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Marine Le Pen juge le rattachement de la Crimée légal, Kiev veut la déclarer «persona non grata»

Kiev a immédiatement réagi aux déclarations de Marine Lepen sur la Crimée. Pour avoir jugé son rattachement à la Russie légal elle risque une interdiction du territoire.

Le 3 janvier 2017, sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin, Marine Le Pen avait jugé que «les habitants de la Crimée souhaitaient rejoindre la Russie». «Je ne crois absolument pas qu'il y ait eu une annexion illégale», a-t-elle déclaré, «il y a eu un référendum, je ne vois pas ce qui justifie de [le] remettre en cause».

Il n'en fallait pas plus pour froisser Kiev : «En faisant des déclarations qui reprennent la propagande du Kremlin, la politicienne française fait la preuve qu'elle ne respecte pas la souveraineté  et l'intégralité territoriale de l'Ukraine», a fait savoir le gouvernement de Petro Porochenko, «de telles affirmations [...] en violation avec la législation ukrainienne, auront nécessairement des conséquences [...] comme c'est le cas pour certains politiciens français», a-t-on menacé à Kiev, faisant allusion aux députés français, tel Thierry Mariani, critiques à l'égard des sanctions contre la Russie. Contrairement à François Hollande, lequel emboîtant le pas à Angela Merkel, a appelé en décembre 2016 au prolongement des mesures contre la Russie au-delà du 31 janvier 2017.

L'Ukraine de Porochenko de plus en plus isolée

Le gouvernement de Kiev se retrouve de plus en plus isolé sur la scène internationale et s'inquiète de l'arrivée au pouvoir d'un Donald Trump prêt à discuter avec la Russie. Donald Trump, alors candidat avait même déclaré son intention de reconnaître la Crimée comme territoire russe. Et, après le vote de la résolution le 23 décembre 2016 des Nations unies (ONU) condamnant la colonisation en Cisjordanie, les relations entre l'Ukraine et Israël se sont dégradées.

Le référendum de 2014 sur le rattachement de la Crimée à la Russie n'a pas été reconnu par la communauté internationale, sous la pression des Etats-Unis. Les Occidentaux, Union européenne en tête, s'étaient alors saisi du prétexte de la Crimée pour justifier d'une part des sanctions contre la Russie et, d'autre part un renforcement de l'OTAN en Europe de l'Est.

Mais la diplomatie russe avait alors souligné l'incohérence et le deux poids deux mesures de l'interprétation du droit international. Lors de l'indépendance du Kosovo en 2008, fortement souhaitée par les Occidentaux, l'ONU avait fait valoir qu'«une déclaration unilatérale d'indépendance d'une partie d'un Etat ne violait aucune norme du droit international». 

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