Europe, migrants, euros... Emmanuel Macron a profité de sa visite à Berlin, mardi 10 janvier, pour faire entendre sa voix sur quelques uns des sujets clés de son projet présidentiel, sans avoir peur d'aller à rebours de l'opinion publique française. Depuis une usine de trains de la Deutsche Bahn, un opérateur ferroviaire allemand fournissant une formation à des demandeurs d'asile, le leader du mouvement En Marche ! n'a pas hésité à faire l'éloge de la politique d'accueil des migrants d'Angela Merkel. «Je veux saluer ce qu'a fait la chancelière, c'est une fierté et une force pour l'Europe», a-t-il déclaré, quelques jours après avoir publié une tribune rendant hommage à la chancelière allemande.
Un parti pris surprenant de la part de l'ex-ministre de l'Economie, au regard de l'effondrement de la popularité de la chancelière depuis sa décision d'accueillir en Allemagne un million de migrants, en 2015. Cette politique d'ouverture des frontières, en effet, a suscité de vives oppositions dans la société allemande, bouleversée notamment par les agressions sexuelles de masse du Nouvel An 2016 à Cologne et par la vague d'attentats qui a frappé le pays depuis l'été dernier (attentats dont certains impliquaient des réfugiés).
S'étonnant, dans ces conditions, de voir Emmanuel Macron défendre les choix migratoires d'Angela Merkel, le dirigeant du mouvement Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a tweeté : «Il est devenu FOU !»
Quelques internautes, de manière similaire, ont réagi avec colère aux propos d'Emmanuel Macron sur la politique migratoire allemande : l'un d'eux l'a par exemple qualifié de candidat «hors sol»...
... tandis qu'un autre a évoqué «les Allemandes violées par des migrants» à Cologne.
Un discours en anglais qui passe mal
S'exprimant dans la soirée à l'université Humboldt de Berlin, le candidat à l'élection présidentielle, connu pour ses prises de positions pro-européennes, a surpris en affirmant que l'euro était aujourd'hui «un Deutsche Mark faible qui favorise l'industrie allemande».
Mais ce n'est pas tant la teneur de son discours que la langue qu'il a employée qui a provoqué de vives réactions chez les internautes... et les responsables du Front national (FN).
Dans une salle de conférence bondée (800 personnes, moitié journalistes, moitié étudiants, selon des reporters présents sur place), l'ex-salarié de la banque Rotschild a en effet choisi de s'exprimer dans la langue de Shakespeare. «Pauvre France !», a tonné la présidente du FN, Marine Le Pen, rappelant qu'Emmanuel Macron était candidat à l'élection présidentielle française.
De même, pour le vice-président du parti, Florian Philippot, qui estime que l'ancien membre du gouvernement Valls a ainsi fait preuve d'un manque de respect pour la francophonie et de son manque d'espoir en la nation française.
Du côté des internautes, les réactions étaient diverses : un utilisateur de Twitter, par exemple, a moqué l'usage de la langue anglaise dans un discours de défense du couple franco-allemand...
... tandis qu'un autre s'est indigné que l'on «bafoue» ainsi la langue de Molière.
Certains internautes ont néanmoins accueilli le choix d'Emmanuel Macron avec bienveillance, comme celui-ci, se félicitant qu'un candidat à la présidence de la République soit enfin en mesure de maîtriser l'anglais.
Emmanuel Macron doit poursuivre, mercredi 11 janvier, son voyage en Allemagne.