Financement libyen de Sarkozy : Ziad Takieddine mis en examen après ses révélations fracassantes
- Avec AFP
Après ses déclarations sur la remise de 5 millions d'euros d'argent libyen au camp Sarkozy quelques mois avant la présidentielle de 2007, l'homme d'affaires franco-libanais doit désormais faire face à la justice.
Ziad Takieddine a été mis en examen le 7 décembre par un juge d'instruction pour «complicité de corruption d'agent public étranger» et pour «complicité de détournements de fonds publics en Libye».
Selon son témoignage, confirmé depuis devant les enquêteurs de l'Office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff), Ziad Takieddine a transporté l'argent de Libye à la demande de l'ex-chef des services secrets libyens, Abdallah Senoussi. «Il s'agissait de rémunérer la formation d'agents libyens [du renseignement] en France [...] C'est comme cela qu'on me l'a présenté», a assuré à l'AFP celui qui apparaissait alors comme un acteur du rapprochement franco-libyen avant la chute de Mouammar Kadhafi.
Aux yeux de Ziad Takieddine, l'épisode qu'il raconte vient confirmer les déclarations en 2012 d'Abdallah Senoussi, lors d'une audition dans le cadre de poursuites de la Cour pénale internationale. Il avait alors affirmé avoir «personnellement supervisé» le transfert de 5 millions d'euros «pour la campagne du président Nicolas Sarkozy en 2006-2007», selon des éléments de l'enquête dont l'AFP a eu connaissance.
Ziad Takieddine avait assuré le 15 novembre avoir remis des fonds personnellement, à deux reprises, à Claude Guéant, alors directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, et une fois au futur chef de l'Etat lui-même. Les anciens occupants de la place Beauvau ont nié farouchement ces remises d'espèces et attaqué la crédibilité de Ziad Takieddine.
Des flux suspects
Dans ses précédentes auditions, Ziad Takieddine disait avoir eu confirmation de versements remis au candidat à la présidentielle de 2007, en rapportant notamment les confidences que lui avait faites «personnellement» en 2011 Saïf al-Islam Kadhafi, fils de l'ancien président libyen. Mais il affirmait ne pas avoir été mis au courant à l'époque. Surtout, il ne s'était jamais impliqué dans des remises de fonds.
Ziad #Takieddine entendu par les enquêteurs pour ses nouvelles accusations contre Nicolas #Sarkozy#Libyehttps://t.co/sSXbCcN5eFpic.twitter.com/BEBpIsncYe
— RT France (@RTenfrancais) 17 novembre 2016
Dans l'enquête sur les soupçons de financement libyen, les juges s'intéressent à des flux financiers impliquant des protagonistes liés au régime de Mouammar Kadhafi. Leurs interrogations portent notamment sur des soupçons de détournements de fonds derrière la vente à un fonds libyen d'une villa attribuée à Alexandre Djouhri, homme d'affaires proche de Nicolas Sarkozy.
Que montre ce document qui relance l'affaire du financement par la #Libye de la campagne 2007 de #Sarkozy? https://t.co/j02lPptQjopic.twitter.com/ff0Ld44cXQ
— RT France (@RTenfrancais) 28 septembre 2016
Les enquêteurs s'intéressent également à l'origine d'un virement de 500 000 euros perçu par Claude Guéant, ex-secrétaire général de l'Elysée, en mars 2008. Il s'agissait du fruit de la vente de deux tableaux, s'était-il défendu, sans convaincre les juges qui l'avaient mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale.
Avant la Libye, Ziad Takieddine était déjà au coeur de l'enquête sur l'affaire Karachi et les contrats d'armement entre la France et le Pakistan et l’Arabie saoudite entre 1993 et 1995. Dans ce dossier, il attend la possible confirmation de son renvoi en correctionnelle, avec cinq autres personnes, dont des anciens membres de l'équipe Balladur. Dans cette enquête déjà, il avait reconnu avoir versé des fonds en vue de la campagne présidentielle de 1995.
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