Abandon des sanctions contre la Russie : les politiques s'en donnent à cœur joie

Abandon des sanctions contre la Russie : les politiques s'en donnent à cœur joie Source: Reuters
L'Assemblée nationale
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Alors que l'Assemblée nationale a adopté ce jeudi à 55 voix contre 44 la proposition de résolution visant à ne pas prolonger les sanctions contre la Russie, plusieurs hommes politiques ont fait part de leur réaction.

«Retourner à la raison»

Nicolas Dhuicq, député de l’Aube : «Ce vote n’est pas serré, il est très large, parce que nous sommes dans l’opposition et nous avons essayé de convaincre nos amis de la majorité, de retourner à la raison. […]C’est un signe fort qui est envoyé au gouvernement français pour que la France retrouve la souveraineté.

Nous espérons que le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, qui est un homme intelligent, raisonnable et rationnel, poursuive sur la voie de la raison clairement indiquée, c’est-à-dire que la France fasse lever les sanctions, parce que si les sanctions ne sont pas levées, d’autres vont prendre les parts de marché en Russie : les Sud-Coréens, les Allemands, les Suédois et les Américains, alors que nos agriculteurs français meurent et se suicident».

Marie-Françoise Bechtel, députée de l'Aisne :  «Je pense qu’à l’origine les sanctions étaient une erreur. C’est une erreur politique, c’est une erreur économique, c’est une erreur historique, ça fait beaucoup. Une erreur politique, parce que dans l’affaire ukrainienne on peut faire beaucoup de reproches à la Commission européenne, à l’Union européenne. Une erreur économique, parce que ces sanctions sont bien évidemment contre-productives sur l’ensemble des rapports entre nos deux pays. Elle nuit à nos produits, comme il est d’ailleurs assez naturel. Et surtout une erreur historique, parce que nous avons toujours été en dialogue avec la Russie et l’Union soviétique, quelle que fut la forme de cet Etat qui a connu des régimes très différents. Il est essentiel pour l’avenir et l’indépendance de l’Europe que le partenariat avec la Russie soit un partenariat fort, et non pas une attitude que je qualifierais de négative de la part des Etats occidentaux».

L'action plutôt que les mots

Jean-Paul Dupré, député PS de l’Aude, l'un des deux députés PS a avoir voté pour la levée des sanctions : «Cela me semble aller dans le sens de ce que souhaite l’ensemble du parlement. Je fais parti de la majorité, je soutiens le gouvernement ainsi que le président. Plusieurs ministres, et non des moindres, se sont prononcés pour dire qu’il fallait prendre des mesures pour lever le dispositif de restriction imposé à la Russie par l’UE.

Le temps de la réflexion est passé, il faut agir car cela me semble être autant dans l’intérêt de la Russie que de la France. Il faut reprendre une sorte de cours normal dans nos relations économiques, administratives et politiques pour que nous puissions continuer à agir et trouver une solution à cette crise ukrainienne. L’heure n’est plus aux paroles mais aux actes.

Il y a eu une volonté de la part du groupe socialiste de ne pas aller dans le sens de ce qui a été proposé pour lever les mesures restrictives. Ce n’est jamais l’heure ! Certains ont considéré qu’il fallait suivre l’appréciation du groupe, mais il faut noter qu’un grand nombre de députés ne se sont pas déplacés pour venir voter.
Il y une majorité qui s’est dégagée pour lever les sanctions, c’est un indicateur qui doit être pris en considération et faire aboutir les déclarations verbales.»

Désormais, le gouvernement est face à ses responsabilités

Thierry Mariani, député des Français de l'étranger, ancien ministre des Transports : «Je pense que c’est un immense succès pour tous ceux qui sont attachés aux relations avec la Russie. J’avais présenté cette résolution, depuis plusieurs semaines on travaillait à ce que les députés soient là, parce que vous savez, le jeudi matin c’est un jour creux. Je constate qu’ils ont été là massivement, et que finalement le vote est assez net puisque il y a dix voix d’écart. C’est une belle surprise.

Maintenant François Hollande est face à ses responsabilités. Le Parlement français a décidé, le Parlement français demande la levée des sanctions. La France passe son temps à dire qu’on est la patrie des droits de l’homme, qu’il faut respecter la volonté populaire. J’attends maintenant que la France respecte la volonté du Parlement et demande la fin de ces sanctions dans les prochaines négociations. Je serais très surpris que [François Hollande ne suive pas le Parlement]. Je pense que dans ce cas-là c’est une immense gifle pour la démocratie». 

