France

La classe politique française se divise sur les blocages contre la loi travail

Face aux blocages qui se multiplient contre la loi travail, notamment mis en place par le principal syndicat du pays, la CGT, la classe politique est divisée entre volonté de fermeté et soutien au mouvement social.

Après les raffineries pétrolières et les centrales nucléaires, la Confédération générale des travailleurs (CGT) a annoncé qu'elle allait bloquer l'impression des quotidiens nationaux ce jeudi 26 mai. Entre les élus Républicains qui demandent de la fermeté, les frondeurs socialistes nageant entre deux eaux, le Front national qui demande un retrait de la loi travail et la majorité en émoi, la scène politique affiche ses divisions face à ces résistances.

Du côté de l'opposition, le candidat à la primaire pour 2017 des Républicains, François Fillon dénonce une France «bloquée sous la pression d'un syndicat ultra-minoritaire» et s'oppose «à la dictature d'une minorité». «En 2010, mon gouvernement a dû gérer le blocage des dépôts et raffineries. C’était une situation difficile pour les Français. Nous y avons fait face sans trembler, en faisant lever les barrages par la police et en utilisant l’arme de la réquisition des salariés grévistes», a-t-il expliqué, encourageant le gouvernement à muscler sa riposte.

Un «bras de fer entre deux minoritaires» selon les Républicains

Si le gouvernement recule sur la loi travail «il ne pourra plus agir», a également jugé mercredi 25 mai sur Europe 1 Alain Juppé, autre candidat à la primaire de la droite. «Le gouvernement s'est mis dans une impasse, et si aujourd'hui il recule, le sentiment d'impuissance qu'il donne s'aggravera encore», a-t-il assuré.

Le sénateur Républicains et ex-secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, a préféré renvoyer dos à dos le gouvernement et la CGT. Il a déploré un «bras de fer entre deux minoritaires», gouvernement et CGT. Même s'il a déclaré n'avoir «pas un sentiment de mai 1968 ni de blocage jusqu'à l'été», ce soutien de Nicolas Sarkozy pour la primaire à droite a évoqué des «Français pris en otages», «une économie en perdition, une société disloquée» et ironisé sur la «fantastique» image de la France «à une quinzaine de jours de l'Euro».

Le président des centristes de l'Union des Démocrates et Indépendants, Jean-Christophe Lagarde a pour sa part estimé que «le gouvernement a une nouvelle fois trop attendu, laissé pourrir la situation».

Une majorité divisée

La majorité a quant à elle affiché ses divisions et ses hésitations. Alors que Christophe Caresche, député PS de Paris, a regretté les actions menées par la CGT, il a indiqué que «le premier syndicat du pays, ce qui est assez inquiétant […], s'est lancé dans une radicalisation qui est assez inexplicable».

Le chef de file des députés PS «frondeurs», Christian Paul a, pour sa part, refusé de demander le retrait du projet de loi travail, tout en soutenant le mouvement. «J'en appelle d'abord au président de la République, parce que, dans la gravité de la situation, c'est le président de la République qui a la clé du dialogue. Il doit donner le signal d'une reprise d'un dialogue sérieux et loyal et de négociations», a-t-il déclaré sur LCI. Le député de la Nièvre a indiqué soutenir «les mouvements qui depuis maintenant plusieurs mois (...) ont permis d'alerter sur le caractère dangereux pour les salariés de la loi travail».

Le président du groupe PS à l'Assemblée Bruno Le Roux a lui envisagé un négociation autour de l'article 2 du projet, concernant l'articulation accords de branches/entreprises, source des mécontentements. Il s'est rapidement fait rappeler à l'ordre par le Premier ministre : «Il n'y aura ni retrait du texte, ni remise en cause de l'article 2, car c'est le cœur de la philosophie du texte», lui a rétorqué Manuel Valls à l'Assemblée nationale.

Bruno Le Roux a parallèlement déploré que la «tendance ultra-gauchiste» se soit imposée à la CGT dans la contestation contre le projet de loi travail, saluant à l'inverse la «volonté de discuter» de Force Ouvrière.

Le Front national pointe du doigt la responsabilité de la CGT dans le «chaos» actuel

La présidente du Front national Marine Le Pen a demandé au gouvernement de «retirer immédiatement» la loi travail pour «permettre le déblocage» du pays, dans un message posté mercredi sur son blog. Selon elle, «le gouvernement porte l’entière responsabilité de la situation d’exaspération que connaît la France».

Sur les mouvements de blocage organisé en France, l'avis de la fille de Jean-Marie Le Pen est tranchée. «Certains représentants syndicalistes, qui ne représentent qu’eux-mêmes et qui sont toujours aux abonnés absents quand il s’agit de combattre les vrais problèmes (en l’occurrence l’obsession ultra-libérale bruxelloise), portent une lourde responsabilité dans le chaos que connaît aujourd’hui le pays. Ils mettent en difficulté nombre de salariés et d’entreprises en désorganisant les transports et en installant un tel chaos en France», a-t-elle asséné.

La gauche radicale comme le Front de gauche et le Parti communiste soutiennent quand à eux le blocage et le retrait du projet de loi travail. «On ne peut mépriser le peuple sur un sujet aussi important sans conséquences», a notamment déclaré le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière. Du côté des Verts, l'ancienne ministre du Logement Cécile Duflot, et le maire de Bègles, Noël Mamère, se sont rangés du côté des bloqueurs.

Le mouvement promet de continuer et, selon un sondage Elabe pour BFMTV, près de sept Français sur dix (69%) sont favorables au retrait du texte «pour éviter un blocage du pays». Au moins 16 des 19 centrales nucléaires de l'Hexagone ont voté la grève pour jeudi 26 mai, a indiqué mercredi soir la CGT. Le patron de la CGT, Philippe Martinez, a d'ailleurs prévenu «des risques que la mobilisation s'amplifie», quand celui de FO, Jean-Claude Mailly, a assuré «ne pas être dans l'esprit d'arrêter» la mobilisation.

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