France

Sa fille accusée d'occuper un emploi fictif, Edwy Plenel dénonce une «calomnie»

Contre-attaquant face aux révélations de Mediapart sur leur candidat, les soutiens de François Fillon mettent en cause le poste occupée par la fille d'Edwy Plenel à la Mairie de Paris, alors qu'elle habite Berlin. Son père s'indigne et dément.

Tandis que leur candidat se débat avec le scandale concernant les emplois présumés fictifs de son épouse et de ses enfants, les soutiens de François Fillon ont lancé une contre-offensive sur internet. Afin de critiquer Mediapart qui, comme de nombreux autres médias, a enquêté sur l'affaire Fillon et relayé plusieurs informations à son sujet, des militants de droite ont trouvé un angle d'attaque en la personne d'Eve Plenel, la fille du directeur de la publication de Mediapart, Edwy Plenel.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs comptes de soutien à François Fillon ont ainsi relayé un visuel remettant en cause le droit d'Edwy Plenel à «venir donner des leçons de morale à toute la classe politique». Selon le texte abondamment diffusé depuis mardi 7 février, Eve Plenel gagnerait 3 000 euros par mois pour un poste à mi-temps à la Mairie de Paris, tout en habitant à Berlin – des faits sous-entendant donc qu'il pourrait s'agir d'un emploi fictif.

Le choix de Mediapart comme cible par le clan Fillon n'est sans doute pas dû au hasard. Lors de sa conférence de presse du 6 février dernier, alors qu'une journaliste du média d'Edwy Plenel lui demandait s'il avait menti au journal télévisé sur les dates de travail de son épouse en tant qu'assistante parlementaire, le candidat de droite avait répliqué : «Vous êtes de Médiapart, c'est ça ? Moi je n'ai jamais eu de redressement fiscal», faisant référence aux déboires du média avec les impôts en 2015.

Un portrait d'Eve Plenel dans Libération sème le doute

Ces informations sont en réalité tirées d'un portrait qu'avait consacré le journal Libération à Eve Plenel, dans son édition du 23 juin 2016. Décrivant le parcours de «cette associative de 34 ans [qui venait] de prendre la tête du projet Paris sans sida, lancé par Anne Hidalgo», le quotidien évoquait sa vie quotidienne. «Elle gagne 3 000 euros par mois», indiquait l'article, précisant : «Aujourd'hui, Eve a deux enfants, vit avec un spécialiste des sciences politiques et la petite famille habite à Berlin.»

Au sujet de la compatibilité de ces attributions avec son mode de vie, Libération l'interrogeait : «N'est-ce pas un brin gênant quand on dirige une association de terrain, et que l'on vient d'être nommée à la tête de Paris sans sida ?» L'intéressée répondait : «C'est un mi-temps et, en plus, je suis souvent à Paris». Jugeant ces explications insuffisantes pour lever le doute, c'est le député du Front national Gilbert Collard qui avait le premier établi un parallèle avec le travail de journaliste d'Edwy Plenel, dès le 30 juin 2016.

Edwy Plenel dénonce «un procédé détestable» fondé sur la «calomnie»

Le 9 février, Edwy Plenel a finalement décidé de répondre à ces accusations par un billet publié sur son site. Il y dénonce «un mensonge relayé par la fachosphère» par les militants de droite, qui se lancent dans «une campagne de calomnie à [son] encontre». Ces derniers ne peuvent, selon lui, «contester les informations de Mediapart sur les pratiques financières de leur candidat (conflit d'intérêts, clientélisme familial, etc)».

Edwy Plenel apporte quelques précisions sur la situation de sa fille, qui serait «en fait payée mensuellement 1 682 euros net pour un temps partiel qu'elle effectue à Paris, ayant un bureau à la mairie». Il assure que «ses déplacements depuis Berlin, où travaille son compagnon et où sont scolarisés ses enfants, sont totalement à sa charge».

Qualifiant de «procédé détestable» le fait de «salir la fille pour attaquer le journal dirigé par le père», Edwy Plenel rejette donc en bloc les soupçons soulevés par la contre-offensive lancée par les fillonistes. Alors que leur candidat n'est toujours pas fixé sur son sort du point de vue judiciaire, les sondages commencent en revanche à montrer une réelle perte de vitesse de sa campagne. Plusieurs d'entre eux le donnent même éliminé dès le premier tour au profit de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron. 

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