La Russie, cet allié privilégié de la France dans la lutte contre le terrorisme islamiste

Claude Goasguen, maire du XVIe arrondissement de Paris et député les Républicains : «L’Assemblée nationale vient de voter une résolution au titre de l’article 34-1 de la Constitution, qui invite le gouvernement français à ne pas renouveler les mesures restrictives et les sanctions imposées par l’UE à la Fédération de Russie. Je me félicite d’avoir voté ce texte avec l’ensemble du groupe Les Républicains, contre l’avis du gouvernement, qui a été battu dans l’hémicycle. Comme je l’ai défendu à plusieurs reprises, les sanctions contre la Russie pénalisent davantage la France que la Russie, et la Russie reste notre allié privilégié dans la lutte contre le terrorisme islamique. C’est donc une victoire très nette pour  Les Républicains et une défaite sévère pour l’orientation diplomatique du gouvernement à ce sujet.»

François Fillon, ex-Premier ministre, député de Paris : «Je me réjouis de cette résolution. J’ai toujours pensé que la politique de sanctions à l’égard de la Russie avait été une politique négative avec des effets pervers pour l’économie européenne et avec des effets pervers pour la situation économique russe. Donc j’espère que ce vote permettra au gouvernement d’accélérer le processus pour lever ces sanctions.

En tout cas cela montre qu’il y a une grande majorité de Français qui sont pour la levée de ces sanctions et que la majorité de gauche n’a pas réussi à empêcher un vote de l’opposition. Quand elle veut l’empêcher elle le fait. Si elle n’a pas réussi aujourd’hui c’est parce que je pense que beaucoup d’élus socialistes sentent bien que ces sanctions sont des sanctions qui sont négatives à la fois pour l’intérêt national et pour l’intérêt de la Russie.»

«Si on comprenait davantage la Russie, le monde s’en porterait mieux»

Olivier D’Auzon, écrivain : «Je pense que ce vote est une bonne nouvelle pour la Russie, pour la France et pour l’Union européenne. [Si peu de députés ont voté c'est parce que] la France a peur de la Russie et qu’on ne comprend pas encore les Russes. Alors que, comme l’a dit Hubert Védrine, si on comprenait davantage la Russie, le monde s’en porterait mieux. Les agriculteurs français souffrent énormément [de ces sanctions], en particulier les éleveurs porcins.

Je pense que l’Allemagne peut suivre car le ministère allemand des Affaires étrangères serait sans doute favorable à la levée des sanctions, l’Italie aussi. On imagine mal une levée des sanctions immédiate parce que je pense que les Polonais vont voter pour [une prolongation des sanctions]. Il y a trois mois, Emmanuel Macron était allé à Moscou. Il était pour la levée des sanctions contre la Russie, donc ça c’est une bonne nouvelle. Ce qui compte est que le mouvement est lancé. Les Européens vont réfléchir. Mais tout dépend de savoir si le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, aura la faculté d’imprimer cette nouvelle politique étrangère, et pour l’instant je crois que ça n’imprime pas du tout.»

Un signal fort au reste de l'Europe

Emmanuel Quidet, président de la Chambre de commerce et d'industrie franco-russe : «C’est un vote extrêmement important, puisque c’est la première fois qu’un parlement d’un pays européen vote pour la levée des sanctions.

Qui plus est, ce pays est la France, un des pays clés des accords de Minsk. Cela donne donc au gouvernement le signal fort qu’il faut accélérer les négociations pour lever les sanctions, notamment économiques, parce qu’elles sont complétement inutiles. Légalement le gouvernement n’a pas besoin de tenir compte de ce vote, mais il lui est difficile de ne pas tenir compte du vote de l’Assemblée nationale française. Donc il va devoir, d’une façon ou d’une autre, s'y tenir.


On peut espérer [que d'autres pays européens suivent cette initiative], lorsqu’on voit le vote au Pays-Bas lors du référendum d’il y a quelques semaines qui a été aussi positif pour la levée des sanctions. On peut se dire que d’autres pays conduiront d’autres types de votes qui pourront aller dans le même sens».

Yves Pozzo di Borgo, sénateur Les Républicains : «C’est très positif, je suis vraiment heureux et je félicite Thierry Mariani. Le gouvernement n’est pas tenu de suivre la résolution mais politiquement c’est très important, ce vote a beaucoup d’importance.Je compte déposer une résolution au Sénat à la suite d’un rapport sur les relations entre l’UE et la Russie que je dois rendre.»

Cette résolution devrait être présentée vers la mi-juin, pendant la période du conseil européen.

Lire aussi : L'Assemblée nationale décide à 55 voix contre 44 de ne pas prolonger les sanctions contre la Russie

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