Le casse-tête du dossier calédonien pour l'exécutif français
© Getty ImagesLa consultation anticipée de 2026 sur l’accord de Bougival divise profondément élus locaux et forces politiques nationales. Le FLNKS rejette l’accord et le projet constitutionnel est bloqué faute de majorité. Les discussions pour réviser Bougival stagnent, et l’État promet qu’aucune décision ne sera imposée.
En déclarant que l’avis favorable du Congrès de la Nouvelle-Calédonie était « fragmenté », la ministre des Outre-mer Naïma Moutchou a admis, le 10 décembre, l’extrême fragilité politique et juridique du projet de consultation anticipée prévue le 15 mars 2026, en même temps que les municipales.
Destinée à conforter l’accord de Bougival signé en juillet entre indépendantistes et non-indépendantistes, cette consultation peine à trouver sa légitimité : contestée à Nouméa comme à Paris, critiquée par les socialistes, les centristes et plusieurs formations locales, elle s’inscrit dans un paysage institutionnel profondément divisé.
Des Calédoniens divisés
Le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) rejette l’accord de Bougival et certains signataires demandent de lourds amendements. Quant au projet de loi constitutionnelle censé le sceller fin 2025, il semble désormais hors de portée faute de majorité. Le vote du Congrès le 8 décembre a confirmé l’enlisement : 19 élus de droite se sont prononcés pour la consultation, 14 contre et 19 se sont abstenus, illustrant les lignes de fracture au sein du territoire.
Sur le terrain, les positions s’entrechoquent également. L’Association des maires de Nouvelle-Calédonie, à majorité indépendantiste, s'est opposée à une consultation couplée aux municipales ; à l’inverse, l’Association française des maires de Nouvelle-Calédonie, non indépendantiste, y est favorable. Pendant ce temps, les discussions pour compléter ou réviser l’accord de Bougival n’avancent pas : la mission des trois experts envoyés début décembre s’est soldée par un échec.
La ministre rappelle que l’État ne « décidera pas à la place » des Calédoniens et qu’aucune solution ne sera imposée. L’objectif reste d’ouvrir un chemin consensuel, mais la voie est étroite et encore très incertaine.