipe de campagne de François Fillon confient au Monde les difficultés qu'ils rencontrent jour après jour, alors que le rythme de la campagne est en train de s'accélérer. L'agenda du candidat, en effet, est anormalement léger à près de deux mois du premier tour. François Fillon devait tenir un meeting à Limoges, mais le maire Emile-Roger Lombertie a finalement refusé. Après s'être rabattu sur Clermont-Ferrand, François Fillon a été contraint de renoncer face au peu d'enthousiasme de Brice Hortefeux, eurodéputé de la région. Finalement, ce sera l'ouest de la France - mais aucun lieu n'a encore pu être arrêté.
Autre obstacle de poids aux déplacements de l'ancien Premier ministre : les opposants, très visibles et véhéments à défaut d'être nombreux, qui l'attendent à chacune de ses apparitions publiques. Samedi 12 novembre, c'est à la sortie de la messe, à La Réunion, qu'ils l'attendaient. Le lendemain, il a même dû renoncer à un déplacement au mémorial de la France Libre, pour éviter d'avoir à croiser une trentaine de manifestants brandissant des casseroles et des pancartes.
Si la crainte d'un décrochage électoral pousse certains à préparer un plan B, le temps ne joue pas en leur faveur. Les 500 signatures de chaque candidat doivent en effet être soumises au Conseil constitutionnel avant le 17 mars prochain - le camp Fillon a d'ailleurs décidé de jouer la montre afin de passer cette échéance. Demeure néanmoins la possibilité que François Fillon soit finalement inquiété par la justice passée cette date, ce qui priverait les Républicains de candidat à la présidence...
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