Nommé à la tête du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) en mars dernier, Marwan Muhammad n'a pas perdu de temps pour faire entendre sa voix dans le débat public : polémiques sur le burkini et sur le voile islamique, camp d'été «décolonial»... L'ex-trader de 38 ans a été de tous les combats liés à la question de l'islam ou du racisme au cours des derniers mois, et n'a pas hésité à formuler des arguments ou à employer des termes susceptibles de choquer une partie des Français.
Le foulard fait partie des tenues françaises et Mohammed est un prénom français
Au journal Le Monde, qui le présente dans son édition du 31 octobre comme une «figure montante de la communauté musulmane», le militant défend sans détour la compatibilité des identités française et musulmane. Selon lui, les musulmans nés en France «définissent l'identité française, comme n'importe qui d'autre». Et ce, même s'ils portent des prénoms ou arborent des vêtements liés à la religion islamique.
«L’islam est une religion française, le foulard fait partie des tenues françaises et Mohammed est un prénom français», martèle-t-il, aux antipodes d'un Eric Zemmour, pour qui, un citoyen français à qui les parents ont donné un prénom d'origine étrangère est moins français que ses compatriotes.
«Je ne condamne pas les choix des uns et des autres d’être homosexuels ou d’être polygames»
Cette volonté de défendre la liberté des musulmans à vivre selon les mœurs de leurs choix en France a conduit Marwan Muhammad à refuser de condamner la polygamie, voire même à la comparer à l'homosexualité, qui à ses yeux dépendrait elle aussi du libre-arbitre : «Je ne condamne pas les choix des uns et des autres d’être homosexuels ou d’être polygames, ça ne m’intéresse pas», a-t-il ainsi lancé au candidat à la primaire de la droite Jean-François Copé, lors d'un débat tendu le 2 octobre dernier à SciencesPo, rapporte Le Monde.
Néanmoins, le dirigeant de l'association de lutte contre l'islamophobie ne craint guère d'indigner ou d’irriter : lui-même ne se définit pas tout à fait comme un militant modéré. «Il faut que je sois Malcolm X pour que tu puisses être Martin Luther King», avait-il asséné au fondateur de l'association Coexister, Samuel Grzybowski.
La finance de marché est l'un des systèmes les plus égalitaires
Détail insolite : cet engagement radical au service de la lutte contre les discriminations anti-musulmanes n'empêche pas le trentenaire de conserver une certaine fascination pour le monde professionnel qu'il a quitté : celui de la finance et des marchés. Pour l'ancien trader de la Société générale, cet univers constitue «l’un des systèmes les plus égalitaires [car] avec tout son cynisme, [il] se fiche que tu sois noir, arabe ou juif, tant que tu livres de la performance».