La justice française avait-elle pris toute la mesure du danger que représentait Adel Kermiche ? Selon des informations exclusives rapportés par le journal Le Monde, le cas d'Adel Kermiche a été l'objet d'un véritable bras de fer judiciaire entre les juges d’instruction et le parquet de Paris.
Après sa seconde tentative pour rejoindre la Syrie en mai 2015, le jeune homme est incarcéré et mis en examen. Du mois d'octobre 2015 à février 2016, une enquête est alors réalisée sur la personnalité d'Adel Kermiche. Il se définit alors comme «un musulman basé sur les valeurs de miséricorde, de bienveillance».«Je ne suis pas extrémiste», explique-t-il aux enquêteurs et aux psychologues.
La juge estime alors que le jeune homme a «pris conscience de ses erreurs» et qu’il est «déterminé à entamer des démarches d’insertion». Malgré un avis défavorable du parquet qui estime que le risque de récidive est trop fort et que les conditions du contrôle judiciaire sont dérisoires, la justice finit quand même par accorder sa liberté à Adel Kermiche, en mars 2016.
Un individu connu de la justice pour ses tentatives de rejoindre l'Etat Islamique
Adel Kermiche a tenté a plusieurs reprise de rejoindre la Syrie : une première fois en mars 2015, il est interpellé en Allemagne. Mis en examen le 28 mars 2015, il est placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter la Seine-Maritime, l’obligation de pointer une fois par semaine au commissariat et l’obligation de trouver une formation ou un emploi. Mais semaines plus tard, le jeune homme retente sa chance, et quitte à nouveau le domicile familial. Un mandat d'arrêt international est délivré. Adel Kermiche est interpellé en Turquie cette fois, avec les papiers d’identité de son cousin, le 13 mai 2015.
Il est alors mis en examen et incarcéré pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» puis détenu en prison jusqu'au 18 mars 2016. Malgré les protestations et les réticences du parquet qui estimait qu'il y avait un «risque très important de renouvellement des faits», il a fini par être libéré.
Il est alors assigné à résidence au domicile familial et contraint de porter un bracelet électronique, avec l'interdiction de quitter le département et l'autorisation de quitter le domicile familial entre 8h30 à 12h30 en semaine, période durant laquelle il a commis, mardi 26 juillet, son attentat dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray.