Manuel Valls envisage de dissoudre des groupes d’extrême gauche
Pointés du doigt pour leur responsabilité dans les violences qui ont émaillé les manifestations contre la loi travail, les groupes de l’«ultragauche» sont dans le viseur de Manuel Valls. Au Sénat, le Premier ministre a évoqué leur dissolution.
«Je l'avais d'ailleurs dit en 2012, je suis inquiet sur la montée de cette ultragauche, qui s'en prend aux institutions de la République et qui représente des centaines d'individus.» Le ton est solennel. Au moment de prendre la parole devant les sénateurs ce jeudi 23 juin, Manuel Valls a évoqué la problématique des groupes d’extrême gauche qui prennent part aux débordements lors des manifestations contre la loi travail.
Un parlementaire Les Républicains a interpellé le locataire de Matignon pour lui demander de mettre fin à l’existence de ces entités. «A chaque fois que nous pouvons dissoudre des organisations qui existent et qui se livrent à des violences, nous le ferons. Nous l'avons fait pour des groupes liés à l'islam radical, nous l'avons fait pour des groupes d'extrême droite. Et s'il le faut, et si les groupes sont bien identifiés, nous le ferons bien évidemment quand il s'agit de l'ultragauche», lui a-t-il rétorqué.
Vers une dissolution des groupes ultragauche identifiés ? https://t.co/1SKFes2jLT
— Paنl Cristereaنx (@PaulCristereaux) 23 juin 2016
A la suite de la mort de l’activiste de la mouvance «antifa» Clément Méric, Manuel Valls avait pris la décision de dissoudre deux groupes d’extrême droite : l’Oeuvre française et les Jeunesses nationalistes.
Celui qui était à l’époque ministre de l’Intérieur s’était appuyé sur la loi de 1936 relative aux groupes de combat et milices privées pour obtenir ces dissolutions par décret.
Difficultés de mise en oeuvre
Le Premier ministre a toutefois évoqué les obstacles avant de mettre en place de telles procédures. Il a souligné ne pouvoir dissoudre que des organisations «qui existent», soulignant ainsi la difficulté à parer à ces groupuscules.
«Je suis préoccupé, moi, par cette violence qui est celle de l'ultragauche et par ce qu'elle peut produire pas seulement dans les jours et les semaines qui viennent mais dans les mois et les années qui viennent», a-t-il poursuivi.
Le Premier ministre a eu un mot sur les polémiques concernant l'inefficacité des forces de l’ordre pour maintenir le calme durant les mobilisations. Inefficacité que certains responsables au sein de la police mettent sur le dos de leur hiérarchie. Les ordres ne seraient pas adaptés.
«Lorsque vous voyez des casseurs détruire les vitrines, saccager des panneaux publicitaires, se servir des tubes néons à l’intérieur pour attaquer les forces de l’ordre et que des policiers mobilisés sont en face d’eux et qu’ils doivent attendre une heure en face d’eux pour intervenir […] on se demande bien pourquoi», a ainsi souligné récemment Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat policier majoritaire Alliance.
Pour Manuel Valls, ces critiques ne sont pas fondées. Il a de nouveau assuré que les ordres donnés par le ministre de l'Intérieur étaient «particulièrement clairs pour interpeller, protéger et faire en sorte que ces incidents n'aient pas lieu».
Il s’en est pris à ceux qui «mettent en cause la police et le gouvernement comme si nous organisions nous-mêmes ces violences pour discréditer le mouvement social».
#manif "Il faut une enquête parlementaire pour savoir pourquoi l'ordre d'intervenir n'a jamais été donné" C.O'Petit pic.twitter.com/tgPUmJOvSt
— Les Grandes Gueules (@GG_RMC) 23 juin 2016
Le jour même, le pays était à nouveau le théâtre d’une journée de mobilisation contre la loi travail. Malgré une centaine d’interpellations à Paris, la manifestation s’est déroulée dans le calme. En province, mis à part de sporadiques incidents, la situation a été calme.