Au départ, il y a la mobilisation contre la réforme El Khomry de jeudi 31 mars, à Paris. Toute la journée, entre 390 000 et 1,2 millions de personnes ont défilé dans toute la France. Le soir venu, plusieurs centaines de contestataires refusent de rentrer chez eux et occupent la place de la République.
Naissance du mouvement dans la nuit de jeudi 31 à vendredi 1er
Au programme, concerts, débats, assemblées générales et projection du film «Merci Patron» de François Ruffin. C'est autour de la «dynamique créé par le film» que se forme le collectif «Convergence des luttes» qui struture le mouvement, organise des activités et annonce le calendrier des événements à venir.
Depuis, l'évacuation musclée de la place par les policiers le vendredi 1er avril au matin n'a pas empêché quelques centaines de personnes de se rassembler à nouveau.
Chaque soir à partir de 18h, la place de la République de Paris est transformée en espace d'échange. Des mouvements similaires se sont mis en place à Nantes, Rennes, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Strasbourg, Marseille et même Calais.
La propagation du mouvement
D'abord très circonscrit, ces mouvements prennent progressivement de l'ampleur. A Nantes et Rennes, plusieurs centaines de jeunes, et moins jeunes, ont entamé ce mardi 5 avril leurs premières «Nuits debouts».
Dans ces deux villes, les étudiants avaient appelé à tenir ces «Nuits» dès le jeudi 31 mars mais les places qu'ils visaient dans les centre historiques leur avaient été interdites par les forces de l'ordre, donnant lieu à de longs et vifs heurts avec les manifestants.
Près d'un demi-millier de manifestants étaient également présents à Toulouse, place du Capitole, ce mardi 5 avril au soir. Ils étaient un peu moins nombreux à Lyon, où de nombreuses forces de police étaient présentes. A Strasbourg, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées pour la première «Nuit debout» organisée dans la ville. A Calais, une trentaine de personnes se sont rassemblées.
Des comptes Twitter de «Nuit Debout» ont été créés pour préparer des rassemblements dans une trentaine de villes. A Bordeaux notamment, un premier rassemblement doit être organisé samedi prochain 9 avril, comme à Lille et dans plusieurs grandes villes de France.
Les revendications : «reprendre le contrôle»
«En tout cas, on est tous d’accord sur un constat : la démocratie ne fonctionne plus, il n’y a plus aucun espoir de changement par la politique», explique une manifestante place de la République à Paris. Le rejet de la classe politique et la volonté de se réapproprier la politique en occupant l'espace publique fédèrent ces milliers de personnes. Ils participent à ces rassemblements à travers toute la France, avec un slogan : «Rêve général».
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Les idées se confrontent à travers les multiples assemblées générales organisées. Progressivement, les différents mouvements s'organisent, des commissions sont créées pour gérer l'espace, la nourriture, la sécurité et les différentes activités.
Qui contrôle le mouvement ?
Bien que le cri de ralliement ait été lancé par le mouvement «Convergence des luttes», le mouvement se veut non-organisé et indépendant des partis politiques, même si certaines formations lorgnent sur ces mobilisations.
Le porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste Olivier Besancenot, et celui d'Europe Ecologie-Les Verts Julien Bayou sont présents presque tous les soirs Place de la République à Paris. Le secrétaire national du Parti communiste Pierre Laurent y a fait un tour le week-end dernier, de même que le candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon. Même le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis est discrètement passé place de la République.
Des figures comme le sociologue et économiste Frédéric Lordon, qui a pris plusieurs fois la parole place de la République, apparaissent particulièrement écoutés par les manifestants dont le gros des troupes semblent être des étudiants. Des jeunes en attente de changement, parfois des moins jeunes et même des retraités tentent de faire boule de neige pour apporter le changement tant attendu, avec un mot d'ordre, qui semble pour l'instant difficilement respecté : «la convergence des luttes».