France

Manifestation anti-migrants à Calais : amende requise pour le général Piquemal, délibéré le 26 mai

Jugé pour avoir participé à une manifestation interdite du mouvement islamophobe PEGIDA le 6 février à Calais, le général Piquemal a reçu son verdict. Le ministère public a requis une amende de 500 euros. Une décision finale sera rendue le 26 mai.

Le procureur de la République Jean-Pierre Valensi a requis à l’encontre du général Piquemal une peine de cinquante jours-amendes à dix euros. Le procureur indique avoir tenu compte «du fait qu’il ne voulait pas de violences ni de débordements, et de son glorieux passé».

Le premier avocat du général a ainsi qualifié son client d’«un homme sans failles qu’on a traité comme un voyou», regrettant « une enquête bâclée».

Le second avocat a pour sa part essayé de démontrer que son client n’était présent qu’en tant que «caution morale», mais sans être impliqué dans l’organisation du rassemblement. Les deux défenseurs du général Piquemal ont plaidé la relaxe. La décision du tribunal est attendue pour le 26 mai.

Un mise en examen polémique

Agé de 75 ans, celui qui a été commandant de la Légion étrangère de 1994 à 1999 est poursuivi pour «organisation d'une manifestation interdite sur la voie publique» et «participation sans arme à un attroupement qui ne s'est pas dissout après sommation de se disperser».

Les deux délits sont passibles de, respectivement, six mois de prison et 7 500 euros d'amende, et un an de prison et 15 000 euros d'amende.

Organisé à l'appel du mouvement anti-immigration Pegida, le rassemblement avait attiré une centaine de personnes, qui avaient scandé des slogans tels que «on est chez nous !» ou «migrants dehors !». Après plusieurs appels à la dispersion, les gendarmes avaient chargé les manifestants. Vingt personnes avaient été interpellées.

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De source judiciaire, l'ancien militaire, qui comparaît libre, est considéré comme «l'organisateur de fait» et le «leader» de la manifestation. Pour son avocat, Maître Dominique Mattei, si «Monsieur Piquemal a bien participé à la manifestation», il est «évident» qu'il n'en est «pas l'organisateur». «Pour le condamner là-dessus, il faudra le prouver et on ne pourra pas se réfugier derrière sa prétendue notoriété», a-t-il dit à l'AFP.

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Une arrestation qui a fait parler d'elle

L'arrestation de l'ex-militaire avait suscité de nombreuses réactions, principalement de la part de la droite et du Front national. «Un grand serviteur de la France traité plus durement qu'un délinquant : une cruelle preuve de l'inversion totale des valeurs», avait notamment écrit Marine Le Pen sur son compte Twitter.

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Quelques jours après son interpellation, une manifestation de soutien, également interdite, avait été organisée et s'était soldée par quatre interpellations.

Dans un communiqué, l'ex-militaire s'est dit «ému et touché» par «les nombreuses marques de sympathie» qu'il a reçues depuis son arrestation. «Aussi sensible que je puisse être à ces témoignages de soutien [...] je dois rappeler que je me présenterai à cette audience en ma qualité de "simple citoyen"», a-t-il écrit.

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Le général Piquemal devait initialement être jugé en comparution immédiate le 8 février, mais son procès avait été reporté en raison d'un état de santé «incompatible avec une comparution immédiate», selon le parquet.

Sur Facebook, quelque 300 personnes ont déjà prévu de participer à un événement intitulé «mobilisation le 12 mai en soutien au général Piquemal» devant le Palais de justice de Boulogne-sur-Mer, créé par David van Hemelryck, le meneur du collectif «Hollande démission».