«Je comprends les interrogations que suscite la situation d'Adel Kermiche. Son placement sous contrôle judiciaire avec assignation à résidence sous surveillance électronique [...] a été confirmé en cour d'appel par trois juges, également expérimentés. C'est un échec, il faut le reconnaître», a relevé sans complaisance le Premier ministre au sujet de la décision rendue par la justice antiterroriste sur le cas d'Adel Kermiche, l'un des deux auteurs de l'attentat djihadiste de Saint-Etienne-du-Rouvray.
Il estime que «cela doit conduire les magistrats à avoir une approche différente, dossier par dossier, compte tenu des pratiques de dissimulation très poussées des djihadistes», tout en affirmant qu'il ne sera pas «celui qui, au mépris de tout équilibre des pouvoirs, tomberait dans la facilité de rendre ces juges responsables de cet acte de terrorisme».
Le premier tueur, Adel Kermiche, âgé de 19 ans, avait été rapidement identifié suite à l'attentat de l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray. Il avait tenté à deux reprises de se rendre en Syrie pour rejoindre l'Etat islamique.
Pour l'interdiction du financement étranger des mosquées
Le Premier ministre a également fait part de sa volonté «d'inventer une nouvelle relation» avec l'islam de France et de former «les imams en France et pas ailleurs». Concernant le financement des mosquées, il s'est dit favorable à une interdiction temporaire de tout financement venant de l'étranger.
«Il faut être intraitable avec les mises en cause de la laïcité, les idéologues intégristes et tous ceux qui, sous couvert d’un discours fondamentaliste, préparent les esprits à la violence. Le salafisme n'a pas sa place en France», martèle-t-il.
Désignant Daesh comme l'ennemi de la France, il décrit l’organisation terroriste comme un «proto-Etat incomplet mais qui a soumis 10 millions de personnes», qui «emprunte plusieurs traits au totalitarisme : le chef suprême, une idéologie génocidaire, la soumission de tous les moyens de production et la terreur policière».
Tempête médiatique, guerre politique
Les politiques n'ont eu de cesse de se renvoyer la balle concernant la responsabilité des attentats, notamment suite aux différentes révélations des médias sur les failles des dispositifs sécuritaires.
Manuel Valls a ainsi profité de son entretien avec Le Monde pour répondre aux attaques de Nicolas Sarkozy contre le gouvernement après les attentats de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray, accusant le président des Républicains de «perdre ses nerfs». Pour le Premier ministre, les accusations «nauséabondes» sur un «prétendu mensonge d'Etat» doivent «cesser».
«Etre lucide face à la menace, ce n'est pas basculer dans le populisme», a ajouté le locataire de Matignon. Il répondait aux critiques de l'ancien chef de l'Etat, qui avait estimé que la gauche était «tétanisée» par la «violence et la barbarie» tout en accusant l'exécutif de se réfugier derrière des «arguties juridiques» pour refuser les propositions de l'opposition en matière de lutte contre le terrorisme.
Nicolas Sarkozy n'est pas le seul à avoir alimenté la polémique et à avoir émis des critiques virulentes contre le gouvernement suite aux attentats de Nice et Saint-Etienne-du-Rouvray.
Le Premier ministre et Christian Estrosi s'écharpent depuis des semaines, chacun accusant l'autre de mensonges, chiffres contradictoires à l'appui.
En outre, les accusations de la policière Sandra Bertin sont également à l'origine d'une véritable polémique politique depuis l'attentat de Nice. Dénonçant une campagne antigouvernementale engagée par «l'ancien maire de Nice» Christian Estrosi dès le lendemain de l'attaque sur la Promenade des Anglais, Manuel Valls a regretté que l'on mette au même niveau le «ministre de l'Intérieur et une policière municipale».